Théâtre
Mvt littéraire (L)
Argumenter
Poésie
Roman
Réécritures (L)

Objet d'étude :
Le texte théâtral et sa représentation
(du XVIIe siècle à nos jours)

Problématique : Comment au théâtre se dit l'idée de changement ?

I - Plan de travail : rappel du corpus

Objet 1, séq. 2 : étude d'une œuvre intégrale Objet 1, séq. 1
GT 1 : la scène d'exposition
Objet 1, séq. 3
(LC)
Iconographie et représentation
(LC)
Dom Juan (Molière)   Dom Juan (Adaptation M. Bluwal) Exposition d'Antigone (Anouilh) Piccoli (M. Bluwal)
I-1 : scène d'exposition   Jacques et son Maître (Kundera) En 1-L, vu au TNBa :
(selon le programme de l'année)
A. Delcampe
II-2 : rencontre de Charlotte   Antigone (Anouilh) Réécritures diverses (en devoir) J. Weber
III-2 : le pauvre   Jeu de l'amour (Marivaux)   (R. Manuel)
V-5 & 6 : Mort de D.J.   Barbier de Seville (Beaumarchais)   D. Mesguich
(II-2 : autres paysannes)   Cyrano de B. (Rostand)   J. Lassalle
IV-3 : M. Dimanche        
     

 


Capsule : aide au commentaire (oral ou écrit)

II- Analyse des 5 textes :

flèche vers haut de page

Texte 1 : Dom Juan, 1665

Lecture cursive

Molière
(1622 - 1673)

de ''SGANARELLE (Tenant une tabatière)...'' à ''...que tu aurais menti.''

Acte I Scène 1.- SGANARELLE, GUSMAN.

 

SGANARELLE (Tenant une tabatière). - Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac : c'est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner à droite et à gauche, partout où l'on se trouve ? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. Mais c'est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours. Si bien donc, cher Gusman, que Done Elvire, ta maîtresse, surprise de notre départ, s'est mise en campagne après nous, et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n'a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici. Veux-tu qu'entre nous je te dise ma pensée ? J'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.
GUSMAN. - Et la raison encore ? Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui peut t'inspirer une peur d'un si mauvais augure ? Ton maître t'a-t-il ouvert son cœur là-dessus, et t'a-t-il dit qu'il eût pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ?
SGANARELLE. - Non pas ; mais, à vue de pays, je connais à peu près le train des choses ; et sans qu'il m'ait encore rien dit, je gagerais presque que l'affaire va là. Je pourrais peut-être me tromper ; mais enfin, sur de tels sujets, l'expérience m'a pu donner quelques lumières.
GUSMAN. - Quoi ? ce départ si peu prévu serait une infidélité de Dom Juan ? Il pourrait faire cette injure aux chastes feux de Done Elvire ?
SGANARELLE. - Non, c'est qu'il est jeune encore, et qu'il n'a pas le courage...
GUSMAN. - Un homme de sa qualité ferait une action si lâche ?
SGANARELLE. - Eh oui, sa qualité ! La raison en est belle, et c'est par-là qu'il s'empêcherait des choses.
GUSMAN. - Mais les saints nœuds du mariage le tiennent engagé.
SGANARELLE. - Eh ! mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore, crois-moi, quel homme est Dom Juan.
GUSMAN. - Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin et tant d'emportements qu'il a fait paraître jusques à forcer, dans sa passion, l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance, je ne comprends pas dis-je, comme, après tout cela, il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole.
SGANARELLE. - Je n'ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentiments pour Done Elvire, je n'en ai point de certitude encore : tu sais que, par son ordre, je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu ; mais, par précaution, je t'apprends, inter nos, que tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un Diable, un Turc, un Hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni saint, ni dieu, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Épicure, en vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse ; crois qu'il aurait plus fait pour contenter sa passion, et qu'avec elle il aurait encore épousé toi, son chien et son chat. Un mariage ne lui coûte rien à contracter ; il ne se sert point d'autres pièges pour attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains. Dame, damoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau. Suffit qu'il faut que le courroux du ciel l'accable quelque jour ; qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où. Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie : la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. Le voilà qui vient se promener dans ce palais : séparons-nous ; écoute, au moins je te fais cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti.



01



05




10




15




20




25




30




35




40




45


Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Grand conformisme et originalité de cette scène... Est-elle choquante au XVIIe siècle ?

 

Présentation de personnages : une galerie de portraits

 

Sganarelle fait à la fois un portrait de son maître et un portrait de lui-même...

 

 

 

Quel sens donner à l'éloge du tabac : juste pour que Sg fasse l'important ? Et si ''tabac'' signifiait ''théâtre''?...

flèche vers haut de page

Texte 2 : Antigone (1944)

Lecture cursive

Jean Anouilh (1910-1987)

de ''Un décor neutre...'' à ''...maison qui dort.''

Acte I Scène 1.

 

Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes. Le prologue se détache et s'avance.
LE PROLOGUE - Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir.
Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c'est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d'Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu'Antigone, et puis un soir, un soir de bal où il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d'être sa femme. Personne n'a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit "oui" avec un petit sourire triste... L'orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d'Antigone. Il ne savait pas qu'il ne devait jamais exister de mari d'Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.
Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c'est Créon. C'est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d'OEdipe, quand il n'était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais OEdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place.
Quelquefois le soir, il est fatigué, et il se demande s'il n'est pas vain de conduire les hommes. Si cela n'est pas un office sordide qu'on doit laisser à d'autres, plus frustes... Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.
La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c'est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d'aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.
Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c'est le Messager. C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà...
Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leur chapeau sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d'eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu'à ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté ordonne de l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.
Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d' OEdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville. Étéocle l'aîné, au terme de la première année de pouvoir ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu'à Étéocle, le bon frère, il serait fait d'imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.
Pendant que le Prologue parlait les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L'éclairage s'est modifié sur la scène. C'est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort.



01



05




10




15




20




25




30




35




40




45


Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme ou originalité de cette scène... Serait-elle choquante au XVIIe siècle ?

 

Présentation de personnages : une galerie de portraits

 

Le Prologue (personnage) fait à la fois des portraits et un résumé...

 

 

 

Quel sens attribuer au projet de la pièce maintenant ?

flèche vers haut de page

Texte 3 : Jacques et son Maître (1981)
(nrf éditions Gallimard)

Lecture cursive

M. Kundera (1929-xx)

du début à ''...ça j'aime.''

Acte I, Scène 1
Jacques, Le Maître

 

Jacques et son Maître entrent sur scène ; ils font quelques pas et le regard de Jacques se pose sur les spectateurs ; Jacques s'arrête...

 

JACQUES, discrètement : Monsieur... (Désignant le public à son Maître) : Qu'ont-ils tous à nous regarder ?
LE MAÎTRE, il tressaille et rectifie ses habits, comme s'il redoutait d'éveiller l'attention par une négligence vestimentaire : Fais comme s'il n'y avait personne.
JACQUES, au public : Vous ne voudriez pas regarder ailleurs ? Bon, alors, qu'est-ce que vous voulez ? D'où est-ce que nous venons ? (Il étend le bras derrière lui) De là-bas. Et où est-ce que nous allons ? (Avec un mépris philosophique) Est-ce que l'on sait où on va ? (Au public :) Vous le savez, vous, où vous allez ?
LE MAÎTRE : J'ai peur, Jacques, de savoir où nous allons.
JACQUES : Vous avez peur ?
LE MAÎTRE, tristement : Oui. Mais je n'ai pas l'intention de te mettre au courant de mes tristes obligations.
JACQUES : Monsieur. on ne sait jamais où on va. Croyez-moi ! Mais comme disait mon capitaine, c'est écrit là-haut.
LE MAÎTRE : Et il avait raison...
JACQUES : Que le diable enfourche Justine et l'ignoble grenier où j'ai perdu mon pucelage !
LE MAÎTRE : Pourquoi maudire une femme, Jacques ?
JACQUES : Parce que, quand j'ai perdu mon pucelage, je me suis soûlé, mon père, fou de rage, m'a filé une raclée, un régiment passait dans le coin, du coup je m'enrôle, une bataille éclate, je reçois une balle dans le genou. Ce qui a d'ailleurs entraîné une kyrielle d'aventures. Sans cette balle, par exemple, je crois que je ne serais jamais tombé amoureux.
LE MAÎTRE : Tu as donc été amoureux ? Tu ne m'en as jamais parlé !
JACQUES : Il y a beaucoup de choses dont je ne vous ai jamais parlé.
LE MAÎTRE : Eh bien ! Comment es-tu devenu amoureux ? Raconte !
JACQUES : Où j'en étais ? Ah oui, la balle dans le genou. Je suis enterré sous un tas de morts et de blessés. On m'a retrouvé le lendemain pour me flanquer dans une charrette. Destination l'hôpital. La route était mauvaise et je hurlais de douleur au moindre cahot. Tout à coup, on s'arrête. Je demande à descendre. C'était à l'extrémité d'un village et devant la porte d'une bicoque se tenait une jeune femme.
LE MAÎTRE : Ah, enfin...
JACQUES : Elle rentre chez elle, ressort avec une bouteille de vin et me donne à boire. Ils veulent me remettre dans la charrette, mais moi je m'agrippe à sa jupe. Puis j'ai perdu connaissance et quand je suis revenu à moi, j'étais chez elle, entouré de son mari et de ses enfants, et elle me faisait des compresses.
LE MAÎTRE : Salaud ! je te vois venir.
JACQUES : Vous ne voyez rien du tout.
LE MAÎTRE : Cet homme t'accueille dans sa maison et c'est comme ça que tu le remercies !
JACQUES : Monsieur ! est-ce qu'on est responsable de ce qu'on fait ? Mon capitaine disait : tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut. Vous connaissez un moyen d'effacer ce qui est écrit ? Dites-moi, Monsieur : est-ce que je peux ne pas être ? Est-ce que je peux être un autre ? Et si moi, je suis moi, est-ce que je peux faire autre chose que ce que je fais, moi ?
LE MAÎTRE : Il y a quelque chose qui me chiffonne : est-ce que tu es un salaud parce que c'est écrit là-haut ? Ou est-ce que c'est écrit parce qu'ils savaient, là-haut, que tu étais un salaud ? Quelle est la cause et quel est l'effet ?
JACQUES : Je ne sais pas, Monsieur, mais ne me traitez pas de salaud.
LE MAÎTRE : Un homme qui cocufie son bienfaiteur.
JACQUES : Et n'appelez pas cet homme mon bienfaiteur. Vous auriez dû voir comment il traitait sa femme parce qu'elle avait pitié de moi.
LE MAÎTRE : Et il a bien fait... Jacques, comment elle était ? Décris-la-moi !
JACQUES : Cette jeune femme ?
LE MAÎTRE : Oui.
JACQUES, hésitant : De taille moyenne...
LE MAÎTRE, pas très satisfait : Hum...
JACQUES : Mais plutôt grande que petite...
LE MAÎTRE, avec un signe de tète approbateur : Plutôt grande.
JACQUES : Oui.
LE MAÎTRE : Ça, j'aime.
JACQUES, avec un geste des mains : Une belle poitrine.
LE MAÎTRE : Plus de cul que de poitrine ?
JACQUES, hésitant : Non. Plus de poitrine.
LE MAÎTRE, tristement : Dommage.
[...]




01



05




10




15




20




25




30




35




40




45




50




55


Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme (norme, référent) ou originalité de cette scène...

 

Présentation de personnages, d'un cadre, de conflits ?

 

 

 

 

 

Quel sens attribuer au projet auctoral ? (à l'origine, un roman de Diderot)

flèche vers haut de page

Texte 4 : Le jeu de l`amour et du hasard (1730)

Lecture cursive

Marivaux (1688-1763)

du début à ''...que vous m'en faites.''

Acte I scène 1 - SILVIA, LISETTE

 

SILVIA. Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ?
LISETTE. - C'est que j'ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie ; moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui ne soit pas vrai ; le non n'est pas naturel.
SILVIA. - Le non n'est pas naturel, quelle sotte naïveté ! le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ?
LISETTE. - Eh bien, c'est encore oui, par exemple.
SILVIA. - Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon cœur par le vôtre.
LISETTE. - Mon cœur est fait comme celui de tout le monde de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ?
SILVIA. - Je vous dis que, si elle osait, elle m'appellerait une originale.
LISETTE. - Si j'étais votre égale, nous verrions.
SILVIA. - Vous travaillez à me fâcher, Lisette.
LISETTE. - Ce n'est pas mon dessein ; mais, dans le fond, voyons, quel mal ai-je fait de dire à Monsieur Orgon que vous étiez bien aise d'être mariée ?
SILVIA. - Premièrement, c'est que tu n'as pas dit vrai, je ne m'ennuie pas d'être fille.
LISETTE. - Cela est encore tout neuf.
SILVIA. - C'est qu'il n'est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien.
LISETTE. - Quoi, vous n'épouserez pas celui qu'il vous destine ?
SILVIA. - Que sais-je ? peut-être ne me conviendra-t-il point, et cela m'inquiète.
LISETTE. - On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu'il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? Peut-on se figurer de mariage plus doux ? d'union plus délicieuse ?
SILVIA. - Délicieuse ! que tu es folle avec tes expressions.
LISETTE. - Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour ; sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve.
SILVIA. - Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit qu'il y ressemble, mais c'est un on dit, et je pourrais bien n'être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c'est presque tant pis.
LISETTE. - Tant pis, tant pis, mais voilà une pensée bien hétéroclite !
SILVIA. - C'est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué.
LISETTE. - Oh, il a tort d'être fat mais il a raison d'être beau.
SILVIA. - On ajoute qu'il est bien fait ; passe.
LISETTE. - Oui-da, cela est pardonnable.
SILVIA. - De beauté, et de bonne mine, je l'en dispense, ce sont là des agréments superflus.
LISETTE. - Vertuchoux ! si je me marie jamais, ce superflu-là sera mon nécessaire.
SILVIA. - Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme : en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense ; on loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? Ces hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l'esprit ? n'en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? c'est la douceur, la raison, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve. Monsieur un tel a l'air d'un galant homme, d'un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d'Ergaste. Aussi l'est-il, répondait-on, je l'ai répondu moi-même, sa physionomie ne vous ment pas d'un mot. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison. Ergaste s'est marié, sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui.
LISETTE. - Quel fantasque avec ces deux visages !
SILVIA. - N'est-on pas content de Léandre quand on le voit ? Eh bien chez lui, c'est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni qui ne gronde ; c'est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n'a point de commerce avec elle, elle n'est mariée qu'avec une figure qui sort d'un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d'ennui tout ce qui l'environne ; n'est-ce pas là un mari bien amusant ?
LISETTE. - Je gèle au récit que vous m'en faites.



01



05




10




15




20




25




30




35




40




45




50





Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme ou originalité de cette scène...

 

Présentation de personnages dans le cadre d'une joute oratoire

 

Scène argumentative sur le thème du mariage...

 

 

 

Quel sens attribuer au projet de la pièce maintenant ?

flèche vers haut de page

Texte 5 : le Barbier de Séville (1775)

Lecture cursive

Beaumarchais (1732-1799)

du début à ''...au teint pâle et livide.''

Acte I
Scène 1. - Le Comte.

Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées..

 

Le COMTE, seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant. — Le jour est moins avancé que je ne croyais. L'heure à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa jalousie est encore éloigné. N'importe ; il vaut mieux arriver trop tôt que de manquer l'instant de la voir. Si quelque aimable de la cour pouvait me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d'une femme à qui je n'ai jamais parlé, il me prendrait pour un Espagnol du temps d'Isabelle... Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. I1 est pour moi dans le cœur de Rosine... Mais quoi ! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ?... Et c'est cela même que je fuis. Je suis las des conquêtes que l'intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d'être aimé pour soi-même ! Et si je pouvais m'assurer sous ce déguisement... Au diable l'importun !

Acte I
Scène 2. - FIGARO, Le COMTE caché.

Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées..


FIGARO, une guitare sur le dos, attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main. —
        Bannissons le chagrin,
        Il nous consume :
        Sans le feu du bon vin
        Qui nous rallume,
        Réduit à languir,
        L'homme, sans plaisir.
        Vivrait, comme un sot.
        Et mourrait bientôt
Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein ?
        Et mourrait bientôt...
        Le vin et la paresse
        Se disputent mon cœur.
Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble...
        Se partagent... mon cœur.
Dit-on : se partagent :... Eh ! mon Dieu, nos faiseurs d'opéras-comiques n'y regardent pas de si près. Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante. (Il chante)
        Le vin et la paresse
        Se partagent mon cœur.
Je voudrais finir par quelque chose de beau de brillant, de scintillant, qui eût l'air d'une pensée. (Il met un genou en terre et écrit en chantant.)
        Se partagent mon cœur
        Si l'une a ma tendresse...
        L'autre fait mon bonheur.
Fi donc ! c'est plat. Ce n'est pas ça... Il me faut une opposition, une antithèse :
        Si l'une... a ma tendresse,
        L'autre...
Eh ! parbleu, j'y suis
        L'autre est mon serviteur.
Fort bien Figaro !... (Il écrit en chantant...)
        Le vin et la paresse
        Se partagent mon cœur
        Si l'une est ma maîtresse,
        L'autre est mon serviteur.
        L'autre est mon serviteur.
        L'autre est mon serviteur..
Hem, hem, quand il y aura des accompagnements là-dessous, nous verrons encore, messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis... (Il aperçoit le Comte). J'ai vu cet abbé-là quelque part. (Il se relève)
Le COMTE, à part — Cet homme ne m'est pas inconnu.
FIGARO. — Eh non, ce n'est pas un abbé ! Cet air altier et noble...
Le COMTE. — Cette tournure grotesque...
FIGARO. — Je ne me trompe point : c'est le comte Almaviva.
Le COMTE.— Je crois que c'est ce coquin de Figaro.
FIGARO. — C'est lui-même, monseigneur.
Le COMTE. — Maraud ! si tu dis un mot...
FIGARO. — Oui, je vous reconnais ; voilà les bontés familières dont vous m'avez toujours honoré.
Le COMTE. — Je ne te reconnaissais pas, moi. Te voilà si gros et si gras...
FIGARO. — Que voulez-vous, monseigneur, c'est la misère.
Le COMTE. — Pauvre petit ! Mais que fais-tu à Séville ? Je t'avais autrefois recommandé dans les bureaux pour un emploi.
FIGARO. — Je l'ai obtenu, monseigneur ; et ma reconnaissance...
Le COMTE. — Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas, à mon déguisement que je veux être inconnu ?
FIGARO. — Je me retire.
Le COMTE. — Au contraire. J'attends ici quelque chose, et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promène. Ayons l'air de jaser. Eh bien, cet emploi ?
FIGARO — Le ministre, ayant égard à la recommandation de Votre Excellence, me fit nommer sur-le-champ garçon apothicaire...
Le COMTE — Dans les hôpitaux de l'armée ?
FIGARO. — Non ; dans les haras d'Andalousie.
Le COMTE, riant. — Beau début !
FIGARO. — Le poste n'était pas mauvais, parce qu'ayant le district des pansements et des drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval...
Le COMTE — Qui tuaient les sujets du roi !
FIGARO. — Ah, ah, il n'y a point de remède universel ... mais qui n'ont pas laissé de guérir quelquefois des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats.
Le COMTE. — Pourquoi donc l'as-tu quitté ?
FIGARO. — Quitté ? C'est bien lui-même; on m'a desservi auprès des puissances : l'envie aux doigts crochus, au teint pâle et livide....





01



05




10




15




20




25




30




35




40




45




50




55




60




65




70




75




80




85





Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme (norme, référent) ou originalité de cette scène...

 

Présentation de personnages, d'un cadre, de conflits ?

 

 

 

 

 

Quel sens attribuer au projet auctoral ?

Webdesigner
Flèche
Φ - Menu