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Objet d'étude :
La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation
(du XVIe à nos jours)

Problématique : « Dans quelle mesure dystopie et SF, argumentent au service d'une vision de l'homme et du monde... »



Les langues de bois :

I - Définitions.

Les langues de bois se cachent derrière des modes langagières qui ont toutes insidieusement le même projet : piéger, sans en avoir l'air, celui qui écoute, parce qu'elles veulent "faire passer" : excuser l'inexcusable, défendre l'indéfendable, banaliser le révoltant...
Elles se déclinent aujourd'hui sous différentes habitudes (médiatiques) : la langue de bois historique (totalitarisme), la langue de bois d'aujourd'hui (fourre-tout), le politiquement correct (euphémisation), le parler vrai (affiché a contrario), le parler de proximité (démagogie)...

 

- La Langue de bois (fourre-tout) :

La langue de bois porte l'auto-censure, elle est mensonge, elle sert à "habiller la réalité avec des mots qui rendent la réalité plus acceptable" (Christian Delporte).
"La langue de bois (appelée parfois humoristiquement xyloglossie, du grec xylon "bois" et glossos "langue") est une figure de rhétorique consistant à détourner la réalité par les mots." (Wikipédia)
("langue de béton" en Allemagne, "langue de plomb" en Chine, "novlang" chez Orwell)
Dans son usage "social", elle n'est (malheureusement !) pas sensée être humoristique mais... argumentative :
"C'est une forme d'expression qui, notamment en matière politique, sert à dissimuler un manque d'informations précises sur un événement ou un projet, en proclamant des banalités soit abstraites et pompeuses, soit en jouant sur les sentiments ou les peurs plus que sur les faits." (Wikipédia). En définitive, la langue de bois manipule du vide en laissant croire que le locuteur manipule des concepts !

- Le Parler vrai :
Très à la mode aujourd'hui (marque de fabrique sarkosiste aux élections de 2007 et largement réexploitée depuis) le "parler vrai" se cache derrière des formules très simples, des mots de tous les jours, des "paroles de proximité" (C. Delporte) afin d'être entendu et de créer un consensus. Il utilise en accroche des expressions qui ont fondamentalement notre agrément, voire un "parler populaire" (plus ou moins fautif) qui banalise le sens et endort l'esprit critique grâce à ses accents de sincérité :
"sincèrement", "honnêtement", "naturellement", "je n'utiliserai pas la langue de bois", "casse-toi"...

- Le Politiquement correct :
Il utilise des expressions qui ont fondamentalement du sens, mais celui-ci se perd dans la répétiton de la formule et ainsi tue la liberté de parole ; c'est la langue de bois démocratique : "croissance négative", "moraliser le capitalisme", "demadeur d'emplois", "ouverture à la concurrence", "capital humain, "chaque région gagnée constituera une victoire" (Xavier Bertrand - 12/2009)... 

 

Les langues de bois répondent aussi à la nécessité d'occuper l'espace médiatique : dans cette obligation de parler (exigence démocratique), la langue de bois sert à se protéger en énonçant un discours consensuel, non contradictoire : on entend "des phrases répétées en amont" puis données aux médias afin d'entendre la voix unique de l'entente nécessaire du "parti" qui la véhicule. Mais, elle peut encore être utilisée pour manipuler un auditoire (démagogie) en parlant pour ne rien dire tout en faisant croire à une maîtrise du sujet, ou diplomatiquement, servir à adoucir des propos (euphémisation, langue de coton)...
Dangereuse, elle peut, sans en avoir l'air, imposer une idéologie (novlangue, sovietlangue ou "langue de chêne") par un choix rigoureux des mots et en affirmant surtout un "parler vrai". Elle sert à masquer la réalité par une parole unique afin de prendre possession du cerveau de l'auditoire, comme dans un slogan publicitaire. Elle sert à forger une pensée, à unifier et ménager l'opinion publique en passant par le chemin du consensuel, le facile à penser, le "prêt à penser".
La langue de bois semble poser le fait qu'il existerait, en contre-partie, une "langue authentique". Mais est-ce si simple ?

Si l'on veut "réduire en copeaux" (Th. Legrand) la langue de bois avec un interlocuteur xyloglotte, la tâche ne va pas être facile : cela impose d'entrer dans un débat chronophage et... xyloglossesque.
Internet (et ce que l'on appelle les "réseaux sociaux ") par cette fantastique mémoire crée une "tyrannie de la cohérence" et tend heureusement à interdire le "mensonge politicien" trop fréquent.

II - Grammaire de la langue de bois (conception) :

"C'est un plan qui doit faire toute leur place à nos grands aînés, on se doit de répondre au défit du vieillissement. Je n'oublie pas non plus les jeunes mères qui ont fait le choix de travailler..." (Gérard Larcher cité par Martine Chosson, ouvrage cité p. 127)

  • Un exemple simple en guise d'illustration (les ingrédients fonctionnels) :
    - Appellatif - "Madame, Monsieur, (accroche)
    - Principale énonciative - "je vous affirme, en toute sincérité," (prédication, modalisation)
    - Subordination - "que l'explicitation fonctionnelle de la langue de bois ne devrait pas" (thématique)
    + complétive infinitive - "manquer d'aboutir à " (projet fictif : savonnage 1)
    + objet de l'infinitif - "la réalisation d'un parler authentique." (projet fictif : savonnage 2)
  • Pour faire accroire, étoffons notre xylogorrhée en ajoutant encore des expansions à l'aide de qualificatifs vides, de relatives creuses, de compléments (de nom ou d'adjectif) figés, de formes passives, de formules verbales incantatoires mais vagues, d'euphémismes grandioses et autres oxymorons évocateurs...
    Avec 10 propositions différentes pour ces 5 catégories on obtiendrait 105 phrases... vides de sens, mais qui peuvent (malheureusemnt) faire illusion.
  • Comprenons, à chaque principale(au nombre de 51) on peut faire correspondre 51 appellatifs différents, il y a donc 51 2 soit 2.601 combinaisons différentes ; en y joignant la subordination il y aura donc51 3 soit 132.651 possibilités...
    Pour imiter R. Queneau (préface de Cent mille milliards de poèmes) dans son calcul, « en comptant 30 secondes pour lire une combinaison à raison de 8 heures par jour, 200 jours par an, on a pour environ 18 siècles de lecture » inutile... et de discours politiques pas plus utiles.
  • CQFD, frimons, esbroufons, donnons notre avis sur tout et rien ou « affirmons pour ne rien dire » 51 5 fois dans l'exemple ci-dessous (345.025.251 possibles) :
    - ceci change à chaque rafraîchissement de la page -
    Principale énonciative Appellatif Subordination (noyau) : complétive infinitive objet de l’infinitif

    Vous assurant de mon soutien et de mon entier dévouement, je vous prie de croire,

    vous qui partagez nos convictions inébranlables,

    que nous sommes au bord du précipice. Et que nous le ferons ce pas en avant, pour

    définir en toute honnêteté les forces et

    les avancées probantes de notre action résolue.

    Et vous y croyez vous ? ''Regardez comme on vous parle...''
    Ajoutons un second paragraphe et nous aurons un discours sur 51 10 (119.042.423.827.613.000 possibles)

    III - Webographie :

    (Liens internes)

    xylogorrhée (Ph. Misandeau, 51 10 soit : 119.042.423.827.613.000 possibles)

    (Liens externes)


    Imposer l'idéologie par le choix des mots (article de F.B. Huyghe)
    défense et illustration de la langue xyloglotte (abcdaire de néologismes pratiques)
    Le générateur officiel de langue de bois (jeux Littéraire ?)
    Générer un discours en langue de bois (méthodologie)
    En pédagogie Langue de bois à l'école... (Jean Eudes Gadenne)
    Application... et analyse du processus

    IV - Bibliographie :

    - Les Langues de bois collectif (Hermès, CNRS éditions, n° 58, déc. 2010)
    - Une histoire de la Langue de bois - De Lénine à Sarkozy, Christian Delporte (Édition Flammarion - 2009)
    - Parlez-vous la langue de bois, Martine Chosson (Édition Points - Le goût des mots - 2007)

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