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Objet d'étude :
Le personnage de roman
(du XVIIe siècle à nos jours)

Problématique : En quoi le personnage de roman donne-t-il à voir un monde ?



Biographie de : André Malraux (1901-1979)

Répétition de la Condition Humaine au théatre Hebertot "Parce que notre gorge seule nous transmet notre voix intérieure, j'ai appelé ce livre La Condition humaine" in Les Voix du silence


- 1901, naissance de André Malraux à Paris le 3 novembre, parents divorcés, élevé par sa mère, sa tante et sa grand-mère (l'enfance ? "Je déteste la mienne" in Antimémoires)
Il fait des études chaotiques : à Bondy (1906), refusé au lycée Condorcet (1818), ne passera pas son BAC
Il quitte sa famille à 18 ans, fréquente les milieux artistiques et littéraires (surréaliste) : reconnu pour sa grande érudition ("Nous ne pouvons sentir que par comparaison" in Mélanges Malraux Miscellany)
- 1921, il épouse Clara Goldschmidt (20 ans), sa première compagne (un peu de Valérie dans La Condition humaine ?)
- 1923, il part avec Clara en Indochine (accusé du vol de 7 statuettes, il est condamné à 3 ans de prison, sa peine sera réduite à une année avec sursis) Sa vie s'orientera vers l'engagement politique contre le colonialisme
- 1925, prend contact avec les révolutionnaires communistes, "commissaire du Kuomintang" (forte source d'inspiration)
- 1926, il publie son premier essai : La tentation de l’Occident
Suivent ses premiers romans sur "l'histoire en train de se faire" :
- 1927, retour en France et publication des Conquérants : la révolte politique
- 1930 publication de La Voie royale : à la recherche de temples enfouis...
- 1931 Malraux rédige la préface du roman de Faulkner Sanctuaire
- 1933, La Condition humaine publiée, obtient le prix Goncourt : reportage sur la bataille de Shangaï ("docu fiction" dirait-on aujourd'hui : plus une transposition de ce que Clara et André ont vécu en Indochine, il recrée, prédit un monde)
- 1936-37, il est aviateur dans l’armée républicaine espagnole contre le fascisme espagnol, pour la démocratie, militant parmi les militants
- 1938, il publie L'Espoir : "l'homme est ce qu'il se fait, non ce qu'il rêve"
- Entre 1940 et 1944, rupture avec les communistes ; Malraux s’engage comme soldat dans les chars, prisonnier, évadé, puis s'engage dans la Résistance en Périgord (il est le Colonel Berger)
- Août 1945, politiquement, aux côté de Général de Gaulle
- Il n'écrit plus alors que des essais (sur l'art) ou des textes autobiographiques (publiés de 1946 à 1976)
- 1954 Mise en scène de La Condition humaine au théatre Hebertot (Argentic)
- Entre 1958 et 1969, il est ministre des affaires culturelles sous de Gaulle
- 1967, publication de ses Antimémoires
- 1976, mort à Verrière le Buisson (près Paris)
- 1996, transfert de ses cendres au Panthéon

Malraux et le cinéma...

« Auteur lui-même, il considéra ses premiers romans comme des Å“uvres expressionnistes Â»
(Dana Polakovicová in Esthétique et techniques du cinéma expressionniste dans la condition humaine)
Les liens d'André Malraux avec le cinéma remontent au début des années vingt, époque à laquelle il découvre le cinéma expressionniste allemand. C'est à l'occasion d'un séjour à Berlin en 1922 que Malraux, en compagnie de sa femme Clara, voit Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene (1920, extrait YouTube). Il confiera à Jean-Marie Drot :
« Quand nous l'avons vu, nous avons été complètement tourneboulés, parce que l'idée qu'on avait du cinéma à ce moment-là était quand même une idée assez réaliste, et voilà qu'entrait en jeu quelque chose de complètement autre. Â» (Saint-Cheron in L'esthétique de Malraux)

Il apprécia également Nosferatu le Vampire de Murnau, (1922, photos YouTube) L'Ange bleu de Sternberg (1930, extrait YouTube). Il s'est inspiré de Fritz Lang, de Metropolis pour ses représentations de la foule (1927, extrait YouTube) et de M. le Maudit pour (1931, extrait YouTube). La Charrette fantôme de Duvivier, (1939, extrait YouTube - "ici, là-bas ou ailleurs")
Puissamment stylisés, de tels films s'accordent à un aspect fondamental de l'esthétique que développera bientôt Malraux : « L'art ne cherche pas à imiter le réel qui nous entoure, l'artiste étant par vocation non le transcripteur du monde, mais son rival. Â».

Les films d'Eisenstein - qu'il rencontra en Union Soviétique en 1934 - furent aussi l'une de ses grandes admirations, notamment Le Cuirassé Potemkine pour lequel il participa (brièvement) au scénario (1925, extrait YouTube - l'escalier d'Odessa) et Octobre (1928, extrait YouTube) :
« Le génie des films révolutionnaires d'Eisenstein illustre le bolchevisme, il ressuscite aussi l'épopée. Â»
(Malraux in L'Homme précaire et la littérature)
Enfin, il mettait très haut le Danois Carl Dreyer dont il avait vu Dies Irae (1943, extrait YouTube) et Ordet (1952, extrait YouTube) :

« Les pantomimes, jadis, attribuaient d'innombrables aventures aux quelques personnages de la comédie italienne. Et les fervents du cinéma savent bien que, malgré les efforts du scénario pour particulariser les personnages, l'acteur domine tout : de même que l'on vit Pierrot voleur, Pierrot pendu, Pierrot ivrogne et Pierrot amoureux, on va voir Garbo reine et Garbo courtisane. Marlène putain et Marlène espionne, Stroheim à Gibraltar et Stroheim à la guerre, Gabin légionnaire et Gabin cheminot. L'exemple parfait, c'est Chaplin. [...] Le cinéma s'adresse aux masses, et les masses aiment le mythe, en bien et en mal. Â»
(Malraux in Esquisse d'une psychologie du cinéma)

Malraux est du côté des expressionnistes par le rythme particulier qu'il donne à son récit (« Une littérature de montage Â») :
« Le cri, dans La Condition humaine, est dirigé et modulé selon un rythme, la violence n’est pas uniforme, les pauses contemplatives, méditatives, un grand apaisement triste interrompent un temps la montée de l’horreur, le roulement sourd du destin, s’il va croissant, ménage quelques haltes de fantaisie et d’humour (Clappique), de recueillement (Gisors), d’échanges simplement humains (Kyo et May). Le jeu subtil des harmoniques qui courent dans le roman à travers un « tempo » très élaboré lui confère son caractère singulier : celui d’un expressionnisme surmonté. Â»
(Alain Meyer in La Condition humaine d’André Malraux)

 

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