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Objet d'étude :
Un Mouvement littéraire et culturel européen
(du XVIe au XVIIIe)

Problématique : Du libertinage à la philosophie, comment promouvoir une liberté de penser ?

I - Plan de travail : rappel du corpus

Étude d'une oeuvre intégraleParcours Prolongements
lectures complémentaires
Iconographie
études complémentaires
Prolongements
études complémentaires
Les Liaisons dangereuses
Lettre VI (ext.)
Point de lendemain (Vivant Denon)
La Chercheuse de Puce (Crespi)
''Qu'est-ce que les Lumières'' (Kant)
(Choderlos de Laclos)
Lettre LXXI (ext.)
Contes
(La Fontaine, ''Le mari confesseur'')
Les Hasards heureux... (Fragonard)
OI, Point de lendemain (V. Denon)
au siècle des Lumières
Lettre XCVIII
 
La Leçon de musique (Fragonard)
 
 
Lettre CLXXV
 
Le colin maillard (Fragonard 1770)
 
 
 ...
 
La balançoire
(Lancret vers 1740
Dom Juan I-2 : l'inconstance

II- Analyse des 5 textes :

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Texte 1 : Les Liaisons dangereuses (1782)

Lecture analytique

Choderlos de Laclos
(1741 - 1803)

Elle est ''prude et dévote'' --> perdu sans ressource.



Extraits de la lettre VI


Le Vicomte répond à Mme de Merteuil. Celui-ci fait un portrait élogieux de Mme de Tourvel qu'il convoite. Puis, pour mieux peindre Mme de Tourvel, il raconte une ''promenade''...

LE VICOMTE DE VALMONT À LA MARQUISE DE MERTEUIL

    [Mme de Tourvel] est ''prude et dévote'', et de là vous la jugez ''froide et inanimée'' ? Je pense bien différemment. Quelle étonnante sensibilité ne faut-il pas avoir pour la répandre jusque sur son mari, et pour aimer toujours un être toujours absent. Quelle preuve plus forte pourriez-vous désirer ?
    J'ai su pourtant m'en procurer une autre.
    J'ai dirigé sa promenade de manière qu'il s'est trouvé un fossé à franchir ; et, quoique fort leste, elle est encore plus timide : vous jugez bien qu'une prude craint de sauter le fossé . Il a fallu se confier à moi. J'ai tenu dans mes bras cette femme modeste. Nos préparatifs et le passage de ma vieille tante avaient fait rire aux éclats la folâtre dévote : mais, dès que je me fus emparé d'elle, par une adroite gaucherie, nos bras s'enlacèrent mutuellement. Je pressai son sein contre le mien ; et, dans ce court intervalle, je sentis son cœur battre plus vite. L'aimable rougeur vint colorer son visage, et son modeste embarras m'apprit assez que son cœur avait palpité d'amour et non de crainte. Ma tante cependant s'y trompa comme vous, et se mit à dire : ''L'enfant a eu peur''; mais la charmante candeur de l'enfant ne lui permit pas le mensonge, et elle répondit naïvement : ''Oh non, mais...'' Ce seul mot m'a éclairé. Dès ce moment, le doux espoir a remplacé la cruelle inquiétude. J'aurai cette femme ; je l'enlèverai au mari qui la profane : j'oserai la ravir au dieu même qu'elle adore. Quel délice d'être tour à tour l'objet et le vainqueur de ses remords ! Loin de moi l'idée de détruire les préjugés qui l'assiègent ! ils ajouteront à mon bonheur et à ma gloire. Qu'elle croie à la vertu, mais qu'elle me la sacrifie ; que ses fautes l'épouvantent sans pouvoir l'arrêter ; et qu'agitée de mille terreurs, elle ne puisse les oublier, les vaincre que dans mes bras. Qu'alors j'y consens, elle me dise : ''Je t'adore'' ; elle seule, entre toutes les femmes, sera digne de prononcer ce mot. Je serai vraiment le Dieu quelle aura préféré.
    Soyons de bonne foi ; dans nos arrangements, aussi froids que faciles, ce que nous appelons bonheur est à peine un plaisir. Vous le dirai-je ? Je croyais mon cœur flétri, et ne me trouvant plus que des sens, je me plaignais d'une vieillesse prématurée. Madame de Tourvel m'a rendu les charmantes illusions de la jeunesse. Auprès d'elle, je n'ai pas besoin de jouir pour être heureux. La seule chose qui m'effraie, est le temps que va me prendre cette aventure ; car je n'ose rien donner au hasard. J'ai beau me rappeler mes heureuses témérités, je ne puis me résoudre à les mettre en usage. Pour que je sois vraiment heureux, il faut qu'elle se donne ; et ce n'est pas une petite affaire. Je suis sûr que vous admireriez ma prudence. Je n'ai pas encore prononcé le mot d'amour ; mais déjà nous en sommes à ceux de confiance et d'intérêt. Pour la tromper le moins possible, et surtout pour prévenir l'effet des propos qui pourraient lui revenir, je lui ai raconté moi- même, et comme en m'accusant, quelques-uns de mes traits les plus connus. Vous ririez de voir avec quelle candeur elle me prêche. Elle veut, dit-elle, me convertir. Elle ne se doute pas encore de ce qu'il lui en coûtera pour le tenter. Elle est loin de penser qu'en plaidant, pour parler comme elle, pour les infortunées que j'ai perdues, elle parle d'avance dans sa propre cause. Cette idée me vint hier au milieu d'un de ses sermons, et je ne pus me refuser au plaisir de l'interrompre, pour l'assurer qu'elle parlait comme un prophète. Adieu, ma très belle amie. Vous voyez que je ne suis pas perdu sans ressource.








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Étude menée par : 1 S

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

 

 

 

 

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Texte 2 : Les Liaisons dangereuses (1782)

Lecture analytique

Choderlos de Laclos
(1741 - 1803)

Mon étourdi de chasseur --> notre rendez-vous.


Extraits de la lettre LXXI
LE VICOMTE DE VALMONT À LA MARQUISE DE MERTEUIL


    Mon étourdi de chasseur n'a-t-il pas laissé mon portefeuille à Paris ! les Lettres de ma belle, celles de Danceny pour la petite Volanges, tout est resté, et j'ai besoin de tout. Il va partir pour réparer sa sottise ; et tandis qu'il selle son cheval, je vous raconterai mon histoire de cette nuit : car je vous prie de croire que je ne perds pas mon temps.
    L'aventure, par elle-même, est bien peu de chose ; ce n'est qu'un réchauffé avec la vicomtesse de M... Mais elle m'a intéressé par les détails. Je suis bien aise d'ailleurs de vous faire voir que si j'ai le talent de perdre les femmes, je n'ai pas moins, quand je veux, celui de les sauver. Le parti le plus difficile, ou le plus gai, est toujours celui que je prends ; et je ne me reproche pas une bonne action, pourvu qu'elle m'exerce ou m'amuse.
    J'ai donc trouvé la vicomtesse ici, et comme elle joignait ses instances aux persécutions qu'on me faisait pour passer la nuit au château : ''Eh bien ! j'y consens lui dis-je, à condition que je la passerai avec vous.'' - ''Cela m'est impossible, me répondit-elle, Vressac est ici.'' Jusque-là je n'avais cru que lui dire une honnêteté mais ce mot d'impossible me révolta comme de coutume. Je me sentis humilié d'être sacrifié à Vressac, et je résolus de ne le pas souffrir : j'insistai donc.
    Les circonstances ne m'étaient pas favorables. Ce Vressac a eu la gaucherie de donner de l'ombrage au vicomte ; en sorte que la vicomtesse ne peut plus le rece-voir chez elle : et ce voyage chez la bonne comtesse avait été concerté entre eux, pour tâcher d'y dérober quelques nuits. Le vicomte avait même d'abord montré de l'hu-meur d'y rencontrer Vressac ; mais comme il est encore plus chasseur que jaloux, il n'en est pas moins resté : et la comtesse, toujours telle que vous la connaissez, après avoir logé la femme dans le grand corridor, a mis le mari d'un côté et l'amant de l'autre, et les a laissés s'ar-ranger entre eux. Le mauvais destin de tous deux a voulu que je fusse logé vis-à-vis.
    Ce jour-là même, c'est-à-dire hier, Vressac, qui, comme vous pouvez croire, cajole le vicomte, chassait avec lui, malgré son peu de goût pour la chasse, et comptait bien se consoler la nuit, entre les bras de la femme, de l'ennui que le mari lui causait tout le jour : mais moi, je jugeai qu'il aurait besoin de repos, et je m'occupai des moyens de décider sa maîtresse à lui laisser le temps d'en prendre.
    Je réussis, et j'obtins qu'elle lui ferait une querelle de cette même partie de chasse, à laquelle, bien évidemment, il n'avait consenti que pour elle. On ne pouvait prendre un plus mauvais prétexte : mais nulle femme n'a mieux que la vicomtesse ce talent, commun à toutes, de mettre l'humeur à la place de la raison, et de n'être jamais si difficile à apaiser que quand elle a tort. Le moment d'ail-leurs n'était pas commode pour les explications ; et ne voulant qu'une nuit, je consentais qu'ils se raccommodassent le lendemain.
    Vressac fut donc boudé à son retour. Il voulut en demander la cause, on le querella. Il essaya de se justifier ; le mari qui était présent, servit de prétexte pour rompre la conversation ; il tenta enfin de profiter d'un moment où le mari était absent, pour demander qu'on voulût bien l'entendre le soir : ce fut alors que la vicomtesse devint sublime. Elle s'indigna contre l'audace des hommes qui, parce qu'ils ont éprouvé les bontés d'une femme, croient avoir le droit d'en abuser encore, même alors qu'elle a à se plaindre d'eux ; et ayant changé de thèse par cette adresse, elle parla si bien délicatesse et sentiment, que Vressac resta muet et confus ; et que moi-même je fus tenté de croire qu'elle avait raison : car vous saurez que comme ami de tous deux, j'étais en tiers dans cette conver-sation.
    Enfin, elle déclara positivement qu'elle n'ajouterait pas, les fatigues de l'amour à celles de la chasse, et qu'elle se reprocherait de troubler d'aussi doux plaisirs. Le mari rentra. Le désolé Vressac, qui n'avait plus la liberté de répondre, s'adressa à moi ; et après m'avoir fort longue-ment conté ses raisons, que je savais aussi bien que lui, il me pria de parler à la vicomtesse, et je le lui promis. Je lui parlai en effet ; mais ce fut pour la remercier, et convenir avec elle de l'heure et des moyens de notre rendez-vous.


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Étude menée par : Camille D.

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Comment l'auteur nous montre-t-il ici le portrait de deux libertins ?

L'art de se raconter (Valmont)

Ouverture sur les autres portraits de Valmont

Vicontesse de M... et Marquise de M...erteuil

 

L'art de la manipulation au féminin

Portraits des naïfs : Vressac et le mari

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Texte 3 : Les Liaisons dangereuses (1782)

Lecture analytique

Choderlos de Laclos
(1741 - 1803)

Quel parti prendre pourtant --> Du château de... Ce 2 octobre 17**.


Extraits de la lettre XCVIII


Un quiproquo ? Mme de Volanges décrit le désarroi de sa fille qu'elle croit dû à cette ''malheureuse passion qui la tourmente''...

MADAME DE VOLANGES À LA MARQUISE DE MERTEUIL

    Quel parti prendre pourtant, si cela dure ? ferai-je le malheur de ma fille ? tournerai-je contre elle les qualités les plus précieuses de l'âme, la sensibilité et la constance ? est-ce pour cela que je suis sa mère ? et quand j'étoufferais ce sentiment si naturel qui nous fait vouloir le bonheur de nos enfants ; quand je regarderais comme une faiblesse, ce que je crois, au contraire, le premier, le plus sacré de nos devoirs ; si je force son choix, n'aurai-je pas à répondre des suites funestes qu'il peut avoir ? Quel usage à faire de l'autorité maternelle, que de placer sa fille entre le crime et le malheur ! Mon amie, je n'imiterai pas ce que j'ai blâmé si souvent. J'ai pu, sans doute, tenter de faire un choix pour ma fille ; je ne faisais en cela que l'aider de mon expérience : ce n'était pas un droit que j'exerçais, je remplissais un devoir. J'en trahirais un, au contraire, en disposant d'elle au mépris d'un penchant que je n'ai pas su empêcher de naître et dont ni elle, ni moi, ne pouvons connaître ni l'étendue ni la durée. Non, je ne souffrirai point qu'elle épouse celui-ci pour aimer celui-là, et j'aime mieux compromettre mon autorité que sa vertu.
    Je crois donc que je vais prendre le parti le plus sage de retirer la parole que j'ai donnée à M. de Gercourt. Vous venez d'en voir les raisons ; elles me paraissent devoir l'emporter sur mes promesses. Je dis plus : dans l'état où sont les choses, remplir mon engagement, ce serait, véritablement le violer. Car enfin, si je dois à ma fille de ne pas livrer son secret à M. de Gercourt, je dois au moins à celui-ci de ne pas abuser de l'ignorance où je le laisse, et de faire pour lui, tout ce que je crois qu'il ferait lui-même, s'il était instruit. Irai-je, au contraire, le trahir indignement, quand il se livre à ma foi et, tandis qu'il m'honore en me choisissant pour sa seconde mère, le tromper dans le choix qu'il veut faire de la mère de ses enfants ? Ces réflexions si vraies et auxquelles je ne peux me refuser, m'alarment plus que je ne puis vous dire.
    Aux malheurs qu'elles me font redouter, je compare ma fille, heureuse avec l'époux que son cœur a choisi, ne connaissant ses devoirs que par la douceur qu'elle trouve à les remplir ; mon gendre également satisfait et se félicitant, chaque jour, de son choix ; chacun d'eux ne trouvant de bonheur que dans le bonheur de l'autre, et celui de tous deux se réunissant pour augmenter le mien. L'espoir d'un avenir si doux, doit-il être sacrifié à de vaines considérations ? Et quelles sont celles qui me retiennent uniquement des vues d'intérêt. De quel avantage sera-t-il donc pour ma fille d'être née riche, si elle n'en doit pas moins être esclave de la fortune ? Je conviens que M. de Gercourt est un parti meilleur, peut-être, que je ne devais l'espérer pour ma fille ; j'avoue même que j'ai été extrêmement flattée du choix qu'il a fait d'elle. Mais enfin, Danceny est d'une aussi bonne maison que lui ; il ne lui cède en rien pour les qualités personnelles ; il a sur M. de Gercourt l'avantage d'aimer et d'être aimé : il n'est pas riche à la vérité ; mais ma fille ne l'est-elle pas assez pour eux deux ? Ah ! pour-quoi lui ravir la satisfaction si douce d'enrichir ce qu'elle aime !
    Ces mariages qu'on calcule au lieu de les assortir, qu'on appelle de convenance, et où tout se convient en effet, hors les goûts et les caractères, ne sont-ils pas la source la plus féconde de ces éclats scandaleux qui deviennent tous les jours plus fréquents ? J'aime mieux différer : au moins j'aurai le temps d'étudier ma fille que je ne connais pas. Je me sens bien le courage de lui causer un chagrin passager, si elle en doit recueillir un bonheur plus solide : mais de risquer de la livrer à un désespoir éternel, cela n'est pas dans mon cœur.
    Voilà, ma chère amie, les idées qui me tourmentent, et sur quoi je réclame vos conseils. Ces objets sévères contrastent beaucoup avec votre aimable gaieté, et ne paraissent guère de votre âge : mais votre raison l'a tant devancé ! Votre amitié d'ailleurs aidera votre prudence ; et je ne crains point que l'une ou l'autre se refusent à la sollicitude maternelle qui les implore. Adieu, ma charmante amie ; ne doutez jamais de la sincérité de mes sentiments.
Du château de... Ce 2 octobre 17**.







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Étude menée par : Élise A.

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi Mme de VOLANGES se montre-t-elle ici comme une mère soucieuse pour le bonheur de sa fille ?

Amour maternel et hésitation

Ouverture sur la confiance mal placée

Indécision et ''suites funestes''

 

Une mère contre les mariages organisés ?

 

 

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Texte 4 : Les Liaisons dangereuses (1782)

Lecture cursive

Choderlos de Laclos
(1741 - 1803)

Vous avez raison, --> Paris, ce 26 décembre 17**.


Extraits de la lettre CLXXIV
LE CHEVALIER DANCENY À MADAME DE ROSEMONDE


    Vous avez raison, Madame, et sûrement je ne vous refuserai rien de ce qui dépendra de moi, et à quoi vous paraîtrez attacher quelque prix. Le paquet que j'ai l'honneur de vous adresser contient toutes les lettres de mademoiselle de Volanges. Si vous les lisez, vous ne verrez peut-être pas sans étonnement qu'on puisse réunir tant d'ingénuité et tant de perfidie. C'est, au moins, ce qui m'a frappé le plus dans la dernière lecture que je viens d'en faire.
    Mais surtout, peut-on se défendre de la plus vive indignation contre madame de Merteuil, quand on se rappelle avec quel affreux plaisir elle a mis tous ses soins à abuser de tant d'innocence et de candeur ?
    Non, je n'ai plus d'amour. Je ne conserve rien d'un sentiment si indignement trahi ; et ce n'est pas lui qui me fait chercher à justifier mademoiselle de Volanges. Mais cependant, ce cœur si simple, ce caractère si doux et si facile, ne se seraient-ils pas portés au bien, plus aisément encore qu'ils ne se sont laissés entraîner vers le mal ? Quelle jeune personne, sortant de même du couvent, sans expérience et presque sans idées, et ne portant dans le monde, comme il arrive presque toujours alors, qu'une égale ignorance du bien et du mal ; quelle jeune personne, dis-je, aurait pu résister davantage à de si coupables artifices ? Ah ! pour être indulgent, il suffit de réfléchir à combien de circonstances indépendantes de nous, tient l'alternative effrayante de la délicatesse, ou de la dépravation de nos sentiments. Vous me rendiez donc justice, Madame, en pensant que les torts de mademoiselle de Volanges, que j'ai sentis bien vivement, ne m'inspirent pourtant aucune idée de vengeance. C'est bien assez d'être obligé de renoncer à l'aimer ! il m'en coûterait trop de la haïr.
    Je n'ai eu besoin d'aucune réflexion pour désirer que tout ce qui la concerne, et qui pourrait lui nuire, restât à jamais ignoré de tout le monde. Si j'ai paru différer quelque temps de remplir vos désirs à cet égard, je crois pouvoir ne pas vous en cacher le motif : j'ai voulu auparavant être sûr que je ne serais point inquiété sur les suites de ma malheureuse affaire. Dans un temps où je demandais votre indulgence, où j'osais même croire y avoir quelques droits, j'aurais craint d'avoir l'air de l'acheter en quelque sorte par cette condescendance de ma part ; et, sûr de la pureté de mes motifs, j'ai eu, je l'avoue, l'orgueil de vouloir que vous ne pussiez en douter. J'espère que vous pardonnerez cette délicatesse, peut-être trop susceptible, à la vénération que vous m'inspirez, au cas que je fais de votre estime.
    Le même sentiment me fait vous demander, pour dernière grâce, de vouloir bien me faire savoir si vous jugez que j'aie rempli tous les devoirs qu'ont pu m'imposer les malheureuses circonstances dans lesquelles je me suis trouvé. Une fois tranquille sur ce point, mon parti est pris ; je pars pour Malte : j'irai y faire avec plaisir, et y garder religieusement des vœux qui me sépareront d'un monde dont, si jeune encore, j'ai déjà eu tant à me plaindre ; j'irai enfin chercher à perdre, sous un Ciel étranger, l'idée de tant d'horreurs accumulées, et dont le souvenir ne pourrait qu'attrister et flétrir mon âme. Je suis avec respect, Madame, votre très humble, etc.





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Étude menée par : 1 S

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

 

 

 

 

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Texte 5 : Les Liaisons dangereuses (1782)

Lecture analytique

Choderlos de Laclos
(1741 - 1803)

Le sort de madame --> Paris, ce 14 janvier 17**.


Extraits de la lettre CLXXV
MADAME DE VOLANGES À MADAME DE ROSEMONDE


    Le sort de madame de Merteuil paraît enfin rempli, ma chère et digne amie, et il est tel que ses plus grands ennemis sont partagés entre l'indignation qu'elle mérite, et la pitié qu'elle inspire. J'avais bien raison de dire que ce serait peut-être un bonheur pour elle de mourir de sa petite vérole. Elle en est revenue, il est vrai, mais affreusement défigurée ; et elle y a particulièrement perdu un œil. Vous jugez bien que je ne l'ai pas revue : mais on m'a dit qu'elle était vraiment hideuse.
    Le marquis de ***, qui ne perd pas l'occasion de dire une méchanceté, disait hier, en parlant d'elle, que la maladie l'avait retournée, et qu'à présent son âme était sur sa figure. Malheureusement tout le monde trouva que l'expression était juste. Un autre événement vient d'ajouter encore à ses disgrâces et à ses torts. Son procès a été jugé avant-hier et elle l'a perdu tout d'une voix. Dépens, dommages et intérêts, restitution des fruits, tout a été adjugé aux mineurs : en sorte que le peu de sa fortune qui n'était pas compromis dans ce procès est absorbé, et au-delà, par les frais.
    Aussitôt qu'elle a appris cette nouvelle, quoique malade encore, elle a fait ses arrangements, et est partie seule dans la nuit et en poste. Ses gens disent, aujourd'hui, qu'aucun d'eux n'a voulu la suivre. On croit qu'elle a pris la route de la Hollande.
    Ce départ fait plus crier encore que tout le reste ; en ce qu'elle a emporté ses diamants, objet très considérable, et qui devait rentrer dans la succession de son mari ; son argenterie, ses bijoux ; enfin, tout ce qu'elle a pu ; et qu'elle laisse après elle pour près de 50.000 livres de dettes. C'est une véritable banqueroute.
    La famille doit s'assembler demain pour voir à prendre des arrangements avec les créanciers. Quoique parente bien éloignée, j'ai offert d'y concourir : mais je ne me trouverai pas à cette assemblée, devant assister à une cérémonie plus triste encore. Ma fille prend demain un habit de postulante. J'espère que vous n'oublierez pas, ma chère amie, que dans ce grand sacrifice que je fais, je n'ai d'autre motif, pour m'y croire obligée, que le silence que vous avez gardé vis-à-vis de moi.
    M. Danceny a quitté Paris, il y a près de quinze jours. On dit qu'il va passer à Malte, et qu'il a le projet de s'y fixer. II serait peut-être encore temps de le retenir ?... Mon amie !... ma fille est donc bien coupable ?... Vous pardonnerez sans doute à une mère de ne céder que difficilement à cette affreuse certitude.
    Quelle fatalité s'est donc répandue autour de moi depuis quelque temps, et m'a frappée dans les objets les plus chers ! Ma fille, et mon amie !
    Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse ? et quelles peines ne s'éviterait-on point en y réfléchissant davantage ! Quelle femme ne fuirait pas au premier propos d'un séducteur ? Quelle mère pourrait, sans trembler, voir une autre personne qu'elle parler à sa fille ? Mais ces réflexions tardives n'arrivent jamais qu'après l'événement ; et l'une des plus importantes vérités, comme aussi peut-être des plus généralement reconnues, reste étouffée et sans usage dans le tourbillon de nos mœurs inconséquentes.
    Adieu, ma chère et digne amie ; j'éprouve en ce moment que notre raison, déjà si insuffisante pour prévenir nos malheurs, l'est encore davantage pour nous en consoler .

Paris, ce 14 janvier 17**.





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Étude menée par : Marielle B.

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi ce texte nous montre-t-il la déchéance des libertins ?

Portrait de Mme de Merteuil

Ouverture sur la morale de cette histoire

 

Nous propose-t-on pour autant le triomphe des naïfs ?

Danceny, Cécile et les autres...

 

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