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Objet d'étude :
Un Mouvement littéraire et culturel européen
(du XVIe au XVIIIe)

Problématique : Du libertinage à la philosophie, comment promouvoir une liberté de penser ?


I - Plan de travail : rappel du corpus

Étude d'une oeuvre intégraleParcours Prolongements
lectures complémentaires
Iconographie
études complémentaires
Prolongements
études complémentaires
Les Liaisons dangereuses
Lettre VI (ext.)
Point de lendemain (Vivant Denon)
La Chercheuse de Puce (Crespi)
''Qu'est-ce que les Lumières'' (Kant)
(Choderlos de Laclos)
Lettre LXXI (ext.)
Thérèse philosophe
(d'Argens, incipit)
Les Hasards heureux... (Fragonard)
Dom J. II-2 paysannes
au siècle des Lumières
Lettre XCVIII
Contes
(La Fontaine, ''Le mari confesseur'')
La Leçon de musique (Fragonard)
Dom Juan I-2 : l'inconstance
 
Lettre CLXXV
 
Le colin maillard (Fragonard 1770)
OI, Point de lendemain (V. Denon)
 
 ...
 
La balançoire
(Lancret vers 1740
Les Confessions du Comte de *** (Duclos)

II- Analyse des 6 textes :

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Texte 1 : Dom Juan, 1665

Lecture analytique

Molière
(1622 - 1673)

DOM JUAN (apercevant Charlotte). --> ravissement où je suis....


Acte II Scène 2.- DOM JUAN, SGANARELLE, CHARLOTTE.


DOM JUAN (apercevant Charlotte). - Ah ! ah ! d'où sort cette autre paysanne, Sganarelle ? As-tu rien vu de plus joli ? et ne trouves-tu pas. dis-moi, que celle-ci vaut bien l'autre ?
SGANARELLE. - Assurément. Autre pièce nouvelle.
DOM JUAN. - D'où me vient, la belle, une rencontre si agréable ? Quoi ? dans ces lieux champêtres, parmi ces arbres et ces rochers, on trouve des personnes faites comme vous êtes ?
CHARLOTTE. - Vous voyez, Monsieur.
DOM JUAN. - Êtes-vous de ce village ?
CHARLOTTE. - Oui, Monsieur.
DOM JUAN. - Et vous y demeurez ?
CHARLOTTE. - Oui, Monsieur.
DOM JUAN. - Vous vous appelez ?
CHARLOTTE. - Charlotte, pour vous servir.
DOM JUAN. - Ah ! la belle personne, et que ses yeux sont pénétrants !
CHARLOTTE. - Monsieur, vous me rendez toute honteuse.
DOM JUAN. - Ah ! n'ayez point de honte d'entendre dire vos vérités. Sganarelle, qu'en dis-tu ? Peut-on rien voir de plus agréable ? Tournez-vous un peu, s'il vous plaît. Ah ! que cette taille est jolie ! Haussez un peu la tête, de grâce. Ah ! que ce visage est mignon ! Ouvrez vos yeux entièrement. Ah ! qu'ils sont beaux ! Que je voie un peu vos dents, je vous prie. Ah ! qu'elles sont amoureuses, et ces lèvres appétissantes ! Pour moi, je suis ravi, et je n'ai jamais vu une si charmante personne.
CHARLOTTE. - Monsieur, cela vous plaît à dire, et je ne sais pas si c'est pour vous railler de moi.
DOM JUAN. - Moi, me railler de vous ? Dieu m'en garde ! Je vous aime trop pour cela, et c'est du fond du cœur que je vous parle.
CHARLOTTE. - - Je vous suis bien obligée, si ça est.
DOM JUAN. - Point du tout ; vous ne m'êtes point obligée de tout ce que je dis, et ce n'est qu'à votre beauté que vous en êtes redevable.
CHARLOTTE. - Monsieur, tout ça est trop bien dit pour moi, et je n'ai pas d'esprit pour vous répondre.
DOM JUAN. - Sganarelle, regarde un peu ses mains.
CHARLOTTE. - Fi ! Monsieur, elles sont noires comme je ne sais quoi.
DOM JUAN. - Ha ! que dites-vous là ? Elles sont les plus belles du monde ; souffrez que je les baise, je vous prie.
CHARLOTTE. - Monsieur, c'est trop d'honneur que vous me faites, et si j'avais su ça tantôt, je n'aurais pas manqué de les laver avec du son.
DOM JUAN. - Et dites-moi un peu, belle Charlotte, vous n'êtes pas mariée sans doute ?
CHARLOTTE. - Non. monsieur ; mais je dois bientôt l'être avec Piarrot, le fils de la voisine Simonette.
DOM JUAN. - Quoi ? une personne comme vous serait la femme d'un simple paysan ! Non, non : c'est profaner tant de beautés, et vous n'êtes pas née pour demeurer dans un village. Vous méritez sans doute une meilleure fortune, et le Ciel, qui le connaît bien, m'a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage, et rendre justice à vos charmes ; car enfin, belle Charlotte, je vous aime de tout mon cœur, et il ne tiendra qu'à vous que je vous arrache de ce misérable lieu, et ne vous mette dans l'état où vous méritez d'être. Cet amour est bien prompt sans doute ; mais quoi ? c'est un effet, Charlotte, de votre grande beauté, et l'on vous aime autant en un quart d'heure qu'on ferait une autre en six mois.
CHARLOTTE. - Aussi vrai, Monsieur, je ne sais comment faire quand vous parlez. Ce que vous dites me fait aise, et j'aurais toutes les envies du monde de vous croire ; mais on m'a toujou dit qu'il ne faut jamais croire les monsieux, et que vous autres courtisans êtes des enjoleus, qui ne songez qu'à abuser les filles.
DOM JUAN. - Je ne suis pas de ces gens-là.
SGANARELLE. - Il n'a garde.
CHARLOTTE. - Voyez-vous, Monsieur, il n'y a pas plaisir à se laisser abuser. Je suis une pauvre paysanne ; mais j'ai l'honneur en recommandation, et j'aimerais mieux me voir morte que de me voir déshonorée.
DOM JUAN. - Moi, j'aurais l'âme assez méchante pour abuser une personne comme vous ? Je serais assez lâche pour vous déshonorer ? Non, non : j'ai trop de conscience pour cela. Je vous aime, Charlotte, en tout bien et en tout honneur ; et pour vous montrer que je vous dis vrai, sachez que je n'ai point d'autre dessein que de vous épouser : en voulez-vous un plus grand témoignage ? M'y voilà prêt quand vous voudrez ; et je prends à témoin l'homme que voilà de la parole que je vous donne.
SGANARELLE. - Non, non, ne craignez point : il se mariera avec vous tant que vous voudrez.
DOM JUAN. - Ah ! Charlotte, je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Vous me faites grand tort de juger de moi par les autres ; et s'il y a des fourbes dans le monde, des gens qui ne cherchent qu'à abuser des filles, vous devez me tirer du nombre, et ne pas mettre en doute la sincérité de ma foi. Et puis votre beauté vous assure de tout. Quand on est faite comme vous, on doit être à couvert de toutes ces sortes de crainte ; vous n'avez point l'air, croyez-moi, d'une personne qu'on abuse : et pour moi, je l'avoue, je me percerais le cœur de mille coups, si j'avais eu la moindre pensée de vous trahir.
CHARLOTTE. - Mon Dieu ! je ne sais si vous dites vrai, ou non ; mais vous faites que l'on vous croit.
DOM JUAN. - Lorsque vous me croirez, vous me rendrez justice assurément, et je vous réitère encore la promesse que je vous ai faite. Ne l'acceptez-vous pas, et ne voulez-vous pas consentir à être ma femme ?
CHARLOTTE. - Oui, pourvu que ma tante le veuille.
DOM JUAN. - Touchez donc là, Charlotte, puisque vous le voulez bien de votre part.
CHARLOTTE. - Mais au moins, Monsieur, ne m'allez pas tromper, je vous prie : il y aurait de la conscience à vous, et vous voyez comme j'y vais à la bonne foi.
DOM JUAN. - Comment ? Il semble que vous doutiez encore de ma sincérité ! Voulez-vous que je fasse des serments épouvantables ? Que le Ciel...
CHARLOTTE. - Mon Dieu, ne jurez point, je vous crois.
DOM JUAN. - Donnez-moi donc un petit baiser pour gage de votre parole.
CHARLOTTE. - Oh ! Monsieur, attendez que je soyons mariés, je vous prie ; après ça, je vous baiserai tant que vous voudrez.
DOM JUAN. - Eh bien ! belle Charlotte, je veux tout ce que vous voulez ; abandonnez-moi seulement votre main, et souffrez que, par mille baisers, je lui exprime le ravissement où je suis....




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Étude menée par : 1 S.

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

...Après avoir réchappé à un naufrage...

Art de la séduction : comment DJ s'y prend-il pour séduire Charlotte ?

Ouverture sur ''un échec annonciateur''

Les armes de Charlotte

Nous montrerons ici en quoi cette scène est représentative du donjuanisme.

Un jeu facile ? Portrait de Charlotte

Sincérité de Don Juan dans la mise en scène de Bluwal

Sens des propos de Sganarelle ; que l'auteur critique-t-il ?

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Texte 2 : In Les confessions du Comte de ***, 1734 ?

Lecture cursive

Charles Pinot Duclos
(1704 - 1772)

Pour vous convaincre --> j'acceptai cette qualité.


Incipit du roman


    Pour vous convaincre de ce que j'avance, il m'a pris envie de vous faire le détail des événements et des circonstances particulières qui m'ont détaché du monde ; ce récit sera une confession fidèle des travers et des erreurs de ma jeunesse qui pourra vous servir de leçon. Il est inutile de vous entretenir de ma famille que vous connaissez comme moi, puisque nous sommes parents.
    Étant destiné par ma naissance à vivre à la cour, j'ai été élevé comme tous mes pareils, c'est-à-dire fort mal. Dans mon enfance, on me donna un précepteur pour m'enseigner le latin, qu'il ne m'apprit pas ; quelques années après, on me remit entre les mains d'un gouverneur pour m'instruire de l'usage du monde qu'il ignorait.
    Comme on ne m'avait confié à ces deux inutiles que pour obéir à la mode, la même raison me débarrassa de l'un et de l'autre, d'une façon fort différente. Mon précepteur reçut un soufflet d'une femme de chambre à qui ma mère avait quelques obligations secrètes. La reconnaissance ne l'empêcha pas de faire beaucoup de bruit, elle blâma hautement une telle insolence, elle dit à monsieur l'abbé qu'il ne devait pas y être exposé davantage, et il fut congédié.
    Mon gouverneur fut traité différemment. Il était insinuant, poli, et un peu mon complaisant. Il trouva grâce devant les yeux de la favorite de ma mère ; tout en conduisant mon éducation, il commença par faire un enfant à cette femme de chambre, et finit par l'épouser ; ma mère leur fit un établissement, dont je profitai, car je fus maître de mes actions dans l'âge où un gouverneur serait le plus nécessaire, si cette profession était assez honorée pour qu'il s'en trouvât de bons.
    On va voir par l'usage que je fis bientôt de ma liberté, si je méritais bien d'en jouir. Je fus mis à l'Académie pour faire mes exercices ; lorsque je fus près d'en sortir, une de mes parentes qui avait une espèce d'autorité sur moi vint m'y prendre un jour pour me mener à la campagne, chez une dame de ses amies. J'y fus très bien reçu ; on aime naturellement les jeunes gens, et les femmes aiment à leur procurer l'occasion et la facilité de faire voir leurs sentiments : je me livrai sans peine à leurs questions, ma vivacité leur plut, et m'apercevant que je les amusais par le feu de mes idées, je crus avoir des agréments, et ce fut alors que les premières semences de l'amour-propre se développèrent en moi. Le lendemain, quelques femmes de Paris arrivèrent les unes avec leurs maris, les autres avec leurs amants, et quelques-unes avec tous les deux.
    La marquise de Valcourt, qui n'était plus dans la première jeunesse, mais qui était encore extrêmement aimable, saisit avec vivacité les plaisanteries que l'on faisait sur moi, et sous prétexte de plaire à la maîtresse de la maison qui paraissait s'y intéresser, elle voulait que je fusse toujours avec elle. Bientôt elle me déclara son petit amant ; j'acceptai cette qualité.




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Étude menée par : 1 S.

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Récit de vie qui ''fait vrai''

Art du récit.

Ouverture d'un roman libertin.

Rapprochement avev Valmont ou Don Juan...

 

Eléments vraisemblabilisateurs.

 

 

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Texte 3 : In Les Confessions, 1790 ?

Lecture cursive

Rousseau JJ
(1712 - 1778)

J'étais plus fâché de déplaire --> autant de demoiselles Lambercier.


Episode dit de ''la fessée''


    J'étais plus fâché de déplaire que d'être puni, et le signe du mécontentement m'était plus cruel que la peine afflictive. Il est embarrassant de s'expliquer mieux, mais cependant il le faut. Qu'on changerait de méthode avec la jeunesse, si l'on voyait mieux les effets éloignés de celle qu'on emploie toujours indistinctement, et souvent indiscrète-ment ! La grande leçon qu'on peut tirer d'un exemple aussi commun que funeste me fait résoudre à le donner. Comme Mlle Lambercier avait pour nous l'affection d'une mère, elle en avait aussi l'autorité, et la portait quelquefois jusqu'à nous infliger la punition des enfants quand nous l'avions méritée. Assez longtemps elle s'en tint à la menace, et cette menace d'un châtiment tout nouveau pour moi me semblait très effrayante ; mais après l'exécution, je la trouvai moins terrible à l'épreuve que l'attente ne l'avait été, et ce qu'il y a de plus bizarre est que ce châtiment m'affectionna davantage encore à celle qui me l'avait imposé. Il fallait même toute la vérité de cette affection et toute ma douceur naturelle pour m'empêcher de chercher le retour du même traitement en le méritant ; car j'avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m'avait laissé plus de désir que de crainte de l'éprouver derechef par la même main. Il est vrai que, comme il se mêlait sans doute à cela quelque instinct précoce du sexe, le même châtiment reçu de son frère ne m'eût point du tout paru plaisant. Mais, de l'humeur dont il était, cette substitution n'était guère à craindre, et si je m'abstenais de mériter la correction, c'était uniquement de peur de fâcher Mlle Lambercier ; car tel est en moi l'empire de la bienveillance, et même de celle que les sens ont fait naître, qu'elle leur donna toujours la loi dans mon cœur. Cette récidive, que j'éloignais sans la craindre, arriva sans qu'il y eût de ma faute, c'est-à-dire de ma volonté, et j'en profitai, je puis dire, en sûreté de conscience. Mais cette seconde fois fut aussi la dernière, car Mlle Lambercier, s'étant sans doute aperçue à quelque signe que ce châtiment n'allait pas à son but, déclara qu'elle y renonçait et qu'il la fatiguait trop. Nous avions jusque-là couché dans sa chambre, et même en hiver quelquefois dans son lit. Deux jours après on nous fit coucher dans une autre chambre, et j'eus désormais l'honneur, dont je me serais bien passé, d'être traité par elle en grand garçon.
    Qui croirait que ce châtiment d'enfant, reçu à huit ans par la main d'une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s'ensuivre naturellement ? En même temps que mes sens furent allumés, mes désirs prirent si bien le change, que, bornés à ce que j'avais éprouvé, ils ne s'avisèrent point de chercher autre chose. Avec un sang brûlant de sensualité presque dès ma naissance, je me conservai pur de toute souillure jusqu'à l'âge où les tempéraments les plus froids et les plus tardifs se développent. Tourmenté longtemps sans savoir de quoi, je dévorais d'un œil ardent les belles personnes ; mon imagination me les rappelait sans cesse, uniquement pour les mettre en œuvre à ma mode, et en faire autant de demoiselles Lambercier.




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Étude menée par : 1 S

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

La difficulté de l'aveu compromettant...

Un portrait

Ouverture sur Les Confessions

 

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Texte 4 : In Gargantua, 1534

Lecture cursive

Rabelais
(1483 - 1553)

Gargantua, depuis --> à vent de Mirebalays.


CHAPITRE 25 : DE L'ADOLESCENCE DE GARGANTUA.


    Gargantua, depuis les trois jusques à cinq ans, fut nourry et institué en toute discipline convenente, par le commandement de son père : et celuy temps passa comme les petits enfans du pays, c'est assavoir, à boire, manger et dormir ; à manger, dormir et boire ; à dormir, boire et manger.
    Tousjours se vaultroit par les fanges, se mascaroit le nez, se chaffourroit le visage, aculoit ses souliers, baisloit souvent aux mousches, et couroit voluntiers après les parpaillons, desquelz son père tenoit l'empire. I1 pissoit sus ses souliers, il chioit en sa chemise, il se mouschoit à ses manches, il morvoit dedans sa soupe, et patrouilloit par tout lieu, et beuvoit en sa pantoufle, et se frottoit ordinairement le ventre d'un panier. Ses dents aguisoit d'un sabot, ses mains lavoit de potage, se pignoit d'un goubelet, s'asseoit entre deux selles le cul à terre, se couvroit d'un sac mouillé, beuvoit en mangeant sa soupe, mangeoit sa fouace sans pain, mordoit en riant, rioit en mordant, souvent crachoit au bassin, petoit de gresse, pissoit contre le soleil, se cachoit en l'eau pour la pluye, battoit à froid, songeoit creux, faisoit le succré, escorchoit le renard, disoit la patenostre du cinge, retournoit à ses moutons, tournoit les truies au foin, battoit le chien devant le lion, mettoit la charrette devant les boeufz, se gratoit où ne luy demangeoit point, tiroit les vers du nez, trop embrassoit et peu estraignoit, mangeoit son pain blanc le premier, ferroit les cigalles, se chatouilloit pour se faire rire, se ruoit tres bien en cuisine, faisoit gerbe de feurre aux dieux, faisoit chanter Magnificat à matines et le trouvoit bien à propos, mangeoit choux et chioit pourrée, cognoissoit mousches en laict, faisoit perdre les pieds aux mousches, ratissoit le papier, chaffouroit le parchemin, gaignoit au pied, tiroit au chevrotin, comptoit sans son hoste, battoit les buissons sans prendre les oizillons, croyoit que nues fussent paelles d'airain, et que vessies fussent lanternes ; tiroit d'un sac deux moultures, faisoit de l'asne pour avoir du bren, de son poing faisoit un maillet, prenoit les grues du premier sault, vouloit que maille à maille on fist les haubergeons, de cheval donné tousjours regardoit en la gueulle, saultoit du coq à l'asne, mettoit entre deux verdes une meure, faisoit de la terre le fossé, gardoit la lune des loups. Si les nues tomboient, esperoit prendre les allouettes ; faisoit de necessité vertu, faisoit de tel pain soupe, se soucioit aussi peu des raiz comme des tonduz. Tous les matins escorchoit le renard ; les petits chiens de son pere mangeoient en son escuelle, luy de mesmes mangeoit avec eux. Il leur mordoit les oreilles, ilz luy graphinoient le nez, il leur souffloit au cul, ilz luy leschoient les badigoinces.
    Et sabez quey hillotz ? Que mau de pipe bous bire, ce petit paillard toujours tastonnoit ses gouvernantes cen dessus dessous, cen devant derriere, harry bourriquet : et desja commençoit exercer sa braguette. Laquelle un chascun jour ses gouvernantes ornoient de beaux boucquets, de beaux rubans, de belles fleurs, de beaux flocquars : et passoient leur temps à la faire revenir entre leurs mains, comme un magdaleon d'entraict. Puis s'esclaffoient de rire quand elle levoit les oreilles, comme si le jeu leur eust pleu. L'une la nommoit ma petite dille, l'autre ma pine, l'autre ma branche de coural, l'autre mon bondon, mon bouchon, mon vibrequin, mon possouer, ma teriere, ma pendilloche, mon rude esbat roide et bas, mon dressouoir, ma petite andouille vermeille, ma petite couille bredouille. Elle est à moy, disoit l'une. C'est la mienne, disoit l'autre. Moy (disoit l'autre), n'y auray je rien ? par ma foy, je la couperay donc. Ha couper (disoit l'autre), vous luy feriez mal, madame ; coupez vous la chose aux enfans ? Il seroit monsieur sans queue.
    Et, pour s'esbatre comme les petits enfans du pays, luy firent un beau. virollet des ailes d'un moulin à vent de Mirebalays.




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Étude menée par : 1 S

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Comment, cette éducation non exemplaire, ...

Le courant libertin ?

 

 

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Texte 5 : Contes et nouvelles, 1665

Lecture analytique

La Fontaine
(1621 - 1695)

J'ai lieu d'appréhender --> bientôt trouvé d'autres.


Préface de La Fontaine (pour le premier livre de ses Contes ; seconde édition, 1665)


    J'ai lieu d'appréhender des objections bien plus importantes. On m'en peut faire deux principales : l'une, que ce livre est licencieux ; l'autre, qu'il n'épargne pas assez le beau sexe.
    Quant à la première, je dis hardiment que la nature du conte le voulait ainsi ; étant une loi indispensable, selon Horace, ou plutôt selon la raison et le sens commun, de se conformer aux choses dont on écrit. Or, qu'il ne m'ait été permis d'écrire de celles-ci, comme tant d'autres l'ont fait et avec succès, je ne crois pas qu'on le mette en doute ; et l'on ne me saurait condamner que l'on ne condamne aussi l'Arioste devant moi, et les anciens devant l'Arioste. On me dira que j'eusse mieux fait de supprimer quelques circonstances, ou tout au moins de les déguiser. Il n'y avait rien de plus facile ; mais cela aurait affaibli le conte, et lui aurait ôté de sa grâce. Tant de circonspection n'est nécessaire que dans les ouvrages qui promettent beaucoup de retenue dès l'abord, ou par leur sujet, ou par la manière dont on les traite. Je confesse qu'il faut garder en cela des bornes, et que les plus étroites sont les meilleures : aussi faut-il m'avouer que trop de scrupule gâterait tout. Qui voudrait réduire Boccace à la même pudeur que Virgile ne ferait assurément rien qui vaille, et pécherait contre les lois de la bienséance, en prenant à tâche de les observer. Car, afin que l'on ne s'y trompe pas, en matière de vers et de prose, l'extrême pudeur et la bienséance sont deux choses bien différentes. Cicéron fait consister la dernière à dire ce qu'il est à propos qu'on dise eu égard au lieu, au temps, et aux personnes qu'on entretient. Ce principe une fois posé, ce n'est pas une faute de jugement que d'entretenir les gens d'aujourd'hui de contes un peu libres. Je ne pèche pas non plus en cela contre la morale. S'il y a quelque chose dans nos écrits qui puisse faire impression sur les âmes, ce n'est nullement la gaieté de ces contes ; elle passe légèrement : je craindrais plutôt une douce mélancolie, où les romans les plus chastes et les plus modestes sont très capables de nous plonger, et qui est une grande préparation pour l'amour.
    Quant à la seconde objection, par laquelle on me reproche que ce livre fait tort aux femmes, on aurait raison si je parlais sérieusement ; mais qui ne voit que ceci est jeu, et par conséquent ne peut porter coup ? Il ne faut pas avoir peur que les mariages en soient à l'avenir moins fréquents, et les maris plus fort sur leurs gardes.
    On me peut encore objecter que ces contes ne sont pas fondés, ou qu'ils ont partout un fondement aisé à détruire ; enfin, qu'il y a des absurdités, et pas la moindre teinture de vraisemblance. Je réponds en peu de mots que j'ai mes garants ; et puis ce n'est ni le vrai ni le vraisemblable qui font la beauté et la grâce de ces choses-ci ; c'est seulement la manière de les conter.
    Voilà les principaux points sur quoi j'ai cru être obligé de me défendre. J'abandonne le reste aux censeurs : aussi bien serait-ce une entreprise infinie que de prétendre répondre à tout. Jamais la critique ne demeure court, ni ne manque de sujets de s'exercer : quand ceux que je puis prévoir lui seraient ôtés, elle en aurait bientôt trouvé d'autres.

    (Sources citées par La Fontaine : Térence, Boccace, Herberay - Amadis, Rabelais)




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Étude menée par : 1 S

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

 

 

Ouverture sur les courants libertins

Une autre facette de La Fontaine...

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Texte 6 : In Qu'est-ce que les Lumières ?, décembre 1784

Lecture cursive

Emmanuel KANT
(1724 - 1804)

de ''Les Lumières,...'' à ''...tutelle permanent.''


Qu'est-ce que les Lumières ? (Analyse de E. Kant)


     Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières.
     Paresse et lâcheté sont les causes qui font qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les eut affranchis depuis longtemps d'une conduite étrangère (naturaliter maiorennes), restent cependant volontiers toute leur vie dans un état de tutelle ; et qui font qu'il est si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs. Il est si commode d'être sous tutelle. Si j'ai un livre qui a de l'entendement à ma place, un directeur de conscience qui a de la conscience à ma place, un médecin qui juge à ma place de mon régime alimentaire etc., je n'ai alors pas moi-même à fournir d'efforts. [...]
     II est donc difficile à chaque homme pris individuellement de s'arracher à l'état de tutelle devenu pour ainsi dire une nature. II y a même pris goût et il est pour le moment vraiment dans l'incapacité de se servir de son propre entendement parce qu'on ne l'a jamais laissé s'y essayer. Les préceptes et les formules, ces instruments mécaniques d'un usage raisonnable ou plutôt d'un mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves d'un état de tutelle permanent."




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Étude menée par : 1

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Définir une notion

Contexte philosophique

Rapprochement avec Candide, Mme de Merteuil...

Idée de la condition féminine...

Nous montrerons ici en quoi cette définition...

Tutelle et libertinage

Tutelle, pensée unique et slogans politiques

 

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