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Objet d'étude :
Le Théâtre, du texte aux représentations

Problématique : Comment le théâtre questionne-t-il le théâtre ?

I - Plan de travail : rappel du corpus

Étude d'une oeuvre intégraleParcours Ouvertures Iconographie et représentation
études complémentaires
Prolongements
études complémentaires
La Cantatrice chauve de E. Ionesco Sc.1 : scène d'exposition Dom Juan ''Théâtre de l'échafaud''
Le More Cruel (anonyme)
 
  Sc.4  (extrait) Jeu de l'amour Adaptation
Dom Juan (M. Bluwal)
Exposition de Antigone (Anouilh)
Lectures compl. Sc.5  (sc. entière) On ne badine pas Le décor (en 1-L) Vu au théâtre :
Un Pied dans le crime(1866 Labiche)
Notre terreur (2010 Creuzevault)
Les Chaises (1951 Ionesco)
(en 1-ES) Vu au théâtre :
Vivre dans le feu (2010 Janelle)
Le roman de M. Molière
(Boulgakov)
Sc.11 : dénouement Cyrano Conditions de représentation Réécritures
La Leçon
(E. Ionesco)
Sc.8 (extrait) Antigone Scène d'exposition Antigone (Anouilh) La Cantatrice, mise en scène de Lagarce
         
         

II- Analyse des 5 textes :

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Texte 1 : Dom Juan, 1665

Lecture cursive

Molière
(1622 - 1673)

de ''SGANARELLE (Tenant une tabatière)...'' à ''...que tu aurais menti.''

Acte I Scène 1.- SGANARELLE, GUSMAN.

 

SGANARELLE (Tenant une tabatière). - Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac : c'est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner à droite et à gauche, partout où l'on se trouve ? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. Mais c'est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours. Si bien donc, cher Gusman, que Done Elvire, ta maîtresse, surprise de notre départ, s'est mise en campagne après nous, et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n'a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici. Veux-tu qu'entre nous je te dise ma pensée ? J'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.
GUSMAN. - Et la raison encore ? Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui peut t'inspirer une peur d'un si mauvais augure ? Ton maître t'a-t-il ouvert son cœur là-dessus, et t'a-t-il dit qu'il eût pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ?
SGANARELLE. - Non pas ; mais, à vue de pays, je connais à peu près le train des choses ; et sans qu'il m'ait encore rien dit, je gagerais presque que l'affaire va là. Je pourrais peut-être me tromper ; mais enfin, sur de tels sujets, l'expérience m'a pu donner quelques lumières.
GUSMAN. - Quoi ? ce départ si peu prévu serait une infidélité de Dom Juan ? Il pourrait faire cette injure aux chastes feux de Done Elvire ?
SGANARELLE. - Non, c'est qu'il est jeune encore, et qu'il n'a pas le courage...
GUSMAN. - Un homme de sa qualité ferait une action si lâche ?
SGANARELLE. - Eh oui, sa qualité ! La raison en est belle, et c'est par-là qu'il s'empêcherait des choses.
GUSMAN. - Mais les saints nœuds du mariage le tiennent engagé.
SGANARELLE. - Eh ! mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore, crois-moi, quel homme est Dom Juan.
GUSMAN. - Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin et tant d'emportements qu'il a fait paraître jusques à forcer, dans sa passion, l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance, je ne comprends pas dis-je, comme, après tout cela, il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole.
SGANARELLE. - Je n'ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentiments pour Done Elvire, je n'en ai point de certitude encore : tu sais que, par son ordre, je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu ; mais, par précaution, je t'apprends, inter nos, que tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un Diable, un Turc, un Hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni saint, ni dieu, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Épicure, en vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse ; crois qu'il aurait plus fait pour contenter sa passion, et qu'avec elle il aurait encore épousé toi, son chien et son chat. Un mariage ne lui coûte rien à contracter ; il ne se sert point d'autres pièges pour attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains. Dame, damoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau. Suffit qu'il faut que le courroux du ciel l'accable quelque jour ; qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où. Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie : la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. Le voilà qui vient se promener dans ce palais : séparons-nous ; écoute, au moins je te fais cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti.



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Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Grand conformisme et originalité de cette scène... Est-elle choquante au XVIIe siècle ?

 

Présentation de personnages : une galerie de portraits

 

Sganarelle fait à la fois un portrait de son maître et un portrait de lui-même...

 

 

 

Quel sens donner à l'éloge du tabac : juste pour que Sg fasse l'important ? Et si ''tabac'' signifiait ''théâtre''?...

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Texte 2 : Le jeu de l`amour et du hasard (1730)

Lecture cursive

Marivaux (1688-1763)

du début à ''...que vous m'en faites.''

Acte I scène 1 - SILVIA, LISETTE

 

SILVIA. Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ?
LISETTE. - C'est que j'ai cru que, dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie ; moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui ne soit pas vrai ; le non n'est pas naturel.
SILVIA. - Le non n'est pas naturel, quelle sotte naïveté ! le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ?
LISETTE. - Eh bien, c'est encore oui, par exemple.
SILVIA. - Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon cœur par le vôtre.
LISETTE. - Mon cœur est fait comme celui de tout le monde de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ?
SILVIA. - Je vous dis que, si elle osait, elle m'appellerait une originale.
LISETTE. - Si j'étais votre égale, nous verrions.
SILVIA. - Vous travaillez à me fâcher, Lisette.
LISETTE. - Ce n'est pas mon dessein ; mais, dans le fond, voyons, quel mal ai-je fait de dire à Monsieur Orgon que vous étiez bien aise d'être mariée ?
SILVIA. - Premièrement, c'est que tu n'as pas dit vrai, je ne m'ennuie pas d'être fille.
LISETTE. - Cela est encore tout neuf.
SILVIA. - C'est qu'il n'est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien.
LISETTE. - Quoi, vous n'épouserez pas celui qu'il vous destine ?
SILVIA. - Que sais-je ? peut-être ne me conviendra-t-il point, et cela m'inquiète.
LISETTE. - On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu'il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? Peut-on se figurer de mariage plus doux ? d'union plus délicieuse ?
SILVIA. - Délicieuse ! que tu es folle avec tes expressions.
LISETTE. - Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour ; sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : pardi, tout en sera bon, dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve.
SILVIA. - Oui, dans le portrait que tu en fais, et on dit qu'il y ressemble, mais c'est un on dit, et je pourrais bien n'être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c'est presque tant pis.
LISETTE. - Tant pis, tant pis, mais voilà une pensée bien hétéroclite !
SILVIA. - C'est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué.
LISETTE. - Oh, il a tort d'être fat mais il a raison d'être beau.
SILVIA. - On ajoute qu'il est bien fait ; passe.
LISETTE. - Oui-da, cela est pardonnable.
SILVIA. - De beauté, et de bonne mine, je l'en dispense, ce sont là des agréments superflus.
LISETTE. - Vertuchoux ! si je me marie jamais, ce superflu-là sera mon nécessaire.
SILVIA. - Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme : en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense ; on loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? Ces hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l'esprit ? n'en ai-je pas vu, moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? c'est la douceur, la raison, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve. Monsieur un tel a l'air d'un galant homme, d'un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d'Ergaste. Aussi l'est-il, répondait-on, je l'ai répondu moi-même, sa physionomie ne vous ment pas d'un mot. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison. Ergaste s'est marié, sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui.
LISETTE. - Quel fantasque avec ces deux visages !
SILVIA. - N'est-on pas content de Léandre quand on le voit ? Eh bien chez lui, c'est un homme qui ne dit mot, qui ne rit ni qui ne gronde ; c'est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n'a point de commerce avec elle, elle n'est mariée qu'avec une figure qui sort d'un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d'ennui tout ce qui l'environne ; n'est-ce pas là un mari bien amusant ?
LISETTE. - Je gèle au récit que vous m'en faites.



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Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme ou originalité de cette scène...

 

Présentation de personnages dans le cadre d'une joute oratoire

 

Scène argumentative sur le thème du mariage...

 

 

 

Quel sens attribuer au projet de la pièce maintenant ?

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Texte 3 : On ne badine pas avec l’amour (1834)

Lecture cursive

Musset (1810-1857)

du début à ''...(ils sortent).''

Acte I Scène 1
Maître Blazius, Dame Pluche, Le Choeur

Une place devant le château.

 

Le CHOEUR. - Doucement bercé sur sa mule fringante, messer Blazius s?avance dans les bleuets fleuris, vêtu de neuf, l?écritoire au côté. Comme un poupon sur l?oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et les yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster dans son triple menton. Salut, maître Blazius ; vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique.
Maître BLAZIUS. - Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d?importance m?apportent ici premièrement un verre de vin frais.
Le CHOEUR. - Voilà notre plus grande écuelle ; buvez, maître Blazius ; le vin est bon ; vous parlerez après.
Maître BLAZIUS. - Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d?atteindre à sa majorité, et qu?il est reçu docteur à Paris. Il revient aujourd?hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu?on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d?or ; il ne voit pas un brin d?herbe à terre, qu?il ne vous dise comment cela s?appelle en latin ; et quand il fait du vent ou qu?il pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins qu?il a coloriés d?encres de toutes couleurs, de ses propres mains et sans rien en dire à personne. Enfin c?est un diamant fin des pieds à la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur depuis l?âge de quatre ans ; ainsi donc, mes bons amis, apportez une chaise, que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou ; la bête est tant soit peu rétive, et je ne serais pas fâché de boire encore une gorgée avant d?entrer.
Le CHOEUR. - Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître le petit Perdican, et il n?était pas besoin, du moment qu?il arrive, de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l?enfant dans le c?ur de l?homme !
Maître BLAZIUS. - Ma foi, l?écuelle est vide ; je ne croyais pas avoir tout bu. Adieu ; j?ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à Monseigneur ; je vais tirer la cloche. (Il sort.)
Le CHOEUR. - Durement cahotée sur son âne essoufflé, dame Pluche gravit la colline ; son écuyer transi gourdine à tour de bras le pauvre animal, qui hoche la tête, un chardon entre les dents. Ses longues jambes maigres trépignent de colère, tandis que, de ses mains osseuses, elle égratigne son chapelet. Bonjour donc, dame Pluche, vous arrivez comme la fièvre, avec le vent qui fait jaunir les bois.
Dame PLUCHE. - Un verre d?eau, canaille que vous êtes ! un verre d?eau et un peu de vinaigre !
Le CHOEUR. - D?où venez-vous, Pluche, ma mie ? vos faux cheveux sont couverts de poussière ; voilà un toupet de gâté, et votre chaste robe est retroussée jusqu?à vos vénérables jarretières.
Dame PLUCHE. - Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd?hui au château. Elle a quitté le couvent sur l?ordre exprès de Monseigneur, pour venir en son temps et lieu recueillir, comme faire se doit, le bon bien qu?elle a de sa mère. Son éducation, Dieu merci, est terminée ; et ceux qui la verront auront la joie de respirer une glorieuse fleur de sagesse et de dévotion. Jamais il n?y a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe que cette chère nonnain que le Seigneur Dieu du ciel la conduise ! Ainsi soit-il. Rangez-vous, canaille ; il me semble que j?ai les jambes enflées.
Le CHOEUR. - Défripez-vous, honnête Pluche, et quand vous prierez Dieu, demandez de la pluie ; nos blés sont secs comme vos tibias.
Dame PLUCHE. - Vous m?avez apporté de l?eau dans une écuelle qui sent la cuisine ; donnez-moi la main pour descendre ; vous êtes des butors et des malappris. (Elle sort.)
Le CHOEUR. - Mettons nos habits du dimanche, et attendons que le baron nous fasse appeler. Ou je me trompe fort, ou quelque joyeuse bombance est dans l?air d?aujourd?hui. (Ils sortent.)


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Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme ou originalité de cette scène... Le Choeur // Le Prologue ?

 

Présentation de personnages : une galerie de portraits ?

 

 

 

 

 

Quel sens attribuer au projet de la pièce maintenant ?

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Texte 4 : Cyrano de Bergerac (1899)

Lecture cursive

Rostand (1810-1857)

du début à ''...et du Corneille.''

Premier Acte
Une représentation à l'hôtel de Bourgogne

 

La salle de l'Hôtel de Bourgogne, en 1640. Sorte de hangar de jeu de paume aménagé et embelli pour des représentations.
La salle est un carré long ; on la voit en biais, de sorte qu'un de ses côtés forme le fond qui part du premier plan, à droite, et va au dernier plan, à gauche, faire angle avec la scène qu'on aperçoit en pan coupé.
Cette scène est encombrée, des deux côtés, le long des coulisses, par des banquettes. Le rideau est formé par deux tapisseries qui peuvent s'écarter. Au-dessus du manteau d'Arlequin, les armes royales. On descend de l'estrade dans la salle par de longues marches. De chaque côté de ces marches, la place des violons. Rampe de chandelles...
Deux rangs superposés de galeries latérales : le rang supérieur est divisé en loges. Pas de sièges au parterre, qui est la scène même du théâtre ; au fond de ce parterre, c'est-à-dire à droite, premier plan, quelques bancs formant gradins et, sous un escalier qui monte vers des places supérieures et dont on ne voit que le départ, une sorte de buffet orné de petits lustres, de vases fleuris, de verres de cristal, d'assiettes de gâteaux, de flacons, etc.
Au fond, au milieu, sous la galerie de loges, l'entrée du théâtre. Grande porte qui s'entrebâille pour laisser passer les spectateurs. Sur les battants de cette porte, ainsi que dans plusieurs coins et au-dessus du buffet, des affiches rouges sur lesquelles on lit : La Clorise.
Au lever du rideau, la salle est dans une demi-obscurité, vide encore. Les lustres sont baissés au milieu du parterre, attendant d'être allumés.

 

Scène Première - LE PUBLIC, qui arrive peu à peu.
CAVALIERS, BOURGEOIS, LAQUAIS, PAGES, TIRE-LAINE, LE PORTIER, etc.,
puis LES MARQUIS, CUIGY, BRISSAILLE, LA DISTRIBUTRICE, LES VIOLONS, etc.


On entend derrière la porte un tumulte de voix, puis un cavalier entre brusquement.
LE PORTIER, le poursuivant. - Holà ! Vos quinze sols !
LE CAVALIER. -     J'entre gratis !
LE PORTIER. -             Pourquoi ?
LE CAVALIER. - Je suis chevau-léger de la maison du Roi !
LE PORTIER, à un autre cavalier qui vient d'entrer. - Vous ?
DEUXIEME CAVALIER. -       Je ne paye pas !
LE PORTIER. -                            Mais...
DEUXIEME CAVALIER. -                   Je suis mousquetaire.
PREMIER CAVALIER, au deuxième.
- On ne commence qu'à deux heures. Le parterre est vide.
Exerçons-nous au fleuret.
Ils font des armes avec des fleurets qu'ils ont apportés.
UN LAQUAIS, entrant. -          Pst... Flanquin...
UN AUTRE, déjà arrivé. -              Champagne ?...
LE PREMIER, lui montrant des jeux qu'ils sort de son pourpoint.
- Cartes. Dés. Il s'assied par terre.
LE DEUXIEME, même jeu. - Oui mon coquin.
PREMIER LAQUAIS, tirant de sa poche un bout de chandelle qu'il allume et colle par terre. -
J'ai soustrait à mon maître un peu de luminaire.
UN GARDE, à une bouquetière qui s'avance. -
C'est gentil de venir avant que l'on éclaire !... Il lui prend la taille.
UN DES BRETTEURS, recevant un coup de fleuret.
- Touche !
UN DES JOUEURS -     Trèfle !
LE GARDE, poursuivant la fille. -     Un baiser !
LA BOUQUETIERE, se dégageant. -       On voit !...
LE GARDE, l'entraînant dans les coins sombres. -     Pas de danger !
UN HOMME, s'asseyant par terre avec d'autres porteurs de provisions de bouche.
- Lorsqu'on vient en avance, on est bien pour manger.
UN BOURGEOIS, conduisant son fils.
- Plaçons-nous là, mon fils.
UN JOUEUR. -     Brelan d'as !
UN HOMME, tirant une bouteille de sous son manteau et s'asseyant aussi. - Un ivrogne
Doit boire son bourgogne... Il boit. ... à l'hôtel de Bourgogne !
LE BOURGEOIS, à son fils.
- Ne se croirait-on pas en quelque mauvais lieu ?
Il montre l'ivrogne du bout de sa canne.
Buveurs...
En rompant, un des cavaliers le bouscule.
    Bretteurs !
Il tombe au milieu des joueurs.
        Joueurs !
LE GARDE, derrière lui, lutinant toujours la femme :
            Un baiser !
LE BOURGEOIS, éloignant vivement son fils. - Jour de Dieu !
Et penser que c'est dans une salle pareille
Qu'on joua du Rotrou, mon fils !
LE JEUNE HOMME. -     Et du Corneille !
UNE BANDE DE PAGES, se tenant par la main, entre en farandole et chante.
- Tra la la la la la la la la la la lère...
LE PORTIER, sévèrement aux pages.
- Les pages, pas de farce !...
PREMIER PAGE, avec une dignité blessée.
-     Oh ! Monsieur ! ce soupçon !...
Vivement au deuxième, dès que le portier a tourné le dos.
As-tu de la ficelle ?
LE DEUXIEME. -     Avec un hameçon.
PREMIER PAGE. - On pourra de là-haut pêcher quelque perruque.
UN TIRE-LAINE, groupant autour de lui plusieurs hommes de mauvaise mine.
- Or çà, jeunes escrocs, venez qu'on vous éduque
Puis donc que vous volez pour la première fois...
DEUXIEME PAGE, criant à d'autres pages déjà placés aux galeries supérieures.
- Hep là ! Avez-vous des sarbacanes ?

TROISIEME PAGE, d'en haut. - Et des pois ! Il souffle et les crible de pois.

LE JEUNE HOMME, à son père.
- Que va-t-on nous jouer ?

LE BOURGEOIS. - Clorise

LE JEUNE HOMME. -     De qui est-ce ?

LE BOURGEOIS. - De monsieur Balthazar BARO. C'est une pièce !...
Il remonte au bras de son fils.

LE TIRE-LAINE, à ses acolytes.
- ... La dentelle surtout des canons, coupez-la !

UN SPECTATEUR, à un autre, lui montrant une encoignure élevée.
- Tenez, à la première du Cid, j'étais là !
LE TIRE-LAINE, faisant avec ses doigts le geste de subtiliser.
- Les montres...

LE BOURGEOIS, redescendant, à son fils.
-    Vous verrez des acteurs très illustres...

LE TIRE-LAINE, faisant le geste de tirer par petites secousses furtives.
- Les mouchoirs...

LE BOURGEOIS. - Montfleury...

QUELQU'UN, criant de la galerie supérieure. - Allumez donc les lustres !

LE BOURGEOIS. - .. Bellerose, l'Epy, la Beaupré, Jodelet !

UN PAGE, au parterre. - Ah ! voici la distributrice !...

LA DISTRIBUTRICE, paraissant derrière le buffet. - Oranges, lait,
Eau de framboise, aigre de cèdre... Brouhaha à la porte.

UNE VOIX DE FAUSSET. -        Place, brutes !

UN LAQUAIS, s'étonnant. - Les marquis !... au parterre ?...

UN AUTRE LAQUAIS. -       Oh ! pour quelques minutes.
Entre une bande de petits marquis.

UN MARQUIS, voyant la salle à moitié vide.
- Hé quoi ! Nous arrivons ainsi que les drapiers,
Sans déranger les gens ? sans marcher sur les pieds
Ah ! fi ! fi ! fi ! Il se trouve devant d'autres gentilshommes entrés peu avant.
      Cuigy ! Brissaille !
Grandes embrassades.
CUIGY. -        Des fidèles !...
Mais oui, nous arrivons devant que les chandelles...
LE MARQUIS. - Ah ! ne m'en parlez pas ! Je suis dans une humeur...
UN AUTRE. - Console-toi, marquis, car voici l'allumeur !
LA SALLE, saluant l'entrée de l'allumeur.
- Ah !...On se groupe autour des lustres qu'il allume. Quelques personnes ont pris place aux galeries. Lignière entre au parterre, donnant le bras à Christian de Neuvillette.
Lignière, un peu débraillé, figure d'ivrogne distingué. Christian, vêtu élégamment, mais d'une façon un peu démodée, paraît préoccupé et regarde les loges.



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Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : complète ou incomplète

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme ou originalité de cette scène... Rôle des personnages ?

 

Présentation de personnages : une galerie de portraits ?

 

 

 

 

 

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Texte 5 : Antigone (1944)

Lecture analytique

Jean Anouilh (1910-1987)

de ''Un décor neutre...'' à ''...maison qui dort.''

Acte I Scène 1.

 

Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes. Le prologue se détache et s'avance.
LE PROLOGUE - Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir.
Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c'est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d'Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu'Antigone, et puis un soir, un soir de bal où il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d'être sa femme. Personne n'a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit "oui" avec un petit sourire triste... L'orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d'Antigone. Il ne savait pas qu'il ne devait jamais exister de mari d'Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.
Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c'est Créon. C'est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d'OEdipe, quand il n'était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais OEdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place.
Quelquefois le soir, il est fatigué, et il se demande s'il n'est pas vain de conduire les hommes. Si cela n'est pas un office sordide qu'on doit laisser à d'autres, plus frustes... Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.
La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c'est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d'aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.
Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c'est le Messager. C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà...
Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leur chapeau sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d'eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu'à ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté ordonne de l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.
Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d' OEdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville. Étéocle l'aîné, au terme de la première année de pouvoir ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu'à Étéocle, le bon frère, il serait fait d'imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.
Pendant que le Prologue parlait les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L'éclairage s'est modifié sur la scène. C'est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort.



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Étude menée par : ...

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ?

Une scène informative : dialogue à l'intention du spectateur

Ouverture externe (culturelle) ou interne (la fable) ET vers une question d'entretien préparée

Conformisme ou originalité de cette scène... Serait-elle choquante au XVIIe siècle ?

 

Présentation de personnages : une galerie de portraits

 

Le Prologue (personnage) fait à la fois des portraits et un résumé...

 

 

 

Quel sens attribuer au projet de la pièce maintenant ?

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