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Objet d'étude :
Vers un espace culturel européen, Renaissance et humanisme  (au XVIe siècle)

Problématique : « Du libertinage à la philosophie ; en quoi Gargantua sert-il un Humanisme ? »
(i.e. le paradoxal humanisme rabelaisien)

I - Plan de travail : rappel du corpus

Objet 5, séq. 1 :
OI : Gargantua
Objet 5, séq. 2
GT 1 : Humanisme en perspective
Objet 5, séq. 3
GT 2 : image de la femme
Objet 5, séq. 4
GT 3 : images du libertinage
Gargantua de Rabelais   ''Qu'est-ce que les Lumières'' (Kant) Émile (Rousseau) Les Ambassadeurs (Holbein)
Prologue   La Condition humaine (Malraux) Les Liaisons d. (Laclos) Les Hasards heureux... (Fragonard)
Thélème   L'Existentialisme est un humanisme (Sartre) De la littérature (Mme de Staël) La Leçon de musique (Fragonard)
Fais ce que voudras   Candide (Voltaire) Antigone (Anouilh) Gargantua (Dubout)
L'Adolescence   Le siècle de la peur (Camus) Les Yeux ouverts (Yourcenar) La balançoire (Lancret 1740
Combat épique ?   Heureux qui comme U. (du Bellay) Stupeur et tremblements (Nothomb) La balançoire (P. Renoir 1876)
        Partie de campagne (J. Renoir 1936)

 


Capsule : aide au commentaire (oral ou écrit)

II- Analyse des 6 textes :

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Texte 1 : Gargantua, 1532 Prologue

Lecture analytique

Rabelais, 1483-1494

De « Beuveurs tres illustres... » à « ...tout ares metys. »


Prologue de l'auteur


      Beuveurs tres illustres, et vous, Verolez tres precieux - car à vous, non à aultres, sont dediez mes escriptz - Alcibiades, ou dialoge de Platon intitulé Le Bancquet, louant son precepteur Socrates, sans controverse prince des philosophes, entre aultres parolles le dict estre semblable es Silenes. Silenes estoient jadis petites boites, telles que voyons de present es bouticques des apothecaires, pinctes au dessus de figures joyeuses et frivoles, comme de harpies, satyres, oysons bridez, lievres cornuz, canes bastées, boucqs volans, cerfz limonniers et aultres telles pinctures contrefaictes à plaisir pour exciter le monde à rire (quel fut Silene, maistre du bon Bacchus) ; mais au dedans l'on reservoit les fines drogues comme baulme, ambre gris, amomon, musc, zivette, pierreries et aultres choses precieuses. Tel disoit estre Socrates, parce que, le voyans au dehors et l'estimans par l'exteriore apparence, n'en eussiez donné un coupeau d'oignon, tant laid il estoit de corps et ridicule en son maintien, le nez pointu, le reguard d'un taureau, le visaige d'un fol, simple en meurs, rustiq en vestimens, pauvre de fortune, infortuné en femmes, inepte à tous offices de la republique, tousjours riant, toujours beuvant d'autant à un chascun, tousjours se guabelant, tousjours dissimulant son divin sçavoir ; mais, ouvrans ceste boyte, eussiez au dedans trouvé une celeste et impreciable drogue: entendement plus que humain, vertus merveilleuse, couraige invincible, sobresse non pareille, contentement certain, asseurance parfaicte, deprisement incroyable de tout ce pourquoy les humains tant veiglent, courent, travaillent, navigent et bataillent.

     A quel propos, en voustre advis, tend ce prelude et coup d'essay ? Par autant que vous, mes bons disciples, et quelques aultres foulz de sejour, lisans les joyeulx tiltres d'aulcuns livres de nostre invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fessepinte, La Dignité des Braguettes, Des Poys au lard cum commento, etc., jugez trop facillement ne estre au dedans traicté que mocqueries, folateries et menteries joyeuses, veu que l'ensigne exteriore (c'est le tiltre) sans plus avant enquerir est communement receu à derision et gaudisserie. Mais par telle legiereté ne convient estimer les oeuvres des humains. Car vous mesmes dictes que l'habit ne faict poinct le moyne, et tel est vestu d'habit monachal, qui au dedans n'est rien moins que moyne, et tel est vestu de cappe Hespanole, qui en son couraige nullement affiert à Hespane. C'est pourquoy fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce que y est deduict. Lors congnoistrez que la drogue dedans contenue est bien d'aultre valeur que ne promettoit la boite, c'est-à-dire que les matieres icy traictées ne sont tant folastres comme le titre au-dessus pretendoit. Et, posé le cas qu'au sens literal vous trouvez matieres assez joyeuses et bien correspondentes au nom, toutes fois pas demourer là ne fault, comme au chant de Sirenes, ains à plus hault sens interpreter ce que par adventure cuidiez dict en gayeté de cueur. Crochetastes vous oncques bouteilles ? Caisgne ! Reduisez à memoire la contenence qu'aviez. Mais veistes vous oncques chien rencontrant quelque os medulare ? C'est, comme dict Platon, lib. II de Rep., la beste du monde plus philosophe. Si veu l'avez, vous avez peu noter de quelle devotion il le guette, de quel soing il le guarde, de quel ferveur il le tient, de quelle prudence il l'entomme, de quelle affection il le brise, et de quelle diligence il le sugce. Qui le induict à ce faire ? Quel est l'espoir de son estude ? Quel bien pretend il ? Rien plus qu'un peu de mouelle. Vray est que ce peu plus est delicieux que le beaucoup de toutes aultres, pour ce que la mouelle est aliment elabouré à perfection de nature, comme dict Galen., III Facu. natural., et XI De usu parti. A l'exemple d'icelluy vous convient estre saiges, pour fleurer, sentir et estimer ces beaulx livres de haulte gresse, legiers au prochaz et hardiz à la rencontre ; puis, par curieuse leçon et meditation frequente, rompre l'os et sugcer la sustantificque mouelle - c'est à dire ce que j'entends par ces symboles Pythagoricques - avecques espoir certain d'être faictz escors et preux à ladicte lecture ; car en icelle bien aultre goust trouverez et doctrine plus absconce, laquelle vous revelera de très haultz sacremens et mysteres horrificques, tant en ce que concerne nostre religion que aussi l'estat politicq et vie oeconomicque. Croiez vous en vostre foy qu'oncques Homere, escrivent l'Iliade et Odyssée, pensast es allegories lesquelles de luy ont calfreté Plutarche, Heraclides Ponticq, Eustatie, Phornute, et ce que d'iceulx Politian a desrobé ? Si le croiez, vous n'approchez ne de pieds ne de mains à mon opinion, qui decrete icelles aussi peu avoir esté songées d'Homere que d'Ovide en ses Metamorphoses les sacremens de l'Evangile, lesquelz un Frere Lubin, vray croque lardon, s'est efforcé demonstrer, si d'adventure il rencontroit gens aussi folz que luy, et (comme dict le proverbe) couvercle digne du chaudron. Si ne le croiez, quelle cause est pourquoy autant n'en ferez de ces joyeuses et nouvelles chronicques, combien que, les dictans, n'y pensasse en plus que vous, qui par adventure beviez comme moy ? Car, à la composition de ce livre seigneurial, je ne perdiz ne emploiay oncques plus, ny aultre temps que celluy qui estoit estably à prendre ma refection corporelle, sçavoir est beuvant et mangeant. Aussi est ce la juste heure d'escrire ces haultes matieres et sciences profundes, comme bien faire sçavoit Homere, paragon de tous philologes, et Ennie, pere des poetes latins, ainsi que tesmoigne Horace, quoy qu'un malautru ait dict que ses carmes sentoyent plus le vin que l'huille. Autant en dict un tirelupin de mes livres ; mais bren pour luy ! L'odeur du vin, ô combien plus est friant, riant, priant, plus celeste et delicieux que d'huille ! Et prendray autant à gloire qu'on die de moy que plus en vin aye despendu que en huyle, que fist Demosthenes, quand de luy on disoit que plus en huyle que en vin despendoit. A moy n'est que honneur et gloire d'estre dict et reputé bon gaultier et bon compaignon, et en ce nom suis bien venu en toutes bonnes compaignies de Pantagruelistes. A Demosthenes, fut reproché par un chagrin que ses Oraisons sentoient comme la serpilliere d'un ord et sale huillier. Pour tant, interpretez tous mes faictz et mes dictz en la perfectissime partie ; ayez en reverence le cerveau caseiforme qui vous paist de ces belles billes vezées, et, à vostre povoir, tenez moy tousjours joyeux. Or esbaudissez vous, mes amours, et guayement lisez le reste, tout à l'aise du corps, et au profit des reins ! Mais escoutez, vietz d'azes, - que le maulubec vous trousque ! - vous soubvienne de boyre à my pour la pareille, et je vous plegeray tout ares metys.





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Problématique

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Projet auctoral ?

 

Ouverture sur l'objet d'étude

 

 

 

Projet auctoral ?

 

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Texte 2 : Gargantua, 1532 Thélème

Lecture analytique

Rabelais, 1483-1494

De « Au milieu de la basse... » à « ...drogues aromatiques. »


Abbaye de Thélème...


      Au milieu de la basse cour était une fontaine magnifique de bel alabastre ; au dessus les trois Grâces, avec cornes d’abondance, et jetaient l’eau par les mamelles, bouche, oreilles, yeux, et autres ouvertures du corps.

      Le dedans du logis sus ladite basse cour était sus gros piliers de cassidoine et porphyre, à beaux arts d’antique, au dedans desquels étaient belles galeries longues et amples, ornées de peintures, de cornes de cerfs, licornes, rhinocéros, hippopotames, dents d’éléphants, et autres choses spectables.

      Le logis des dames comprenait depuis la tour Artice jusqu’à la porte Mésembrine. Les hommes occupaient le reste. Devant ledit logis des dames, afin qu’elles eussent l’ébatement, entre les deux premières tours, au dehors, étaient les lices, l’hippodrome, le théâtre, et natatoires, avec bains mirifiques à triple solier, bien garnis de tous assortiments, et foison d’eau de myrrhe.

      Jouxte la rivière était le beau jardin de plaisance ; au milieu de celui-ci, le beau labyrinthe. Entre les deux autres tours étaient les jeux de paume et de grosse balle. Du côté de la tour Cryère était le verger, plein de tous arbres fruitiers, tous ordonnés en ordre quinconce. Au bout était le grand parc, foisonnant en toute sauvagine.

      Entre les tierces tours étaient les buttes pour l’arquebuse, l’arc, et l’arbalète ; les offices hors la tour Hespérie, à simple étage ; l’écurie au-delà des officesnbsp;; la fauconnerie au devant de celles-ci, gouvernée par les autourciers bien experts en l’art, et était annuellement fournie par les Candiens, Vénitiens et Sarmates, de toutes sortes d’oiseaux paragons, aigles, gerfauts, autours, sacres, laniers, faucons, éperviers, émerillons, et autres, tant bien faits et domestiqués que, partant du château pour s’ébattre aux champs, ils prenaient tous tout ce qu’ils rencontraient. La vènerie était un peu plus loin, tirant vers le parc.

      Toutes les salles, chambres et cabinets, étaient tapissés en diverses sortes, selon les saisons de l’année. Tout le pavé était couvert de drap vert. Les lits étaient en broderie. En chaque arrière-chambre était un miroir de cristallin, enchâssé en or fin, au tour garni de perles, et était de telle grandeur qu’il pouvait véritablement représenter toute la personne. À l’issue des salles du logis des dames, étaient les parfumeurs et les testoneurs par les mains desquels passaient les hommes, quand ils visitaient les dames. Ceux-ci fournissaient chaque matin les chambres des dames d’eau de rose, d’eau de naphe, et d’eau d’ange, et à chacun la précieuse cassolette, dégageant les vapeurs de toutes drogues aromatiques.




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Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Projet auctoral ?

 

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Un lieu (e)utopique ?

 

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Texte 3 : Gargantua, 1532 livre VII

Lecture analytique

Rabelais, 1483-1494

De « Toute leur vie... » à « ...au premier de leurs noces. »


Fais ce que voudras


     Toute leur vie était dirigée non par les lois, statuts ou règles, mais selon leur bon vouloir et libre-arbitre. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger, ni à faire quoi que ce soit... Ainsi l'avait établi Gargantua. Toute leur règle tenait en cette clause :
     
     FAIS CE QUE VOUDRAS,
     
     car des gens libres, bien nés, biens instruits, vivant en honnête compagnie, ont par nature un instinct et un aiguillon qui pousse toujours vers la vertu et retire du vice; c'est ce qu'ils nommaient l'honneur. Ceux-ci, quand ils sont écrasés et asservis par une vile sujétion et contrainte, se détournent de la noble passion par laquelle ils tendaient librement à la vertu, afin de démettre et enfreindre ce joug de servitude; car nous entreprenons toujours les choses défendues et convoitons ce qui nous est dénié.
     Par cette liberté, ils entrèrent en une louable émulation à faire tout ce qu'ils voyaient plaire à un seul. Si l'un ou l'une disait : " Buvons ", tous buvaient. S'il disait: "Jouons ", tous jouaient. S'il disait: " Allons nous ébattre dans les champs ", tous y allaient. Si c'était pour chasser, les dames, montées sur de belles haquenées, avec leur palefroi richement harnaché, sur le poing mignonne- ment engantelé portaient chacune ou un épervier, ou un laneret, ou un émerillon; les hommes portaient les autres oiseaux.
     Ils étaient tant noblement instruits qu'il n'y avait parmi eux personne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments harmonieux, parler cinq à six langues et en celles-ci composer, tant en vers qu'en prose. Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si galants, si habiles à pied et à cheval, plus verts, mieux remuant, maniant mieux toutes les armes. Jamais ne furent vues dames si élégantes, si mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes à la main, à l'aiguille, à tous les actes féminins honnêtes et libres, qu'étaient celles-là. Pour cette raison, quand le temps était venu pour l'un des habitants de cette abbaye d'en sortir, soit à la demande de ses parents, ou pour une autre cause, il emmenait une des dames, celle qui l'aurait pris pour son dévot, et ils étaient mariés ensemble; et ils avaient si bien vécu à Thélème en dévotion et amitié, qu'ils continuaient d'autant mieux dans le mariage; aussi s'aimaient-ils à la fin de leurs jours comme au premier de leurs noces.





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Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Utopie et humanisme ?

 

Ouverture sur l'objet d'étude

 

 

 

Gargantua est-il un humaniste ?

 

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Texte 4 : In Gargantua, 1534

Lecture cursive

Rabelais
(1483 - 1553)

De « Gargantua, depuis... » à « ...vent de Mirebalays. »


CHAPITRE 25 : DE L'ADOLESCENCE DE GARGANTUA.


    Gargantua, depuis les trois jusques à cinq ans, fut nourry et institué en toute discipline convenente, par le commandement de son père : et celuy temps passa comme les petits enfans du pays, c'est assavoir, à boire, manger et dormir ; à manger, dormir et boire ; à dormir, boire et manger.
    Tousjours se vaultroit par les fanges, se mascaroit le nez, se chaffourroit le visage, aculoit ses souliers, baisloit souvent aux mousches, et couroit voluntiers après les parpaillons, desquelz son père tenoit l'empire. I1 pissoit sus ses souliers, il chioit en sa chemise, il se mouschoit à ses manches, il morvoit dedans sa soupe, et patrouilloit par tout lieu, et beuvoit en sa pantoufle, et se frottoit ordinairement le ventre d'un panier. Ses dents aguisoit d'un sabot, ses mains lavoit de potage, se pignoit d'un goubelet, s'asseoit entre deux selles le cul à terre, se couvroit d'un sac mouillé, beuvoit en mangeant sa soupe, mangeoit sa fouace sans pain, mordoit en riant, rioit en mordant, souvent crachoit au bassin, petoit de gresse, pissoit contre le soleil, se cachoit en l'eau pour la pluye, battoit à froid, songeoit creux, faisoit le succré, escorchoit le renard, disoit la patenostre du cinge, retournoit à ses moutons, tournoit les truies au foin, battoit le chien devant le lion, mettoit la charrette devant les boeufz, se gratoit où ne luy demangeoit point, tiroit les vers du nez, trop embrassoit et peu estraignoit, mangeoit son pain blanc le premier, ferroit les cigalles, se chatouilloit pour se faire rire, se ruoit tres bien en cuisine, faisoit gerbe de feurre aux dieux, faisoit chanter Magnificat à matines et le trouvoit bien à propos, mangeoit choux et chioit pourrée, cognoissoit mousches en laict, faisoit perdre les pieds aux mousches, ratissoit le papier, chaffouroit le parchemin, gaignoit au pied, tiroit au chevrotin, comptoit sans son hoste, battoit les buissons sans prendre les oizillons, croyoit que nues fussent paelles d'airain, et que vessies fussent lanternes ; tiroit d'un sac deux moultures, faisoit de l'asne pour avoir du bren, de son poing faisoit un maillet, prenoit les grues du premier sault, vouloit que maille à maille on fist les haubergeons, de cheval donné tousjours regardoit en la gueulle, saultoit du coq à l'asne, mettoit entre deux verdes une meure, faisoit de la terre le fossé, gardoit la lune des loups. Si les nues tomboient, esperoit prendre les allouettes ; faisoit de necessité vertu, faisoit de tel pain soupe, se soucioit aussi peu des raiz comme des tonduz. Tous les matins escorchoit le renard ; les petits chiens de son pere mangeoient en son escuelle, luy de mesmes mangeoit avec eux. Il leur mordoit les oreilles, ilz luy graphinoient le nez, il leur souffloit au cul, ilz luy leschoient les badigoinces.
    Et sabez quey hillotz ? Que mau de pipe bous bire, ce petit paillard toujours tastonnoit ses gouvernantes cen dessus dessous, cen devant derriere, harry bourriquet : et desja commençoit exercer sa braguette. Laquelle un chascun jour ses gouvernantes ornoient de beaux boucquets, de beaux rubans, de belles fleurs, de beaux flocquars : et passoient leur temps à la faire revenir entre leurs mains, comme un magdaleon d'entraict. Puis s'esclaffoient de rire quand elle levoit les oreilles, comme si le jeu leur eust pleu. L'une la nommoit ma petite dille, l'autre ma pine, l'autre ma branche de coural, l'autre mon bondon, mon bouchon, mon vibrequin, mon possouer, ma teriere, ma pendilloche, mon rude esbat roide et bas, mon dressouoir, ma petite andouille vermeille, ma petite couille bredouille. Elle est à moy, disoit l'une. C'est la mienne, disoit l'autre. Moy (disoit l'autre), n'y auray je rien ? par ma foy, je la couperay donc. Ha couper (disoit l'autre), vous luy feriez mal, madame ; coupez vous la chose aux enfans ? Il seroit monsieur sans queue.
    Et, pour s'esbatre comme les petits enfans du pays, luy firent un beau. virollet des ailes d'un moulin à vent de Mirebalays.




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Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Comment, cette éducation non exemplaire, ...

L'éducation de la petite enfance... Jeu littéraire ?

 

 

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Texte 5 : Gargantua, 1532 chap.XXVII

Lecture analytique

Rabelais, 1483-1494

« Sur ces paroles... » à « ...in manus »


Combat épique ?


      Sur ces paroles, il ôta sa grande robe et s'empara du bâton de la croix, qui était en cœur de sorbier, long comme une lance, facile à tenir en main et parsemé de fleurs de lys, presque toutes effacées. Il sortit ainsi, vêtu de sa casaque, le froc en écharpe et, avec le bâton de la croix, il attaqua si brusquement les ennemis, qui, sans ordre, ni enseigne, ni tambour ni trompette, faisaient une razzia dans l'enclos - car les porte-drapeaux et les porte-enseignes avaient posé leurs drapeaux et leurs enseignes au pied des murs, les tambourineurs avaient défoncé un côté de leurs tambours pour les emplir de raisin, les trompettes étaient chargées de branches portant des grappes et tous étaient éparpillés de tous côtés - il les chargea donc si brusquement, sans crier gare, qu'il les renversa - comme des porcs, frappant à tort et à travers, selon l'ancienne escrime.

      Aux uns il écrabouillait la cervelle, aux autres il rompait bras et jambes, à d'autres il démettait les spondyles, à d'autres il disloquait les reins, ravalait le nez, pochait les yeux, fendait les mandibules, enfonçait les dents dans la gueule, défonçait les omoplates, cassait les jambes, déboîtait les hanches, brisait les os des jambes et des bras.

      Si quelqu'un voulait se cacher sous les feuilles de vigne, il lui rabotait toute l'épine dorsale et lui cassait les reins comme à un chien.

      Si l'un voulait se sauver en prenant la fuite, il faisait voler sa tête en éclats à travers la suture lambdoïde.

      Si un autre grimpait dans un arbre, pensant y être en sûreté, avec son bâton il l'empalait par le fon-dement.

      Si une vieille connaissance lui criait: « Ha, Frère Jean, mon ami, Frère Jean, je me rends ! »

      « Tu y es, disait-il, bien forcé. Mais tu rendras aussi l'âme à tous les diables !» Et, soudain, il le rouait de coups.

      Et s'il s'en trouvait assez épris de témérité pour lui faire face et lui résister, il montrait la force de ses muscles car il leur transperçait la poitrine par le médiastin antérieur' et par le cœur. À d'autres, en les frappant sur les côtes flottantes, il leur retournait l'estomac, et ils en mouraient aussitôt. D'autres, il les frappait si violemment au nombril qu'il leur faisait sortir les tripes. À d'autres, à travers les couilles il perçait le boyau culier. Croyez que c'était le plus horrible spectacle qu'on ait jamais vu.

      Les uns criaient : Sainte Barbe !

      Les autres : Saint Georges !

      Les autres : Sainte Nitouche !

      Les autres : Notre-Dame de Cunault ! de Lorette ! de Bonnes Nouvelles ! de la Lenou ! de Rivière ! Les uns se vouaient à saint Jacques ; d'autres au saint Suaire de Chambéry - mais il brûla trois mois plus tard, si bien qu'on n'en put sauver un brin ; d'autres à Cadouin, d'autres à saint Jean d'Angély, les autres à saint Eutrope de Saintes, à saint Mesine de Chinon, à saint Martin de Candes, à saint Cloud de Cinay, aux reliques de Tavarsay, et mille autres bons petits saints.

      Les uns mouraient sans parler, les autres parlaient sans mourir. Les uns mouraient en parlant, les autres parlaient en mourant. Les autres criaient à pleine voix: « Confession ! Confession ! J'avoue tous mes péchés ! Accorde-moi la miséricorde ! Je me mets entre tes mains seigneur ! »




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Texte 6 : Gargantua, 1532 combat

Lecture cursive

Rabelais, 1483-1494

De « Ce disant, mist bas... » à « ...In manus ! »


Combat épique ?


      Ce disant, mist bas son grand habit et se saisist du baston de la croix, qui estoit de cueur de cormier, long comme une lance, rond à plain poing et quelque peu semé de fleurs de lys, toutes presque effacées. Ainsi sortit en beau sayon, mist son froc en escharpe et de son baston de la croix donna sy brusquement sus les ennemys qui, sans ordre, ne enseigne, ne trompette, ne tabourin, parmy le cloz vendangeoient, car les porteguydons et port'enseignes avoient mis leurs guidons et enseignes l'orée des murs, les tabourineurs avoient defoncé leurs tabourins d'un cousté pour les emplir de raisins, les trompettes estoient chargez de moussines, chacun estoit desrayé.
      Il chocqua doncques si roydement sus eulx, sans dyre guare, qu'il les renversoyt comme porcs, frapant à tors et à travers, à vieille escrime. Es uns escarbouilloyt la cervelle, es aultres rompoyt bras et jambes, es aultres deslochoyt les spondyles du coul, es aultres demoulloyt les reins, avalloyt le nez, poschoyt les yeulx, fendoyt les mandibules, enfonçoyt les dens en la gueule, descroulloyt les omoplates, sphaceloyt les greves, desgondoit les ischies, debezilloit les fauciles.
      Si quelq'un se vouloyt cascher entre les sepes plus espès, à icelluy freussoit toute l'areste du douz et l'esrenoit comme un chien.
      Si aulcun saulver se vouloyt en fuyant, à icelluy faisoyt voler la teste en pieces par la commissure lambdoide. Si quelq'un gravoyt en une arbre, pensant y estre en seureté, icelluy de son baston empaloyt par le fondement.
      Si quelqu'un de sa vieille congnoissance luy crioyt :
« - Ha, Frere Jean, mon amy, Frere Jean, je me rend !
- Il t'est (disoit il) bien force ; mais ensemble tu rendras l'ame à tous les diables. »
Et soubdain luy donnoit dronos. Et, si personne tant feust esprins de temerité qu'il luy voulust resister en face, là monstroyt il la force de ses muscles, car il leurs transperçoyt la poictrine par le mediastine et par le cueur. A d'aultres donnant suz la faulte des coustes, leurs subvertissoyt l'estomach, et mouroient soubdainement. Es aultres tant fierement frappoyt par le nombril qu'il leurs faisoyt sortir les tripes. Es aultres parmy les couillons persoyt le boiau cullier. Croiez que c'estoyt le plus horrible spectacle qu'on veit oncques
      Les uns cryoient : Saincte Barbe !
      les aultres : Sainct George !
      les aultres : Saincte Nytouche !
      les aultres : Nostre Dame de Cunault ! de Laurette ! de Bonnes Nouvelles ! de la Lenou ! de Riviere ! les ungs se vouoyent à sainct Jacques; les aultres au sainct suaire de Chambery, mais il brusla troys moys après, si bien qu'on n'en peut saulver un seul brin ;
      les aultres à Cadouyn ; les aultres à sainct Jean d'Angery ; les aultres à sainct Eutrope de Xainctes, à sainct Mesmes de Chinon, à sainct Martin de Candes, à sainct Clouaud de Sinays, es reliques de Javrezay et mille aultres bons petitz sainctz.
      Les ungs mouroient sans parler, les aultres parloient sans mourir. Les ungs mouroient en parlant, les aultres parloint en mourant.
      Les aultres crioient à haulte voix : « Confession ! Confession ! Confiteor ! Miserere ! In manus ! »




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