Objet d'étude :
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Préalable - Les sources - Le manifeste oulipien - Le onzième poème
Il existe un « pacte » de Lecture / Écriture, plus ou moins implicite,
en amont de la découverte d'un texte oulipien selon que le lecteur sait ou non à quel genre de texte il a affaire.
Un jeu de postures existent alors :
- « Premièrement, tout lecteur averti sait qu'un texte oulipien se fonde sur une contrainte,
ou une combinaison de plusieurs contraintes.
Il peut alors lire le texte d'au moins deux façons différentes soit en essayant de déceler la contrainte,
si elle est implicite ou invisible, soit en construisant mentalement un métatexte qui n'aurait d'autre fonction que celle de "vérifier"
pour soi que la contrainte est bien à l'œuvre, ou, disons, "rentable", si elle est explicite, ou franchement visible, voire, ostensible.
- Deuxièmement, un lecteur "naïf" (par opposition à "averti") aura tendance à lire le texte pour lui-même,
sans chercher à mettre à jour son procédé de fabrication.
Mais il est tout à fait possible qu'une lecture assidue de la part de ce lecteur "naïf"
(qui l'est donc déjà moins) lui fasse mettre à jour, au moins partiellement, la contrainte de base du texte. »
(Poétique de l'Oulipo Marc Lapprand ; éd. Rodopi 2004)
(capsule)
Les mathématiciens, le Baroque, les Précieux, Diderot (fin de Jacques le fataliste et son maître), les Incoyables et Meveilleuses, Novalis, Pœ, Mallarmé (« Toute pensée émet un coup de dés »), Jarry...
Si dieu est mort, tout devient aléatoire !
Les deux fondateurs du groupe Oulipo (en 1960) sont François Le Lionnais et Raymond Queneau.
Les oulipiens selon Queneau (1961) sont « des rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ».
Si la littérature oulipienne a pour projet initial de proposer de nouveaux outils pour une nouvelle production littéraire et non de "faire œuvre",
aujourd'hui, ces travaux font entièrement partie de la littérature : on peut parler de "courant (ou mouvement) oulipien" comme on parle du "courant surréaliste".
Le texte oulipien invite à une « lecture jeu »
(« Lecture jubilatoire, débridée, relâchée, hors-contrainte. Lecture jeu et lecture-jouissance à la fois. » - ML)
« L'anoulipisme
peut être vu comme une sorte de "recyclage" de Pétrarque, Boileau, Racine, ou La Fontaine.
L'Oulipo reconnaît là une paternité de fait,
et se penche sérieusement sur tous les textes antérieurs [...] dont les procédés de composition obéissaient à des règles qui eussent pu être les leurs :
ce sont les "plagiats par anticipation".
Mallarmé lui-même s'était déjà intéressé de près à la possibilité combinatoire du langage,
en prêtant à son projet de "Livre" une dynamique fondée sur la mobilité des feuillets et la disposition typographique des mots.
C'est dans cet esprit qu'il avait conçu le "Coup de dés",
[à voir sur poètes.com]
où s'intègrent à la poésie les domaines mathématiques, de l'arithmétique et de la géométrie. »
(Poétique de l'Oulipo Marc Lapprand ; éd. Rodopi 2004)
(Voir Meschinot)
Contre la dictature de l'imaginaire, "l'inspiration" d'un oulipien n'est pas à mettre au même rang que l'inspiration des auteurs du XIXe siècle :
la fiction oulipienne se construit à partir d'une imagination de la contrainte à mettre en œuvre,
puis de variations volontaires (le clinamen ) à « mettre en machine textuelle » (ML)
tout en respectant ces cinq lignes directrices :
- « La combinatoire est le degré-zéro de toute création oulipienne.
Elle est la base même de la potentialité, et fonctionne à chaque niveau du langage, de la lettre à la phrase, du paragraphe au
[chapitre, du chapitre au] roman.
Elle se prévaut presque toujours d'une règle mathématique, pour fonder un algorithme de complexité variable.
- La liberté est une condition nécessaire à la création oulipienne ;
elle garantit que chaque aspect du fonctionnement de la langue sera considéré, sans jugement a priori,
et surtout elle autorise une grande latitude dans la découverte et la mise au point d'une contrainte, avec adoption d'un
clinamen le cas échéant. [...]
Queneau avait déjà suggéré que l'écriture est obligatoirement contraignante, à quelque niveau que ce fût, mais en d'autres termes.
- L'optimisation est un autre critère validant la création oulipienne.
Les formes dont le rendement est nul doivent être rejetées. [...]
Cela relie directement l'optimisation à l'attrait manifeste de l'Oulipo pour la saturation, la condensation, et les records.
- L'anoulipisme
concerne une étape obligée de l'Oulipo.
L'histoire littéraire a connu depuis l'Antiquité des écrivains et des poètes qui se sont ingéniés à manipuler la langue
de sorte à en faire jaillir ses dimensions ludiques latentes.
C'était déjà la considérer dans sa charge potentielle. [...] L'Oulipo s'intéresse également à tout texte porteur d'une contrainte, même à l'état de germe.
Le vers classique étant une écriture relativement contraignante, on ne sera pas surpris que de nombreux oulipiens en aient fait un champ d'investigations de choix.
- Le
synthoulipisme est la quintessence oulipienne.
Il résulte de la synthèse de tous les éléments précédents [...].
C'est le synthoulipisme qui fait naître la forme oulipienne la plus aboutie, la plus pure, et aussi la plus autonome. »
(Poétique de l'Oulipo Marc Lapprand ; éd. Rodopi 2004)
Réaliser le onzième poème afin d'obtenir 1114 sonnets (soit plus de 280 mille milliards de sonnets !)
nécessite de suivre les règles imposées par Queneau dans son "Mode d'emploi"
Avant même de choisir sa thématique (une autre "invitation au voyage" selon Pestureau)
il est peut-être bon de chercher le vocabulaire dont on peut disposer en éliminant les rimes déjà utilisées par Queneau :
la thématique peut en découler...
(table du vocabulaire)
Gradus, les procédés littéraires (B. Dupriez, éd. 10/18)
Poétique de l'Oulipo (Marc Lapprand, éditions Rodopi, 2004)
Le Nombre et la Sirène (Quentin Meillassoux, éditions Fayard, 2010)
classes.bnf.fr
wikipedia (Présentation)
oulipo.net/
oulipo.net/contraintes
Mallarmé Coup de dés