Théâtre
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Poésie
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Réécritures (L)

Objet d'étude :
Les Réécritures
(du XVIIe siècle à nos jours)

Problématique : Dans quelle mesure réécrire c'est ''revoir'' ?

I - Plan de travail : rappel du corpus

Objet 6, séq. 1 : étude d'un groupement de textes Objet 6, séq. 2
GT 1 : adaptations
Objet 6, séq. 3
GT 2 : réécriture et écart
Objet 6, séq. 4
GT 3 : de l'adaptation au pastiche
GT hétérogène   Dom Juan, joué par (Weber...) Les Châtiments, ''La nuit du 4'' en prose (V. Hugo) Adaptations diverses
(Dom Juan AI sc.1)
Heureux qui comme ulysse (Du Bellay / Ridan)   Le chant du styrène
(Queneau)
La parodie épique
(Rabelais / Brassens)
Affiche Rouge
(Aragon / Manouchian)
L'Affiche Rouge (Manouchian / Aragon)   La Cantatrice chauve, mise en scène par Lagarce Ajouter un poème
aux Cent mille milliards...
Incipits pour une B.D. (modèles)
La Condition H. (Malraux / Wintrebert : l'incipit)   Utopie / Dystopie
(La route J. Hillcoat)
Réaliser la ''planche'' d'une scène de La Condition Humaine Pastiches (La Joconde)
La Condition H. (Malraux / Invention : la rupture)   Cyrano de B.
(D. Pitoiset) au TnBA
  Heureux qui... (Le clip - Ridan)
      La Condition humaine (Malraux)  
    Dom Juan (Acte I scène 0 - ''Prologue'' à la manière d'Anouilh - travail d'élève) « Repentirs » Adaptations cinématographiques Liaisons, Cantatrice

 


Capsule : aide au commentaire (oral ou écrit)

II- Analyse des 5 textes :

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Texte 1 : Le Lotus bleu 1934-35 en feuilleton (et en dessin animé)

Lecture analytique pour une étude comparée.

Hergé
(1907-1983)

 


« PAGE SOUMISE AU COPYRIGHT »
« La bande dessinée »
Le Lotus bleu
1936

Hergé
Quatrième album des histoires de Tintin et Milou
reporter(s) au Petit Vingtième...
Tintin part à Shanghai pour rencontrer Mitsuhirato...

''Publié en 1936, Le Lotus bleu est sans doute l'album de Tintin le plus proche de l'actualité de l'époque. Hergé y fait clairement allusion à l'incident de Mukden, prélude à la terrible guerre sino-japonaise de 1937. C'est aussi le premier album démontrant un vrai souci de réalisme,''
(Wikipédia)
 



Étude menée par :  

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

La description

Aplats...

Roman, roman graphique et B.D.

Une autre facette de l'Histoire...

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Texte 2 : Les Regrets (2002) - Sonnet

Lecture analytique pour une étude comparée.

Joachim du Bellay.
(1522- 1560)

de ''Heureux...'' à ''...douceur angevine '' (avec l'autorisation anticipée de l'auteure)

Heureux qui, comme Ulysse

Regrets, XXXI

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine;

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.




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Étude menée par : 1 S

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi ce texte inspire-t-il Ridan ?

 

Ouverture sur une question d'entretien

Penser à l'écriture d'une chanson...

 

 

 

Personnalisation...

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Texte 3 : Ma Chère Mélinée, 19/02/1944
(site pcf evry source Internet)

Lecture analytique pour une étude comparée.

Lettre de Missak Manouchian
(1906 - 1944)

De ''Ma Chère Mélinée...'' à ''...ton Mari.''

 

 

 

Ma Chère Mélinée,
ma petite orpheline bien-aimée,

 

 

 

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

 

Manouchian Michel.





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Étude menée par : 1

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

 

 

Ouverture sur les réécritures

...

 

 

Réthorique de ''la lettre''

site pcf evry
Lire, voir et entendre...

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Texte 4 : La Condition humaine (1933) - Incipit
(Présenté sous réserve des droits d'auteur)

Lecture analytique pour une étude comparée.

André Malraux
(1901-1976)

de ''Tchen...'' à ''...Shanghaï...''


PREMIÈRE PARTIE

21 MARS 1927

Minuit et demi.           

     Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même — de la chair d'homme. La seule lumière venait du building voisin : un grand rectangle d'électricité pâle, coupé par les barreaux de la fenêtre dont l'un rayait le lit juste au-dessous du pied comme pour en accentuer le volume et la vie. Quatre ou cinq klaxons grincèrent à la fois. Découvert ? Combattre, combattre des ennemis qui se défendent, des ennemis éveillés !
     La vague de vacarme retomba : quelque embarras de voitures (il y avait encore des embarras de voitures, là-bas, dans le monde des hommes...). Il se retrouva en face de la tache molle de la mousseline et du rectangle de lumière, immobiles dans cette nuit où le temps n'existait plus.
     Il se répétait que cet homme devait mourir. Bêtement : car il savait qu'il le tuerait. Pris ou non, exécuté ou non, peu importait. Rien n'existait que ce pied, cet homme qu'il devait frapper sans qu'il se défendît, - car, s'il se défendait, il appellerait.
     Les paupières battantes, Tchen découvrait en lui, jusqu'à la nausée, non le combattant qu'il attendait, mais un sacrificateur. Et pas seulement aux dieux qu'il avait choisis : sous son sacrifice à la révolution, grouillait un monde de profondeurs auprès de quoi cette nuit écrasée d'angoisse n'était que clarté. « Assassiner n'est pas seulement tuer... » Dans ses poches, ses mains hésitantes tenaient, la droite un rasoir fermé, la gauche un court poignard. Il les enfonçait le plus possible, comme si la nuit n'eût pas suffi à cacher ses gestes. Le rasoir était plus sûr, mais Tchen sentait qu'il ne pourrait jamais s'en servir ; le poignard lui répugnait moins. Il lâcha le rasoir dont le dos pénétrait dans ses doigts crispés ; le poignard était nu dans sa poche, sans gaine. Il le fit passer dans sa main droite, la gauche retombant sur la laine de son chandail et y restant collée. Il éleva légèrement le bras droit, stupéfait du silence qui continuait à l'entourer, comme si son geste eût dû déclencher quelque chute. Mais non, il ne se passait rien : c'était toujours à lui d'agir.
     Ce pied vivait comme un animal endormi. Terminait-il un corps ? « Est-ce que je deviens imbécile ? » Il fallait voir ce corps. Le voir, voir cette tête ; pour cela, entrer dans la lumière, laisser passer sur le lit son ombre trapue. Quelle était la résistance de la chair ? Convulsivement, Tchen enfonça le poignard dans son bras gauche. La douleur (il n'était plus capable de songer que c'était son bras), l'idée du supplice certain si le dormeur s'éveillait le délivrèrent une seconde : le supplice valait mieux que cette atmosphère de folie. Il s'approcha : c'était bien l'homme qu'il avait vu. deux heures plus tôt, en pleine lumière. Le pied, qui touchait presque le pantalon de Tchen, tourna soudain comme une clef, revint à sa position dans la nuit tranquille. Peut-être le dormeur sentait-il une présence, mais pas assez pour s'éveiller... Tchen frissonna : un insecte courait sur sa peau. Non ; c'était le sang de son bras qui coulait goutte à goutte. Et toujours cette sensation de mal de mer.
     Un seul geste, et l'homme serait mort. Le tuer n'était rien : c'était le toucher qui était impossible. Et il fallait frapper avec précision. Le dormeur, couché sur le dos, au milieu du lit à l'européenne, n'était habillé que d'un caleçon court, mais, sous la peau grasse, les côtes n'étaient pas visibles. Tchen devait prendre pour repères les pointes sombres des seins. Il savait combien il est difficile de frapper de haut en bas. Il tenait donc le poignard la lame en l'air, mais le sein gauche était le plus éloigné : à travers le filet de la moustiquaire, il eût dû frapper à longueur de bras, d'un mouvement courbe comme celui du swing. Il changea la position du poignard : la lame horizontale. Toucher ce corps immobile était aussi difficile que frapper un cadavre, peut-être pour les mêmes raisons. Comme appelé par cette idée de cadavre, un râle s'éleva. Tchen ne pouvait plus même reculer, jambes et bras devenus complètement mous. Mais le râle s'ordonna : l'homme ne râlait pas, il ronflait. Il redevint vivant, vulnérable ; et, en même temps, Tchen se sentit bafoué. Le corps glissa d'un léger mouvement vers la droite. Allait-il s'éveiller maintenant ! D'un coup à traverser une planche, Tchen l'arrêta dans un bruit de mousseline déchirée, mêlé à un choc sourd. Sensible jusqu'au bout de la lame, il sentit le corps rebondir vers lui, relancé par le sommier métallique. Il raidit rageusement son bras pour le maintenir ; les jambes revenaient ensemble vers la poitrine, comme attachées ; elles se détendirent d'un coup. Il eût fallu frapper de nouveau, mais comment retirer le poignard ? Le corps était toujours sur le côté, instable, et, malgré la convulsion qui venait de le secouer, Tchen avait l'impression de le tenir fixé au lit par son arme courte sur quoi pesait toute sa masse. Dans le grand trou de la moustiquaire, il le voyait fort bien : les paupières s'étaient ouvertes, — avait-il pu s'éveiller ? — les yeux étaient blancs. Le long du poignard le sang commençait à sourdre, noir dans cette fausse lumière. Dans son poids, le corps, prêt à retomber à droite ou à gauche, trouvait encore de la vie. Tchen ne pouvait lâcher le poignard. A travers l'arme, son bras raidi, son épaule douloureuse, un courant d'angoisse s'établissait entre le corps et lui jusqu'au fond de sa poitrine, jusqu'à son coeur convulsif, seule chose qui bougeât dans la pièce. II était absolument immobile ; le sang qui continuait à couler de son bras gauche lui semblait celui de l'homme couché ; sans que rien de nouveau fût survenu, il eut soudain la certitude que cet homme était mort. Respirant à peine, il continuait à le maintenir sur le côté, dans la lumière immobile et trouble, dans la solitude de la chambre. Rien n'y indiquait le combat, pas même la déchirure de la mousseline qui semblait séparée en deux pans : il n'y avait que le silence et une ivresse écrasante où il sombrait, séparé du monde des vivants, accroché à son arme. Ses doigts étaient de plus en plus serrés, mais les muscles du bras se relâchaient et le bras tout entier commença à trembler par secousses, comme une corde. Ce n'était pas la peur, c'était une épouvante à la fois atroce et solennelle qu'il ne connaissait plus depuis son enfance : il était seul avec la mort, seul dans un lieu sans hommes, mollementécrasé à la fois par l'horreur et par le goût du sang.
     Il parvint à ouvrir la main. Le corps s'inclina doucement sur le ventre : le manche du poignard ayant porté à faux, sur le drap une tache sombre commença à s'étendre, grandit comme un être vivant. Et à côté d'elle, grandissant comme elle, parut l'ombre de deux oreilles pointues.
     La porte était proche, le balcon plus éloigné : mais c'était du balcon que venait l'ombre. Bien que Tchen ne crût pas aux génies, il était paralysé, incapable de se retourner. Il sursauta : un miaulement. À demi délivré, il osa regarder. C'était un chat de gouttière qui entrait par la fenêtre sur ses pattes silencieuses, les yeux fixés sur lui. Une rage forcenée secouait Tchen à mesure qu'avançait l'ombre ; rien de vivant ne devait se glisser dans la farouche région où il était jeté ; ce qui l'avait vu tenir ce couteau l'empêchait de remonter chez les hommes. Il ouvrit le rasoir, fit un pas en avant : l'animal s'enfuit par le balcon. Tchen se trouva en face de Shanghaï.




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Étude menée par : 1

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Comparer avec l'incipit de Pollen

 

Ouverture sur une question d'entretien

Penser au genre du roman...

Un meurtre

 

 

Et si le féminin l'emportait sur...

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Texte 5 : La Condition humaine (1933) - Scène de rupture
(Présenté sous réserve des droits d'auteur)

Lecture analytique pour un sujet d'invention.

André Malraux
(1901-1976)

de ''Il quitta...'' à ''...électricité tranquilles.''


QUATRIÈME PARTIE

11 AVRIL 1927
6 heures. [...]



     Il quitta sa voiture et entra à l'Astor, suivi du boy qui portait sa cage au bout du bras avec dignité. Il y avait sur la terre des millions d'ombres : les femmes dont l'amour ne l'intéressait pas – et un adversaire vivant : la femme dont il voulait être aimé. Son orgueil appelait un orgueil ennemi comme le joueur passionné appelle un autre joueur pour le combattre, et non la paix. Du moins la partie était-elle ce soir bien engagée, puisqu'ils allaient d'abord coucher ensemble.
     Dès le hall un employé européen s'approcha de lui.
     – Madame Serge fait dire à monsieur Ferral qu'elle ne rentrera pas cette nuit, mais que ce monsieur lui expliquera.
     Ferral, interloqué, regarda « ce monsieur », assis de dos, à côté d'un paravent. L'homme se retourna : le directeur d'une des banques anglaises, qui depuis un mois courtisait Valérie. À côté de lui, derrière le paravent, un boy tenait, non moins dignement que celui de Ferral, un merle dans une cage. L'Anglais se leva, ahuri, serra la main de Ferral, en lui disant :
     – Vous devriez m'expliquer, monsieur...
     Ils comprirent ensemble qu'ils étaient mystifiés. Ils se regardaient, au milieu des sourires sournois des boys et de la gravité, trop grande pour être naturelle, des employés blancs. C'était l'heure du cocktail, et tout Shanghai était là. Ferral se sentait le plus ridicule : l'Anglais était presque un jeune homme.
     Un mépris aussi intense que la colère qui l'inspirait compensa instantanément l'infériorité qui lui était imposée. Il se sentit entouré de la vraie bêtise humaine, celle qui colle, qui pèse aux épaules : les êtres qui le regardaient étaient les plus haïssables crétins de la terre. Pourtant, ignorant ce qu'ils savaient, il les supposait au courant de tout et se sentait, en face de leur ironie, écrasé par une paralysie toute tendue de haine.
     – C'est pour un concours ? demandait son boy à l'autre.
     – Sais pas.
     – Le mien, c'est un mâle.
     – Oui. Le mien, une femelle.
     – Ça doit être pour ça.
     L'Anglais s'inclina devant Ferral, se dirigea vers le portier. Celui-ci lui remit une lettre. Il la lut, appela son boy, tira une carte de visite de son portefeuille, la fixa à la cage, dit au portier : « Pour Madame Serge » et sortit.
     Ferral s'efforçait de réfléchir, de se défendre. Elle l'avait atteint à son point le plus sensible, comme si elle lui eût crevé les yeux pendant son sommeil : elle le niait. Ce qu'il pouvait penser, faire, vouloir, n'existait pas. Cette scène ridicule était, rien ne ferait qu'elle n'eût pas été. Lui seul existait dans un monde de fantômes, et c'était lui, précisément lui, qui était bafoué. Et par surcroît – car il ne pensait pas à une conséquence, mais à une succession de défaites, comme si la rage l'eût rendu masochiste – par surcroît, il ne coucherait pas avec elle. De plus en plus avide de se venger sur ce corps ironique, il restait là seul, en face de ces abrutis et de son boy indifférent, la cage au bout du bras. Cet oiseau était une constante insulte. Mais il fallait, avant tout, rester. Il commanda un cocktail et alluma une cigarette, puis demeura immobile, occupé à casser, dans la poche de son veston, l'allumette entre ses doigts. Son regard rencontra un couple. L'homme avait le charme que donne l'union des cheveux gris et d'un visage jeune ; la femme, gentille, un peu magazine, le regardait avec une reconnaissance amoureuse faite de tendresse ou de sensualité. « Elle l'aime, pensa Ferral avec envie. Et c'est sans doute quelque vague crétin, qui peut-être dépend d'une de mes affaires... » Il fit appeler le portier.
     – Vous avez une lettre pour moi. Donnez-la.
     Le portier, étonné mais toujours sérieux, tendit la lettre.
     Savez-vous, cher, que les femmes persanes, lorsque la colère les prend, battent leurs maris avec leurs babouches à clous ? Elles sont irresponsables. Et puis, n'est-ce pas, elles retournent ensuite à la vie ordinaire, celle où pleurer avec un homme ne vous engage pas, mais où coucher avec lui vous livre – croyez-vous? – la vie où l'on « a » les femmes. Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous sans vous être aperçu qu'une femme est aussi un être humain. J'ai toujours rencontré (peut-être ne rencontrerai-je jamais que ceux-là, mais tant pis, vous ne pouvez savoir combien je dis tant pis !) des hommes qui m'ont trouvé du charme, qui se sont donné un mal si touchant pour mettre en valeur mes folies, mais qui savaient si bien rejoindre leurs amis dès qu'il s'agissait de vraies choses humaines (sauf naturellement pour être consolés). Mes caprices, il me les faut non seulement pour vous plaire, mais même pour que vous m'entendiez quand je parle ; ma charmante folie, sachez ce qu'elle vaut : elle ressemble à votre tendresse. Si la douleur avait pu naître de la prise que vous vouliez avoir sur moi, vous ne l'auriez même pas reconnue...
     J'ai rencontré assez d'hommes pour savoir ce qu'il faut penser des passades : aucune chose n'est sans importance pour un homme dès qu'il y engage son orgueil, et le plaisir est un mot qui permet de l'assouvir plus vite et plus souvent. Je me refuse autant à être un corps que vous un carnet de chèques. Vous agissez avec moi comme les prostituées avec vous : « Parle, mais paie... » ... Je suis aussi ce corps que vous voulez que je sois seulement ; bon, bon... Il ne m'est pas toujours facile de me défendre contre l'idée qu'on a de moi. Votre présence me rapproche de mon corps avec irritation comme le printemps m'en rapproche avec joie. À propos de printemps, amusez-vous bien avec les oiseaux. Et tout de même, la prochaine fois laissez donc les interrupteurs d'électricité tranquilles.




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Étude menée par : 1

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Réécriture : transposition en scène d'exposition.

 

Ouverture sur une question d'entretien

Penser au genre théâtral : importance des didascalies...

Une situation théâtrale.

 

 

Que voit-on sur scène ?

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