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Objet d'étude :
La Poésie (le travail poétique sur le langage)

Problématique : En quoi l'écriture poétique est-elle un engagement ?

I- À lire : 2 textes complémentaires et théoriques

Texte 1 - Texte 2 -

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Texte 1 : Toute la lyre (1888)

Poésie didactique ? Lecture cursive

Victor HUGO
(1802-1885)

L'amour fut --> la patte à son chien.


Bon conseil aux amants

L'amour fut de tout temps un bien rude Ananké. 
Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué, 
Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ; 
On met le naturel de côté ; bête brute, 
On se fait ange ; on est le nain Micromégas ; 
Surtout on ne fait point chez elle de dégâts ; 
On se tait, on attend, jamais on ne s'ennuie, 
On trouve bon le givre et la bise et la pluie, 
On n'a ni faim, ni soif, on est de droit transi ; 
Un coup de dent de trop vous perd. Oyez ceci :

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Était fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut :
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était ce jour-là sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige en décembre.
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d'enfant. On s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme.
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

Or, c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle, et soyez plein d'astuce ;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien.

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Texte 2 : Contes et nouvelles, 1665

Poésie didactique ? Lecture cursive

La Fontaine
(1621 - 1695)

Messire Artus --> l'avoir si mal pris.


Le mari confesseur

"Messire Artus sous le grand roi François,
Alla servir aux guerres d'Italie ;
Tant qu'il se vit, après maints beaux exploits, 
Fait chevalier en grand' cérémonie. 
Son général lui chaussa l'éperon ; 
Dont il croyait que le plus haut baron 
Ne lui dût plus contester le passage. 
Si s'en revint tout fier en son village, 
Où ne surprit sa femme en oraison. 
Seule il l'avait laissée à la maison ; 
Il la retrouve en bonne compagnie, 
Dansant, sautant, menant joyeuse vie, 
Et des muguets avec elle à foison.
Messire Artus ne prit goût à l'affaire ; 
Et ruminant sur ce qu'il devait faire 
« Depuis que j'ai mon village quitté, 
Si j'étais crû, dit-il, en dignité 
De cocuage et de chevalerie ? 
C'est moitié trop : sachons la vérité. » 
Pour ce s'avise, un jour de confrérie, 
De se vêtir en prêtre, et confesser. 
Sa femme vient à ses pieds se placer. 
De prime abord sont par la bonne dame 
Expédiés tous les péchés menus ; 
Puis, à leur tour les gros étant venus, 
Force lui fut qu'elle changeât de gamme. 
« Père, dit-elle, en mon lit sont reçus
Un gentilhomme, un chevalier, un prêtre. » 
Si le mari ne se fût fait connaître, 
Elle en allait enfiler beaucoup plus ; 
Courte n'était, pour sûr, la kyrielle.
Son mari donc l'interrompt là-dessus, 
Dont bien lui prit : « Ah ! dit-il, infidèle ! 
Un prêtre même ! À qui crois-tu parler ? 
- À mon mari, dit la fausse femelle, 
Qui d'un tel pas se sut bien démêler, 
Je vous ai vu dans ce lieu vous couler, 
Ce qui m'a fait douter du badinage. 
C'est un grand cas qu'étant homme si sage 
Vous n'ayez su l'énigme débrouiller ! 
On vous a fait, dites-vous, chevalier ; 
Auparavant vous étiez gentilhomme ; 
Vous êtes prêtre avecque ces habits. 
- Béni soit Dieu ! dit alors le bon homme ; 
Je suis un sot de l'avoir si mal pris. »


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