Théâtre
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Objet d'étude :
Le texte théâtral et sa représentation
(du XVIIe siècle à nos jours)

Problématique : Comment au théâtre se dit l'idée de changement ?

I - Plan de travail : rappel du corpus

Objet 1, séq. 2 : étude d'une œuvre intégrale Objet 1, séq. 1
GT 1 : la scène d'exposition
Objet 1, séq. 3
(LC)
Iconographie et représentation
(LC)
Dom Juan (Molière)   Dom Juan (Adaptation M. Bluwal) Exposition d'Antigone (Anouilh) Piccoli (M. Bluwal)
I-1 : scène d'exposition   Jacques et son Maître (Kundera) En 1-L, vu au TNBa :
(selon le programme de l'année)
A. Delcampe
II-2 : rencontre de Charlotte   Antigone (Anouilh) Réécritures diverses (en devoir) J. Weber
III-2 : le pauvre   Jeu de l'amour (Marivaux)   (R. Manuel)
V-5 & 6 : Mort de D.J.   Barbier de Seville (Beaumarchais)   D. Mesguich
(II-2 : autres paysannes)   Cyrano de B. (Rostand)   J. Lassalle
IV-3 : M. Dimanche        
     

 


Capsule : aide au commentaire (oral ou écrit)

II- Analyse des 5 textes :

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Texte 1 : Antigone, 1946

Lecture cursive

Anouilh Jean
(1910 - 1987)

ANTIGONE : Il faut être --> cet anneau si tu acceptes.


Dénouement

[...]
ANTIGONE : Il faut être sergent pour être garde ?
LE GARDE : En principe, oui. Sergent ou avoir suivi le peloton spécial. Devenu garde, le sergent perd son grade. Un exemple : je rencontre une recrue de l'armée, elle peut ne pas me saluer.
ANTIGONE : Ah oui ?
LE GARDE : Oui. Remarquez que, généralement, elle le fait. La recrue sait que le garde est un gradé. Question solde : on a la solde ordinaire du garde, comme ceux du peloton spécial, et, pendant six mois, à titre de gratification, un rappel de supplément de la solde de sergent. Seulement, comme garde, on a d'autres avan-tages. Logement, chauffage, allocations. Fina-lement, le garde marié avec deux enfants arrive à se faire plus que le sergent de l'active.
ANTIGONE : Ah oui ?
LE GARDE : Oui. C'est ce qui vous explique la rivalité entre le garde et le sergent. Vous avez peut-être pu remarquer que le sergent affecte de mépriser le garde. Leur grand argument, c'est l'avancement. D'un sens, c'est juste. L'avan-cement du garde est plus lent et plus difficile que dans l'armée. Mais vous ne devez pas oublier qu'un brigadier des gardes, c'est autre chose qu'un sergent chef.
ANTIGONE (lui dit soudain) : Écoute...
LE GARDE : Oui.
ANTIGONE : Je vais mourir tout à l'heure.
LE GARDE (Le garde ne répond pas. Un silence. Il fait les cent pas. Au bout d'un moment, il reprend.) : D'un autre côté, on a plus de considération pour le garde que pour le sergent de l'active. Le garde, c'est un soldat, mais c'est presque un fonctionnaire.
ANTIGONE : Tu crois qu'on a mal pour mourir ?
LE GARDE : Je ne peux pas vous dire. Pendant la guerre, ceux qui étaient touchés au ventre, ils avaient mal. Moi, je n'ai jamais été blessé. Et, d'un sens, ça m'a nui pour l'avancement.
ANTIGONE : Comment vont-ils me faire mourir ?
LE GARDE : Je ne sais pas. Je crois que j'ai entendu dire que pour ne pas souiller la ville de votre sang, ils allaient vous murer dans un trou.
ANTIGONE : Vivante ?
LE GARDE : Oui, d'abord. (Un silence. Le garde se fait une chique.)
ANTIGONE : O tombeau ! O lit nuptial ! O ma demeure souterraine !... (Elle est toute petite au milieu de la grande pièce nue. On dirait qu'elle a un peu froid. Elle s'entoure de ses bras. Elle murmure.) Toute seule...
LE GARDE (qui a fini sa chique) : Aux cavernes de Hadès, aux portes de la ville. En plein soleil. Une drôle de corvée encore pour ceux qui seront de faction. Il avait d'abord été question d'y mettre l'armée. Mais, aux dernières nouvelles, il paraît que c'est encore la garde qui fournira les piquets. Elle a bon dos, la garde ! Etonnez-vous après qu'il existe une jalousie entre le garde et le sergent d'active...
ANTIGONE (murmure, soudain lasse) : Deux bêtes...
LE GARDE : Quoi, deux bêtes ?
ANTIGONE : Des bêtes se serreraient l'une contre l'autre pour se faire chaud. Je suis toute seule.
LE GARDE : Si vous avez besoin de quelque chose, c'est différent. Je peux appeler.
ANTIGONE : Non. Je voudrais seulement que tu remettes une lettre à quelqu'un quand je serai morte.
LE GARDE : Comment ça, une lettre ?
ANTIGONE : Une lettre que j'écrirai.
LE GARDE : Ah ! ça non ! Pas d'histoires ! Une lettre ! Comme vous y allez, vous ! Je risquerais gros, moi, à ce petit jeu-là !
ANTIGONE : Je te donnerai cet anneau si tu acceptes. [...]



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Texte 2 : Lorenzaccio, 1834

Lecture cursive

Musset
(1810 - 1857)

LORENZO. - Voilà une lettre --> pas même un tombeau ! (Il sort.)


Acte V Scène. 6 : La scène se passe à Venise, où s'est réfugié Lorenzo, dans le cabinet de Philippe Strozzi.

Venise. - Le cabinet de Strozzi PHILIPPE, LORENZO, tenant une lettre.
LORENZO. - Voilà une lettre qui m'apprend que ma mère est morte. Venez donc faire un tour de promenade, Philippe.
PHILIPPE. - Je vous en supplie, mon ami, ne tentez pas la destinée. Vous allez et venez continuellement, comme si cette proclamation de mort n'existait pas.
LORENZO. - Au moment où j'allais tuer Clément VII, ma tête a été mise à prix à Rome ; il est naturel qu'elle le soit dans toute l'Italie, aujourd'hui que j'ai tué Alexandre ; si je sortais d'Italie, je serais bientôt sonné à son de trompe dans toute l'Europe, et à ma mort le bon Dieu ne manquera pas de faire placarder ma condamnation éternelle dans tous les carrefours de l'immensité.
PHILIPPE. - Votre gaieté est triste comme la nuit ; vous n'êtes pas changé, Lorenzo.
LORENZO. - Non, en vérité ; je porte les mêmes habits, je marche toujours sur mes jambes, et je bâille avec ma bouche ; il n'y a de changé en moi qu'une misère : c'est que je suis plus creux et plus vide qu'une statue de fer-blanc.
PHILIPPE. - Partons ensemble ; redevenez un homme ; vous avez beaucoup fait, mais vous êtes jeune.
LORENZO. - Je suis plus vieux que le bisaïeul de Saturne ; je vous en prie, venez faire un tour de promenade.
PHILIPPE. - Votre esprit se torture dans l'inaction, c'est là votre malheur. Vous avez des travers, mon ami.
LORENZO. - J'en conviens ; que les républicains n'aient rien fait à Florence, c'est là un grand travers de ma part. Qu'une centaine de jeunes étudiants, braves et déterminés, se soient fait massacrer en vain ; que Côme, un planteur de choux, ait été élu à l'unanimité, oh ! je l'avoue, je l'avoue, ce sont là des travers impardonnables, et qui me font le plus grand tort.
PHILIPPE. - Ne raisonnons pas sur un événement qui n'est pas achevé. L'important est de sortir d'Italie ; vous n'avez pas encore fini sur la terre.
LORENZO. - J'étais une machine à meurtre, mais à un meurtre seulement.
PHILIPPE. - N'avez-vous pas été heureux autrement que par ce meurtre ? Quand vous ne devriez faire désormais qu'un honnête homme, pourquoi voudriez-vous mourir ?
LORENZO. - Je ne puis que vous répéter mes propres paroles : Philippe, j'ai été honnête. Peut-être le redeviendrais-je sans l'ennui qui me prend. J'aime encore le vin et les femmes ; c'est assez, il est vrai, pour faire de moi un débauché, mais ce n'est pas assez pour me donner envie de l'être. Sortons, je vous en prie.
PHILIPPE. - Tu te feras tuer dans toutes ces promenades.
LORENZO. - Cela m'amuse de les voir. La récompense est si grosse qu'elle les rend presque courageux. Hier, un grand gaillard à jambes nues m'a suivi un gros quart d'heure au bord de l'eau, sans pouvoir se déterminer à m'assommer. Le pauvre homme portait une espèce de couteau long comme une broche ; il le regardait d'un air si penaud qu'il me faisait pitié ; c'était peut-être un père de famille qui mourait de faim.
PHILIPPE. - Ô Lorenzo, Lorenzo ! ton cœur est très malade. C'était sans doute un honnête homme : pourquoi attribuer à la lâcheté du peuple le respect pour les malheureux ?
LORENZO. - Attribuez cela à ce que vous voudrez. Je vais faire un tour au Rialto. (Il sort.)
PHILIPPE, seul. - Il faut que je le fasse suivre par quelqu'un de mes gens. Holà ! Jean ! Pippo ! holà ! (Entre un domestique.) Prenez une épée, vous et un autre de vos camarades, et tenez-vous à distance convenable du seigneur Lorenzo, de manière à pouvoir le secourir si on l'attaque.
JEAN. - Oui, monseigneur. (Entre Pippo.)
PIPPO. - Monseigneur, Lorenzo est mort. Un homme était caché derrière la porte, qui l'a frappé par-derrière comme il sortait.
PHILIPPE. - Courons vite ; il n'est peut-être que blessé.
PIPPO. - Ne voyez-vous pas tout ce monde ? Le peuple s'est jeté sur lui. Dieu de miséricorde ! on le pousse dans la lagune.
PHILIPPE. - Quelle horreur ! quelle horreur ! Eh quoi ! pas même un tombeau ! (Il sort.)



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Texte 3 : Morts sans sépulture, 1946

Lecture cursive

Sartre Jean Paul
(1905 - 1980)

HENRI (désignant Lucie) : Qu'elle décide. --> nous allons parler. (Le milicien sort.)


Tableau V, Scène 3 : fin de la scène

HENRI (désignant Lucie) : Qu'elle décide.
CANORIS : Tu entends, Lucie ?
LUCIE : Décider quoi ? Ah oui : eh bien, c'est tout décidé : dis-leur que nous ne parlerons pas et qu'ils fassent vite.
CANORIS : Et les copains, Lucie ?
LUCIE : Je n'ai plus de copains. (Elle va vers les miliciens.) Allez les chercher : nous ne parlerons pas.
CANORIS (la suivant, s'adresse aux miliciens) : Il reste cinq minutes. Attendez. (Il la ramène sur le devant de la scène.)
LUCIE : Cinq minutes ; oui. Et qu'espères-tu ? Me convaincre en cinq minutes ?
CANORIS : Oui.
LUCIE : Cœur pur ! Tu peux bien vivre, toi, tu as la conscience tranquille, ils t'ont un peu bousculé, voilà tout. Moi, ils m'ont avilie, il n'y a pas un pouce de ma peau qui ne me fasse horreur. (À Henri.) Et toi, qui fais des manières parce que tu as étranglé un môme, te rappelles-tu que ce môme était mon frère et que je n'ai rien dit ? J'ai pris tout le mal sur moi ; il faut qu'on me supprime et tout ce mal avec. Allez-vous-en ! Allez vivre, puisque vous pouvez vous accepter. Moi, je me hais et je souhaite qu'après ma mort tout soit sur terre comme si je n'avais jamais existé.
HENRI : Je ne te quitterai pas, Lucie, et je ferai ce que tu auras décidé.
CANORIS (Un temps.) : Il faut donc que je vous sauve malgré vous.
LUCIE : Tu parleras ?
CANORIS : Il le faut.
LUCIE (violemment) : Je leur dirai que tu mens et que tu as tout inventé. (Un temps.) Si j'avais su que tu allais manger le morceau, crois-tu que je vous aurais laissés toucher à mon frère ?
CANORIS : Ton frère voulait livrer notre chef et moi je veux les lancer sur une fausse piste.
LUCIE : C'est la même chose. Il y aura le même triomphe dans leurs yeux.
CANORIS : Lucie ! C'est donc par orgueil que tu as laissé mourir François ?
LUCIE : Tu perds ton temps. À moi, tu n'arriveras pas à donner des remords.
UN MILICIEN : Il reste deux minutes.
CANORIS : Henri !
HENRI : Je ferai ce qu'elle aura décidé.
CANORIS (à Lucie) : Pourquoi te soucies-tu de ces hommes ? Dans six mois ils se terreront dans une cave et la première grenade qu'on jettera sur eux par un soupirail mettra le point final à toute cette histoire. C'est tout le reste qui compte. Le monde et ce que tu fais dans le monde, les copains et ce que tu fais pour eux.
LUCIE : Je suis sèche, je me sens seule, je ne peux penser qu'à moi.
CANORIS (doucement) : Est-ce que tu ne regrettes vraiment rien sur terre ? LUCIE : Rien. Tout est empoisonné.
CANORIS : Alors... (Geste résigné. Il fait un pas vers les miliciens. La pluie se met à tomber ; par gouttes légères et espacées d'abord, puis par grosses gouttes pressées.)
LUCIE (vivement) : Qu'est-ce que c'est ? (À voix basse et lente.) La pluie. (Elle va jusqu'à la fenêtre et regarde tomber la pluie. Un temps.) Il y a trois mois que je n'avais entendu le bruit de la pluie. (Un temps.) Mon Dieu, pendant tout ce temps, il a fait beau, c'est horrible. Je ne me rappelais plus, je croyais qu'il fallait toujours vivre sous le soleil. (Un temps.) Elle tombe fort, ça va sentir la terre mouillée. (Ses lèvres se mettent â trembler.) Je ne veux pas... je ne veux pas... (Henri et Canoris viennent près d'elle.)
HENRI : Lucie !
LUCIE : Je ne veux pas pleurer, je deviendrais comme une bête. (Henri la prend dans ses bras.) Lâchez-moi ! (Criant.) J'aimais vivre, j'aimais vivre ! (Elle sanglote sur l'épaule d'Henri.)
LE MILICIEN (s'avançant) : Alors ? C'est l'heure.
CANORIS (après un regard à Lucie) : Va dire à tes chefs que nous allons parler. (Le milicien sort. Un temps.)
LUCIE (se reprenant) : C'est vrai ? Nous allons vivre ? J'étais déjà de l'autre côté... Regardez. moi. Souriez-moi. Il y a si longtemps que je n'ai vu de sourire... Est-ce que nous faisons bien, Canoris ? Est-ce que nous faisons bien ?
CANORIS : Nous faisons bien. Il faut vivre. (Il avance vers un milicien.) Va dire à tes chefs que nous allons parler. (Le milicien sort.)



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Texte 4 : Dom Juan, 1665

Lecture analytique

Molière
(1622 - 1673)

''LE SPECTRE, en femme voilée --> mes gages ! mes gages !''


Acte V, Scène 5 : DOM JUAN, UN SPECTRE en femme voilée, SGANARELLE.

LE SPECTRE (en femme voilée) : Dom Juan n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel ; et s'il ne se repent ici, sa perte est résolue.
SGANARELLE : Entendez-vous, Monsieur ?
DOM JUAN : Qui ose tenir ces paroles ? Je crois connaître cette voix.
SGANARELLE : Ah ! Monsieur, c'est un spectre : je le reconnais au marcher.
DOM JUAN : Spectre, fantôme, ou diable, je veux voir ce que c'est.
(Le Spectre change de figure, et représente le temps avec sa faux à la main.)
SGANARELLE : O Ciel ! voyez-vous, Monsieur, ce changement de figure ?
DOM JUAN : Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec mon épée si c'est un corps ou un esprit.
(Le Spectre s'envole dans le temps que Dom Juan le veut frapper.)
SGANARELLE : Ah ! Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.
DOM JUAN : Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi.

Scène VI : LA STATUE, DOM JUAN, SGANARELLE.

LA STATUE : Arrêtez, Dom Juan : vous m'avez hier donné parole de venir manger avec moi.
DOM JUAN : Oui. Où faut-il aller ?
LA STATUE : Donnez-moi la main.
DOM JUAN : La voilà.
LA STATUE : Dom Juan, l'endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l'on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre.
DOM JUAN : O Ciel ! que sens-je ? Un feu invisible me brûle, je n'en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent. Ah !
(Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Dom Juan ; la terre s'ouvre et l'abîme ; et il sort de grands feux de l'endroit où il est tombé.)
SGANARELLE : Ah, mes gages ! Mes gages ! Voilà par sa mort un chacun satisfait : Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. Il n'y a que moi seul de malheureux, qui, après tant d'années de service, n'ai point d'autre récompense que de voir à mes yeux l'impiété de mon maître punie par le plus épouvantable châtiment du monde. Mes gages ! mes gages ! mes gages !



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Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle représentative d'un dénouement ?

Mise en scène : une ''pièce à machine''

Ouverture sur une question d'entretien : Molière pouvait-il choisir une autre fin pour ses personnages ?

Cette fin n'a rien de ''surnaturelle'' (ne pas lire Lagarde et Michard !)

Comment se définit Sganarelle ici ? Quel est son rôle ?

Le sort réservé à chacun des personnages (originalité du Dom Juan)

(Une fin traitée comme un ''grand spectacle euphorique'' ?)

1656, fondation de l'Hôpital Général : ''la vertu est affaire d'État''.

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Texte 5 : Électre, 1937

Lecture cursive

Giraudoux Jean
(1882 - 1944)

CLYTEMNESTRE. - Oui, je le haïssais. --> LE MENDIANT. Tiens, c'est un vautour.


Acte II, scène 8

CLYTEMNESTRE. - Oui, je le haïssais. Oui, tu vas savoir enfin ce qu'il était, ce père admirable ! Oui, après vingt ans, je vais m'offrir la joie que s'est offerte Agathe !... Une femme est à tout le monde. Il y a tout juste au monde un homme auquel elle ne soit pas. Le seul homme auquel je n'étais pas, c'était le roi des rois, le père des pères, c'était lui ! Du jour où il est venu m'arracher à ma maison, avec sa barbe bouclée, de cette main dont il relevait toujours le petit doigt, je l'ai haï. Il le relevait pour boire, il le relevait pour conduire, le cheval s'emballât-il, et quand il tenait son sceptre, et quand il me tenait moi-même, je ne sentais sur mon dos que la pression de quatre doigts : j'en étais folle, et quand dans l'aube il livra à la mort ta sœur Iphigénie, horreur, je voyais aux deux mains le petit doigt se détacher sur le soleil ! Le ''roi des rois'', quelle dérision ! Il était pompeux, indécis, niais. C'était le fat des fats, le crédule des crédules. ''Le roi des rois'' n'a jamais été que ce petit doigt et cette barbe que rien ne rendait lisse. Inutile, l'eau du bain, sous laquelle je plongeais sa tête, inutile la nuit de faux amour, où je la tirais et l'emmêlais, inutile cet orage de Delphes sous lequel les cheveux des danseuses n'étaient plus que des crins ; de l'eau, du lit, de l'averse, du temps, elle ressortait en or, avec ses annelages. Et il me faisait signe d'approcher, de cette main à petit doigt, et je venais en souriant. Pourquoi ?... Et il me disait de baiser cette bouche au milieu de cette toison, et j'accourais pour la baiser. Et je la baisais. Pourquoi ?... Et quand au réveil, je le trompais, comme Agathe, avec le bois de mon lit, un bois plus relevé, évidemment, plus royal, de l'amboine, et qu'il me disait de lui parler, et que je le savais vaniteux, vide aussi, banal, je lui disais qu'il était la modestie, l'étrangeté, aussi, la splendeur. Pourquoi ?... Et s'il insistait tant soit peu, bégayant, lamentable, je lui jurais qu'il était un dieu. ''Roi des rois'', la seule excuse de ce surnom est qu'il justifie la haine de la haine. Sais-tu ce que j'ai fait, le jour de son départ, Électre, son navire encore en vue ? J'ai fait immoler le bélier le plus bouclé, le plus indéfrisable, et je me suis glissée vers minuit, dans la salle du trône, toute seule, pour prendre le sceptre à pleines mains ! Maintenant tu sais tout. Tu voulais un hymne à la vérité : voilà le plus beau !
ÉLECTRE. - O mon père, pardon !
ÉGISTHE. - Venez, reine.
CLYTEMNESTRE. Qu'on saisisse d'abord cette fille. Qu'on l'enchaîne.
ÉLECTRE. Me pardonneras-tu jamais de l'avoir entendue, ô mon père ! Est-ce qu'il ne faut pas qu'elle meure, Égisthe !
ÉGISTHE. Adieu, Électre.
ÉLECTRE. Tuez-la, Égisthe. Et je vous pardonne.
CLYTEMNESTRE. Ne la laissez pas libre, Égisthe. Ils vont vous poignarder dans le dos.
ÉGISTHE. C'est ce que nous allons voir... Laissez Électre... Déliez Oreste. (Égisthe et Clytemnestre sortent.)
ÉLECTRE. L'oiseau descend, mendiant, l'oiseau descend.
LE MENDIANT. Tiens, c'est un vautour.



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