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Objet d'étude :
Écriture poétique et quête du sens
(du Moyen Âge à nos jours)

Problématique : La poésie n'est-elle qu'un « art combinatoire » ?



Ce que vous devez savoir :

Préalable - Principes - Courants - Dadaisme - Formes fixes (sonnet) - Jeux littéraires

Préalable...

Questions à vous poser :
Quelle conception de la poésie est avancée dans le corpus qui suit ?
Quel est le « travail » du poète ?
(forme, sens, rythme…)
Qu’est la poésie en prose ? Musique / chanson et poésie ?
Quelle différence entre la strophe et le paragraphe ?
(aposiopèse…)
Quels poètes pouvez-vous citer ?
(du XVIe siècle à nos jours…)
Quelle est la fonction de la poésie ?
(Cocteau : « Voilà le rôle de la poésie : elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. »
Léo Ferré : la poésie « ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche. » Préface)

Les principes de la poésie :

Manier savamment une langue c'est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire.
Baudelaire (in Art romantique - 1869)

Qu’est-ce qu’une « image » en poésie ?

Flèche

  • L’image mentale : évocation personnelle
    « Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
    Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
     »
    (Apollinaire, « Automne », Alcools XXX )
  • L’image littéraire : travail sur la langue, procédés
    Du thème au phore (du comparé au comparant) : du sens propre au second sens (sens suggéré)
    « J’écris dans un pays que les bouchers écorchent
    Et dont je vois les nerfs les entrailles et les os
     »
    (Aragon, « Les étoiles », 1943)
  • L’image endormie ou éteinte (le cliché) : aucune autre évocation que son thème ; une simple illustration, trop souvent répétée et donc usée souvent
    « Le gouvernement doit remettre les pendules à l'heure » ; « Un bras de fer est engagé entre... »
    « Prenez une feuille de papier » ; « ...une voix d’or… »
  • L’image réveillée ou rhabillée (ou cliché rajeuni) :
    Du cliché journalistique (« le ministre a dû revoir sa copie ») à la tournure poétique :
    « feuille de papier tombée à l’automne » ; « sous le soleil de sa voix dorée »
  • L’image neuve (par télescopage) : elle échappe à l’usage et vient nous surprendre en éveillant un second sens.
    « Clown, abattant dans la risée, dans le grotesque, dans l'esclaffement, le sens que contre toute lumière je m'étais fait de mon importance. »
    (Michaux, « Clown », L’espace du dedans, 1944)
  • L’image incohérente (ou choc de deux clichés) :
    « Cette averse est un feu de paille »
    (Éluard),
    « Ces Dieux qui dans mon sang ont allumé le feu fatal à tout mon sang »
    (Racine, Phèdre, vers 679 - 680)
  • « L’image surréelle » selon Breton : l’expression « recèle une dose énorme de contradictions apparentes »
    « La terre est bleue comme une orange
    […]
    L'aube se passe autour du cou
    […]
    Œil de sourd
    Faites mon portait.
     »
    (Éluard, « L’Amour la poésie », 1929)
    « Les voiles de ma poitrine se gonfle d'un parfum de guitare »
    (Mathieu Lippé, « Poème », 2004)
  • Attention aux brassages ridicules : trop d'images tue l'image...
    On mêle des métaphores inadéquates en ayant recours à des clichés issus de thèmes éloignés (très journaleux) :
    « Crise oblige, les milieux autorisés augurent qu'après le sprint final des élections, une tempête financière nous guette... »
    ...Malgré les métaphores, nous sommes loin de l'image poétique...

La représentation des courants littéraires ?

Flèche

Ils ne sont pas que poétiques… Mais voici par ordre chronologique :
Amour courtois (fin’amor), Troubadour, Trouvère, Renaissance, Humanisme, Pléiade, Baroque, Classicisme, Honnête homme, Préciosité, Burlesque, Lumières, Encyclopédiste, Modernité, Romantisme, Art pour l’art, Parnasse, Réalisme, Naturalisme, Symbolisme, Impressionnisme, Expressionnisme, Décadents, Dadaïsme, Surréalisme, Engagement, Négritude, Nouveau Roman, Absurde, Steampunk...…

La poésie dadaiste (et l'écriture aléatoire?)

Tristan Tzara (in l’une après l’autre:
« Pour faire un poème dadaiste »
Prenez un journal.
Prenez des ciseaux.
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l’article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre.
Copiez consciencieusement dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà « un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire. »

(centre pompidou pour essayer)

Quelques formes fixes ?

  • Alba (l'aube) : formes fixées au XIIe, poésie des Troubadours
    Thème : un mélodrame de l'amour adultère.
    Acteurs, trois personnages :
    deux amants illégitimes (absents physiquement mais que l'on suppose ensemble dans une chambre voisine)
    l'ami guetteur qui les protège et les exhorte à se séparer avant que le jaloux (mari ou autre) ne les surprenne.
    Forme : c'est le guetteur qui parle.
    Ce guetteur adresse une prière angoissée quand il voit arriver l'aube et le retour du mari, alors que les deux amants ont oublié que le temps passe.
  • Acrostiche : ''Poème ou strophe où les initiales de chaque vers, lues dans le sens vertical, composent un nom (auteur, dédicataire) ou un mot-clé'' (Le Robert). Il s'agit donc d'un jeu formel.
    (Apollinaire (« Maria »)
    Mon aimée adorée avant que je m'en aille
    Avant que notre amour triste défaille
    Râle et meure ô m'amie une fois
    Il faut nous promener tous les deux seuls dans les bois
    Alors je m'en irai plus heureux que les rois.
  • Ballade (XIVe et XVe siècles)
    Forme : ''Petit poème de forme régulière, composé de trois couplets ou plus, avec un refrain et un envoi.'' (Le Robert)
    Selon son étymologie : forme pour danser de 28 vers
    - Trois strophes composées de huitains ou de dizains (en octosyllabes ou décasyllabes), plus une demi strophe (l’envoi) à projet de dédicace.
    - Chaque strophe se termine par un même vers (refrain) intégré à l’ensemble de la strophe (abba)
    - le jeu de trois rimes s’enchaîne sur un système ababbcbc, bcbc ( pour l’ envoi).
    - les vers sont des octosyllabes.
  • Blason (Moyen-âge, puis XIXe siècle)
    Thème : ''Poésie décrivant de manière détaillée, sur le mode de l'éloge ou de la satire, les caractères et qualités (d'un être ou d'un objet).'' (Le Robert)
    (« Le Sourcil » - Maurice Scève, 1536)
    [...] Ô sourcil brun, sous tes noires ténèbres
    J'ensevelis en désirs trop funèbres
    Ma liberté et ma dolente vie,
    Qui doucement par toi me fut ravie.
  • Canso  : formes fixées au XIIe, poésie des Troubadours
    Thème : la canso est une chanson d'amour.
    Une déclaration d'amour du troubadour à sa dame. Amour souvent secret, contrarié par une impossibilité : le plus souvent la dame est déjà mariée ou déjà prise. C'est dans ces poèmes que le troubadour dévoile ce qui le rend digne d'être aimé à la place de l'autre.
    Acteurs : le troubadour s'adresse directement à sa dame...
    Forme : une chanson d'amour.
  • Complainte (Moyen-âge)
    Thème : ''Chanson populaire d'un ton plaintif, dont le sujet est en général tragique ou pieux.'' (Le Robert)
    Forme : Selon son étymologie : chanson à nombreux couplets ayant pour thème les malheurs d’un personnage public
    - nombreuses strophes
    - une rime est souvent très dominante dans un autre jeu de rimes variées.
    La « Complainte du Juif errant » - Paul Boiteau Légendes pour les enfants 1857 - est un apologue avec le projet déclaré de tracer ''une intéressante histoire de l’humanité moderne''
    Est-il rien sur la terre
    Qui soit plus surprenant
    Que la grande misère

    Du pauvre Juif Errant ?
    Que son sort malheureux
    Paraît triste et fâcheux !
  • Épithalame (Grèce antique, Moyen-âge)
    Thème : ''Poème composé à l'occasion d'un mariage, en l'honneur des nouveaux mariés'' (Le Robert), souvent écrit sur des thèmes érotiques...
    (Sappho - VIIe siècle av.JC - pour être chanté par les jeunes filles de son école - citation WikiPédia)
    Allons, charpentiers, relevez la poutre du toit
    Ô Hyménée !
    Car voici qu'entre dans la maison nuptiale un fiancé égal à Arès ;
    Non, pas égal à un dieu, mais bien plus grand qu'un homme de grande taille,
    Ô Hyménée !
    S'élevant au-dessus des autres comme l'aède Lesbien parmi les concurrents étrangers.
  • Lo jòc partit, lo Tenso  : formes fixées au XIIe, poésie des Troubadours
    Thème : une joute oratoire entre deux ou plusieurs Troubadours.
    On peut y aborder tous les sujets. On peut imaginer qu'une telle joute pouvait être soit amicale, soit conflictuelle. Improvisée ou non.
    Acteurs : un des troubadours questionne l'autre et lui demande son avis. Ce dernier répond à son tour pour donner le sien...
    Forme : c'est peut être l'ancêtre d'un rap à deux voix.
  • Rondeau (Moyen-âge, puis XIXe siècle)
    Forme : ''Poème à forme fixe du moyen âge, de 13 ou 14 vers (de 8 ou 10 syllabes) en 3 strophes sur 2 rimes, où les deux premiers vers sont répétés deux fois chacun.'' (Le Robert)
    Selon son étymologie : forme qui tourne en rond :
    - forme brève de quinze, treize ou douze vers sur seulement deux rimes.
    - le premier vers est repris sous forme de refrain à la fin des deuxième et troisième strophes.
    - les rimes sont soit abba abaa bbaa, soit cdcd dccd cdcc.
    - les vers sont des octosyllabes.
  • Sirventès (un texte de registre polémique) : formes fixées au XIIe, poésie des Troubadours
    Thème : le Sirventès est un poème dans lequel on peut tout aborder : la politique, la morale, les problèmes du temps... On n'y parle pas d'amour.
    Acteurs : un personnage parle. Le Sirventès est souvent violent : il argumente, critique, dénonce, attaque...
    Forme : il pourrait se comparer, de nos jours, au texte d'un journaliste d'opinion.
  • Sonnet (en Italie dès le XIVe siècle, depuis le XVIe en France)
    Thème : poème souvent amoureux (pétrarquisme) répondant obligatoirement à différentes contraintes formelles
    Forme (fixe) : un exercice de style dont il faut respecter la forme, mais aussi un jeu de règles (à enfreindre dans un souci d'originalité).
    - 14 vers visuellement composés de deux quatrains et deux tercets.
        mais, pour le sens 14 vers composés d'un huitain et d'un sizain.
    - quatre strophes donc, avec un système de rimes défini : (octosyllabes) décasyllabes ou alexandrins  et organisé selon deux modèles fréquents :
        * système de rimes pour le sonnet dit « classique » : les quatrains : abba, abba ; pour les tercets : ccd, ede
        (rimes embrassées pour les quatrains, suivies de deux rimes plates (ou "suivies" qui forment un distique), puis de quatre rimes croisées pour les tercets
        * système de rimes pour le sonnet dit « français » : les quatrains abba, abba ; pour les tercets : ccd, eed
        (rimes embrassées pour les quatrains, suivies de deux rimes plates (ou rimes "suivies" qui forment un distique), puis de quatre rimes embrassées pour les tercets, avec, en plus, une alternance de rimes masculines et féminines.
    - Deux thèmes se développent (un dans les quatrains, un autre dans les tercets) pour préparer et aboutir à une chute commune (« la pointe ») : dernier vers du dernier tercet
    - à tout cela s'ajoute, comme pour tout poème, un travail sur les échos sonores (allitération, assonance, anaphore paronomase...) et un ensemble de tropes et phores (vus ci-dessus)
  • Triolet (Moyen-âge)
    Thème : les malheurs d’un personnage public
    Forme : ''poème à forme fixe, de huit vers sur deux rimes, dont le premier, le quatrième et le septième sont semblables'' (Le Robert)
    - de nombreuses strophes
    - une rime est souvent très dominante dans un autre jeu de rimes variées.
    (Théodore de Banville XIXe siècle)
    Monsieur le comte de Tallard
    Sait bien le parti qu'il faut prendre :
    Il est vaillant comme un César,
    Monsieur le comte de Tallard.
    Mais s'il est battu par hasard,
    S'il faut périr ou bien se rendre,
    Monsieur le comte de Tallard
    Sait bien le parti qu'il faut prendre.

Jeux littéraires ?

Holorimes :

Le vers holorime (du grec "holos", "Tout entier") est un esemble de deux vers différents où tout est rime...
Gal, amant de la Reine, alla - tour magnanime -
Galamment de l'arène à la tour Magne, à Nimes.
      V. Hugo.

 

Terine définition :

Pour composer une terine
Il faut d’abord choisir trois mots
Que l’on placera pour qu’ils riment.

Ce ne sont point les sons qui riment
Quand on compose une terine
Ce qui rime ce sont les mots.

Il faut faire tourner ces mots
Dans l’ordre où ici ils riment
C’est à ce prix qu’est la terine.

      Paul Fournel

 

Sonnet palimdrome :

Être venu damer Icare
Sut rêvasser brade le ça
Ne trépane Isou de l'Avare
Ni plane race ni missa

Purcell itéré bon martèle
N'imagine d'ému sermon
Nos San-A ça va Béru pèle
L'épuré bava canasson

Nom résumé déni gamine
Le tram n'obère-t-il l'écru
Pas si miné car en Alpine

Ravalé duo sien à perte
N'a celé d'arbres sa vertu
Sera cire ma dune verte

      Robert Rapilly ( Suivre ce lien)

 
(Quelques autres jeux littéraires)

Bibliographie :

Gradus, les procédés littéraires (B. Dupriez, éd. 10/18)
Livre et clic (Hatier)

Webographie :

C.I.P. Marseille (centre international de poésie Marseille)
Éditions de la cabane (Jérémy Taleyson)
cahiers égarés
Paul Éluard
Mathieu Lippe.com/
accents-poetiques
Grand Corps Malade
Brest Écoles
Stephane Bataillon (format pdf)

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