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Autobiographie (L)

Objet d'étude :
Les Réécritures

Problématique : Dans quelle mesure réécrire c'est ''revoir'' ?


I - Plan de travail : rappel du corpus

Relectures et adaptationsParcours Groupement de textes
(lecture Analytique)
Iconographie et représentation
études complémentaires
Prolongement
(lecture cursive)

Dom Juan

Dom Juan de Mesguish

Dom Juan (Weber, ''Vous avez...'')

Adaptations
(Dom Juan)

Les Châtiments, ''La nuit du 4'' en prose (V. Hugo)

Les Liaisons Dangereuses

Les Liaisons Dangereuses de Frears

Dom Juan (Acte I scène 0 - ''Prologue'' à la manière d'Anouilh - travail d'élève)

Dom Juan (Weber)

Les Châtiments ''La nuit du 4'' poème (V. Hugo)

le texte poétique ou romanesque...

La Condition Humaine

L'Affiche Rouge (Aragon, ''..'')

Adaptations cinématographiques Liaisons, Stupeur et...

Témoignages : (prose et poème) L'Affiche Rouge)

...

 

Pollen (Wintrebert) l'incipit // Malraux

Pastiches (La Joconde)

Brouillons (Mme Bovary, Flaubert)

 

 

La Condition H. la scène de rupture adaptée au théâtre (travail d'élève)

 

La Passion considérée... (Jarry)

II- Analyse des 5 textes :

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Texte 1 : Dom Juan cadré par Jacques Weber, 1949 xxx

Lecture cursive

Entretiens
(1999)

De ''Pécheur impénitent...'' à ''...ouverte et ambiguë.''

Dom Juan cadré par Jacques Weber

 

     Pécheur impénitent au XVIIe siècle, puis révolté romantique, Don juan apparaît au XXe siècle comme un héros fatigué par la somme des interprétations dont il est l’objet. C’est de cette lente érosion que parle le mythe. Jacques Weber, Don Juan au théâtre comme au cinéma, s’entretient avec Christian Biet et Jean Marie Laclavetine de la lecture, tout imprégnée par une philosophie de l’errance, qu’il a voulu en donner dans son film.


- Vous avez joué Dom Juan au théâtre. Pourquoi avoir voulu en faire un film ?
- J'ai beaucoup joué Molière je suis un de ceux qui ont le plus joué Molière et j'ai toujours eu envie de faire du cinéma. Il a donc fallu qu'un jour je me projette dans cet espace de liberté qu'est le cinéma en partant de la pièce la plus libre qui soit : Dom Juan. Aussi bien par sa structure que par le personnage lui-même et son mouvement perpétuel d'errance, Dom Juan donne l'impression très violente d'un échappement de la scène : il s'agit de dire que le monde est, simplement mais radicalement. Et la violence de cette liberté, essentielle, ici éclate, dans un matérialisme fascinant. Il fallait enfin que ce personnage sorte de la scène, presque en silence, et c'est ce silence que le film raconte. Devant le fracas des mots, des explications de Sganarelle, Don Juan parle à peine et ne répond qu'une chose : que le monde est.
- Pour construire ce film, vous avez recomposé Dom Juan à votre manière.
- Il était question que dans ce film je raconte une histoire. Or nous sommes devant un mythe auquel il faut trouver un peu de chair et d'os pour que puisse naître un film vivant. L'aspect transcendantal que le théâtre, par son éclairage, sa diction ou son décor peut imprimer, le cinéma ne le peut pas. Il faut dès lors redonner corps à Don Juan, ce personnage qui était devenu une chose abstraite. Je n'avais pas de technique particulière. J'ai fait un acte par semaine et j'avançais dans le brouillard en me piégeant moi même. Comment déterminer des échos ? Là était ma question majeure sans jamais oublier le récit, ni le fait que les personnages ne dialoguent pas mais s'interpellent. Le récit que j'ai alors construit ne répond pas à la structure dramatique du XVIIe siècle, mais à une structure de récit moderne, avec ses ellipses, ses questions sans réponse, son doute. Sganarelle et Don Juan sont deux parallèles en marche ; l'un et l'autre parlent. Se parlent ils ? La parole de l'un affronte le silence de l'autre, champ/contre champ. Une chose les lie, c'est qu'il y a «quelque chose» qu'ils ne comprennent pas. Mais leur attitude est radicalement différente face à cette incompréhension. Sganarelle ne cesse de poser des questions brutalement et donne des réponses lamentables. Don Juan, lui, en reste là, au constat de cette incompréhension radicale. Au moment de sa mort, j'ai voulu que Don Juan dise « où faut il aller ?» sans qu'aucune réponse ne soit possible : parce qu'il n'est pas question de Dieu et qu'il n'en sera jamais question, il n'y a pas de réponse. Sganarelle et Don Juan se livrent à une quête du sens, mais parallèlement, sans jamais se rejoindre. L'un répond, et mal, l'autre ne répond pas.
- On a l'impression que, chez vous, Don Juan a perdu tout intérêt pour la parade sociale.
- En effet. Sganarelle, lui, a encore le souci de paraître. Don Juan est au delà de tout cela. Ce qui domine chez lui, c'est l'épuisement. Devant les paysannes, il reste nonchalant, oisif, et n'utilise que deux mots pour les séduire : "mariage", "noblesse"... Et tout cela n'est pas du cynisme, mais, pour Molière, la dénonciation de la fausseté du langage : ce qui est vrai peut être faux et vice versa. Don Juan est, avec Tartuffe, le personnage le plus authentique de Molière, plus qu'Elvire. Elvire ne réclame que du paraître, elle veut des mots, des paroles qui mettraient Don Juan en règle avec Dieu ; le père de Don Juan ne souhaite après tout que l'apparence d'un fils qu'il peut présenter en société. Face à un Sganarelle, bas, lamentable, Don Juan est un homme authentique et traqué, un chasseur chassé qui s'épuise au long de cette longue traque, dans le silence. Et puis, moi, j'ai eu très envie de me moquer du père de Don Juan. Michaël Lonsdale a été parfait pour cela : une fois que Don Juan a affirmé son désir de rentrer dans le rang et que les apparences sont sauvées, Don Louis peut à nouveau recevoir, rappeler sur scène la mère aimante, montrer son fils aux cardinaux et s'ennuyer en écoutant Monteverdi ! Lui aussi est un homme de vanité, infiniment ridicule et pathétique.
- Au centre de la pièce de Molière, à l'acte III, figure la fameuse scène où Don Juan essaie de pousser un pauvre ermite au blasphème. Pourquoi avez vous placé cette scène au début de votre film ?
- Parce qu'il est très important que dans les toutes premières images on s'interroge sur le fait de savoir où est le chemin à suivre. Don Juan demande au jeune adolescent de lui indiquer sa route : « Tout, droit... », répond il, évidemment. Tout droit vers la mort. Et cela renvoie à l'interrogation finale de Don Juan « Où faut il aller ? ». De plus, ce pauvre n'est plus un vieil ermite, c'est ici un enfant, ou un adolescent, parce que la pauvreté de nos jours peut être symbolisée par les enfants qui traînent dans les rues, et par lesquels on peut être sensuellement attiré, parce qu'ils sont beaux. Lorsque Don Juan demande au pauvre, et dans mon film au jeune adolescent, de blasphémer, il se heurte à un refus, et Don Juan lui donne néanmoins une aumône « pour l'amour de l'humanité ». Sans explication. Sganarelle, au milieu du film, reprendra les mots de Don Juan, sans explication non plus. Silence. Un silence qui est l'emblème du film. Le temps est suspendu, sans blasphème. Ce film est un silence d'environ une heure et demie qui ne vient ni jurer ni parjurer, juste dire qu'on va vers la déflagration finale et qu'il peut, sur ce chemin, y avoir de belles rencontres.
- Votre Don Juan semble seul, comme épuisé par le mythe. Vous toussez, buvez beaucoup de vin, mais sans entrain, et vous enchaînez les cafés. Comme dans les Don Juan modernes, le sacré a cédé toute la place au corps et à la maladie. En un mot, vous présentez l'image d'un Don Juan las du monde, des conquêtes.., et bien plus âgé qu'on a coutume de l'imaginer.
- Déjà avec Molière, Don Juan est marqué par cette mélancolie, cette maladie de lassitude, cette « soif d'un immense retirement » comme dirait Montherlant. Je trouve merveilleuse cette phrase de Jean Rousset, « le destin est descendu dans le corps », qui marque très bien ce que nous pouvons maintenant penser de Don Juan. Lorsqu'il a fallu construire le personnage, j'ai d'abord voulu écarter l'image d'un Don Juan jeune et beau garçon pour privilégier le fait qu'il soit « lourd en terre ». Et dans cette façon que j'ai de porter mes 110 kilos, j'ai voulu montrer la nécessité qu'il y avait pour moi à ce que ce rôle soit "descendu", comme on dit au théâtre lorsqu'on occupe pleinement un personnage. J'ai juste trouvé un petit truc d'acteur : j'ai mis des talonnettes pour que mon regard soit légèrement au-dessus des choses et des mots. Pour ce qui est de l'âge, il ne me semble pas que Molière ait jamais représenté autre chose que des questions touchant les hommes dans leur maturité. C'est Musset qui, dans son théâtre, parle des jeunes ! De plus, les spectateurs du XXe siècle ont pris l'habitude de voir un Don Juan dans la force de l'âge avec Jouvet la face du stoïcisme ou Piccoli, alors...
- Pourtant, Don Juan attire les femmes, plus même qu'il n'est attiré par elles. Et c'est l'image qu'on a gardée du personnage. Don Juan devient alors un don-juan. Que pensez vous de cette idée du donjuanisme ?
- Je n'ai pas voulu parler de l'homme à femmes, ni du donjuanisme, mais du fait que cet homme soit aussi naturel que la nature qu'il prône. De la même manière que Don Juan constate la nature et sa propre présence sur scène, je suis arrivé, avec tout mon poids et toute ma présence en disant qu'il en était ainsi. Il y a d'abord une sorte d'errance à travers la mer, le désert, le monde tout entier, une multiplication des chemins possibles qui renvoie à la nature partout où Don Juan la trouve, une nature protéiforme, qu'il trouve belle, et dans laquelle la femme est incluse. Et cette errance le mène à une mort annoncée. Don Juan tousse, dès le début, et ne mourra que du désordre de son propre corps : il cristallise la maladie de la mort telle que Molière l'entend.
- La maison de Don Juan est une ruine habitée et il est à l'image de cette maison... Don Juan est un traître à sa classe ; il a fait la Fronde, puis il l'a désertée. C'est un noble SDF, un homme en fuite. La noblesse est finie, l'État a tout remplacé et Don Juan est plongé dans l'errance. Le monde social est alors irrecevable pour lui, d'où cette errance. Une sorte de parfum de mort l'a atteint au point qu'on peut dire qu'il est un "homme gris", au sens où l'on dit qu'un homme est gris à l'armée quand on sait que le lendemain il mourra au combat. Don Juan a une très grande conscience de cette fin qui est fichée dans son corps : du point de vue social, rien n'est plus possible ; le langage, il en a fait le tour, et son revirement hypocrite. lui même ne l'empêche pas d'aller vers la mort. De quoi est fait ce revirement face à la statue, alors même qu'il est certain qu'il va aller vers elle, qu'il va y passer ?
- Justement, dans votre film, le commandeur est une statue en morceaux, qu'on traîne ou qu'on dispose. Ce n'est pas ici une machine ni un dieu punisseur et ses paroles sont dites soit par des ouvriers soit en voix off (comme si elles étaient pensées par Don loua). Que représente alors pour vous la statue du Commandeur ?
- Dans son Dom Juan, Molière s'affranchit, me semble t il, de l'interprétation mythique, s'en moque ou reste en dehors. La statue m'ennuie prodigieusement, elle n'est, pour moi qu'un élément de ricochet entre Sganarelle et Don Juan. Elle permet d'abord de proclamer qu'il est idiot de se faire édifier une statue quand on est mort ce que dit très clairement Don Juan , puis de démontrer que la naissance d'une croyance, quelle qu'elle soit, peut se faire à partir de n'importe quoi. Et lorsque Don Juan doit bien convenir qu'il y a eu, avec cette statue, une série de hasards et de coïncidences curieuses et improbables, il lui suffit d'affirmer qu'« il y a bien là dedans quelque chose qu'[il] ne comprend pas » Et d'ajouter : « quoi que cela puisse être, cela n'est pas capable de convaincre mon esprit ni d'ébranler mon âme » .On ne peut être plus net que cela. Molière est d'ailleurs très concis sur la statue, il fait court, met en scène l'invraisemblance, se moque de tout cela et construit plutôt sa pièce autour des ricochets, des questions sans réponse, des silences. La statue est beaucoup moins importante, sur le plan dramaturgique, que les discours des frères, du père, ou d'Elvire.
- Quant à la punition divine, on a plutôt l'impression que Don Juan meurt en fait de lui même, comme pris par l'effet de sa lassitude, de sa fatigue et de sa toux maladive.
- Finissons en avec la statue : ce qui a été le plus important pour moi a donc été de résoudre le problème technique de la statue. Molière a eu la nécessité de la machine pour échapper à la censure, s'en moquer, ou contourner la question de manière prodigieuse. Les dévots l'ont bien senti, qui l'ont attaqué, « Ne nous faites pas croire que vous condamnez l'impie, c'est une machine théâtrale qui le condamne. ». Nous n'avons plus, de nos jours, à affronter les mêmes obstacles : nous pouvons dire que la mort est la mort et que la statue est une statue, en construction de surcroît, En aucun cas, il ne s'agit pour moi d'une statue qui parle, mais, on peut tout imaginer quant à ce qui se passe dans la tête de Don Juan et de Sganarelle. Mon idée est que Don Juan ne Croit pas au sacré et se moque de la statue parce que ce n'est qu'une statue. Et, s'il meurt, c'est d'une sorte d'infarctus ou d'embolie pulmonaire. Il meurt du souffle. Son souffle s'affole, sans romantisme, dans une banalité totale, et il finit aussi en acteur, sans voix. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si je fais tousser ce garçon, si je lui fais perdre la voix alors que moi-même j'ai eu la chose la plus terrible au monde, pour un acteur, qu'est la perte phobique de la voix, en jouant Cyrano de Bergerac. Ce géant est blessé dès le départ, il a épuisé sa vie, brûlé ses dernières cartouches, comme le héros de Malcolm Lowry dans Au dessous du volcan. Don Juan, c'est ce consul qui va au rendez vous inéluctable de la mort, en quelques jours, en quelques heures. La fin reste ouverte et il est très important qu'elle le reste. Je ne connais d'ailleurs aucune pièce de Molière qui n'ait pas une fin ouverte et ambiguë.

L'ÉQUIPE DU FILM. : Produit par Gérard Jourd'hui, Dom Juan, un film réalisé par Jacques Weber.
Avec : Don Juan : Jacques Weber, Sganarelle : Michel Boujenah. La participation : d'Emmanuelle Béart, Denis Lavant, Jacques Frantz, Michaël Lonsdale, Pénélope Cruz, Ariadna Gil. Scénario : Jacques Weber. Musique : Bruno Coulais. Montage : Jacques Witta. Image : D. José, Luis Alcaine. Son : Pierre Gamet. Mixage : Vincent Arnardi et Jacques Thomas Gérard. Décors : Claude Lenoir. Costumes : Sylvie de Segonzac. Producteurs exécutifs : Christophe Jounent, Jean Yves Asselin, Mariela Besuievsky. Une coproduction Blue Dahlia Production, France 3 Cinéma, Tornasol Films, Mate Productions, Road Movies Avec la participation de Canal + et de la Sofica Sofinergie 4. Ce film a été soutenu par Eurimages.

----- notes -----
Jacques Weber qui, avec son Dom Juan, signe sa première réalisation pour le cinéma, est avant tout un homme de théâtre. Depuis ses débuts, en 1966, il s'est particulièrement attaché à l'œuvre qu'il a mise en scène et interprétée (L'école des femmes, Le Misanthrope, Tartuffe, Dom Juan). Cyrano sur les planches, il a obtenu le César du meilleur second rôle en jouant De Guiche, à l'écran. Il a tourné dans une trentaine de films, sous la direction de Costa Gavras, Boisset, Buñuel, Jeanne Moreau, Rappeneau...
Christian Biet est professeur d'histoire et esthétique du Théàtre à Paris X Nanterre. Auteur de divers ouvrages, il a notamment publié Les Miroirs du Soleil et Don Juan, mille et trois récits d'un mythe dans la collection Découvertes Gallimard
Jean Marie Laclavetine, auteur de plusieurs romans (En douceur, Demain la veille, Donna Fugata...), est également traducteur d'italien et membre du comité de lecture des Éditions Gallimard. Il a adapté dans la collection Folio le scénario du Dom Juan de Jacques Weber.


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Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

 

 

Ouverture sur les textes argumentatifs

Une autre facette de La Fontaine...

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Texte 2 : L’Ange de mon Démon (2006)

Lecture analytique

Ridan
(1975 en Algérie)

''Heureux qui à '' ...reverrai-je...''
(présenté sous réserve de droits d'auteur)

 

 

Heureux qui comme Ulysse,

 


Heureux qui comme Ulysse,
A fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison ? (Refrain, x2)

Mais quand reverrai-je, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison ?
Mais quand reverrai-je
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province,
Et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour
Qu'ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur
Me plaît l'ardoise fine,
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

(Refrain, x2)

J'ai traversé les mers à la force de mes bras,
Seul contre les dieux,
Perdu dans les marées ;
Retranché dans une cale
Et mes vieux tympans percés
Pour ne plus jamais entendre
Les sirènes et leur voix.
Nos vies sont une guerre
Où il ne tient qu'à nous
De se soucier de nos sorts,
De trouver le bon choix,
De nous méfier de nos pas
Et de toute cette eau qui dort
Qui pollue nos chemins soi-disant pavés d'or !

(Refrain, x2)

Mais quand reverrai-je... (x3)



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Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Comment passe-t-on d'un poème à une chanson d'aujourd'hui ?

 

Ouverture sur le JE et la poésie

Procédés de transposition

 

 

Ouverture sur la vie des auteurs...

 

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Texte 3 : Ma Chère Mélinée, 19/02/1944
(site pcf evry source Internet)

Lecture analytique

Lettre de Missak Manouchian
(1906 - 1944)

De ''Ma Chère Mélinée...'' à ''...ton Mari.''

 

 

 

Ma Chère Mélinée,
ma petite orpheline bien-aimée,

 

 

 

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

 

Manouchian Michel.





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ConclusionRemarque

 

 

Ouverture sur les réécritures

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Réthorique de ''la lettre''

site pcf evry
Lire, voir et entendre...

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Texte 4 : Strophes pour se souvenir (1955)

Lecture analytique

Louis Aragon
(1897 1982)

''Vous n'avez --> en s'abattant''
(présenté sous réserve de droits d'auteur)

 

 

L'Affiche Rouge

 

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni les prières aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux du partisan

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
à la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir adieu les roses
Adieu la ville adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Érivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.



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Étude menée par : 1

Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

Comment passe-t-on d'une lettre à un poème ?

 

Ouverture sur M. Manouchian

Procédés de transposition

 

 

Ouverture sur la vie de l'auteur...

 

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Texte 5 : Pollen (2002) - Incipit

Lecture analytique

Wintrebert J.
(1949-...)

de ''Tu ne tueras...'' à ''...les combattre. '' (avec l'aimable autorisation de l'auteure)

Partie 1


          «Tu ne tueras pas.
          «Tu ne porteras pas la main sur autrui dans l'intention de le blesser.
          «Tu ne verseras pas le sang.»
   C'était la loi de Pollen.
   Sandre regardait le stylet. Une arme affilée, coupante. Il l'avait affûtée avec soin.
   Tu ne tueras pas.
   Il scruta la Citadelle. La porte qui donnait sur les jardins s'ouvrit enfin. Un guerrier en sortit et se mit à courir. Ses pas lourds creusaient le sable des allées. Il ne s'arrêterait qu'à bout de souffle. Sandre frapperait à cet instant.
   Le guerrier pénétra dans le jardin Rouge. Sandre le guettait depuis deux jours. Le cycle de ses foulées était immuable. Bientôt il atteindrait le Jardin Bleu, il s'arrêterait devant la fontaine, épuisé.
   Caché derrière la statue des Mères, Sandre attendait, ses doigts moites sur le stylet. Un tic agitait sa paupière. Tu ne tueras pas. La peur lui serrait la gorge mais sa résolution n'avait pas faibli. Et si mon corps me trahit ? Et si mon bras manque de puissance ? C'est un guerrier que je vais attaquer. Un être d'exception, entraîné au combat.
   Sandre suffoqua. L'odeur des violanthes était insupportable, ce soir. L'antidote de Moray le protégeait-il encore contre les effluves empoisonnés des fleurs-gardiennes ? Sa salive lui semblait un bloc étrange arrêté dans sa gorge. Ses mains fourmillaient. Et s'il tombait, comme tous ceux qui s'approchaient trop près de la Citadelle ?
   Les pas du guerrier sonnèrent sur les dalles mélodiques de l'atrium, enrayés de fatigue. Sandre respirait à petits coups. Ce n'était pas le moment de flancher. Précédée par son lumen qui l'éclairait à pleine puissance, sa proie approchait.
   Tapi dans l'ombre des Mères, Sandre vit le guerrier s'arrêter à l'endroit prévu, prendre appui sur ses genoux pliés, haleter comme s'il était pris de malaise.
   Le premier soir de sa traque, Sandre avait pensé que le guerrier lui échappait, tué par les fleurs censées le protéger. Les guerriers sont immunisés contre les violanthes. En voyant l'athlète s'éloigner d'un pas égal, Sandre avait compris son erreur.
   À l'instant où le guerrier s'arrêta, Sandre se jeta sur lui, perçant tel un guêpion, à l'endroit du coeur. Le guerrier s'effondra. Il râlait.
   Sandre sauta en arrière pour éviter la chute de sa victime. En même temps, il arracha le lumen. Privé de son symbiote, l'animal devint obscur. D'un coup de pied, Sandre l'écarta. Le lumen s'éteignit tout à fait.
   Le guerrier gisait devant la fontaine. Un soupir étrange quitta sa bouche, puis son corps se figea. Sur sa tunique s'élargit une tache, distincte à la faible clarté des étoiles. Sandre se mit à trembler. Figé, l'esprit gourd, la mémoire obscurcie, il essayait de se rappeler les consignes.
   « Assure-toi qu'il est mort, avait dit Moray. Surtout, n'oublie pas le stylet. »
   Sandre gémit. Le stylet! Il s'en était aussitôt débarrassé. Un geste irrépressible. Comment retrouver l'arme, la signature de son crime ?
   Fébriles, ses mains exploraient la terre entre les fleurs. Son coeur battait entre ses lèvres, il allait étouffer.
   « Panique, avait dit Moray, et ce sera comme si tu avais retourné le stylet contre toi. On t'a dressé à ne pas tuer. Après, chacun de nous a voulu se punir. Résiste. Prends le temps de respirer.»
   Sandre s'assit sur ses talons, inspira, expira, et s'aperçut aussitôt que ce n'était pas une bonne idée : l'odeur des violanthes l'accablait, écoeurante, musquée. Il se sentit devenir moite et froid, il s'éloignait de lui-même, au-dessus de lui les étoiles s'éteignirent.
   Il vomit en reprenant conscience, trois longs jets brûlants. Les yeux mouillés de larmes, il s'aperçut qu'il avait déjà commencé à se rendre. On avait inscrit en lui l'horreur de la violence. Il ne parvenait pas à la dominer. Il se souvint des exhortations de Moray.
   « Tu as été conditionné, Sandy. Frappe, et tu seras délivré. Ne laisse pas le doute t'empoisonner. Les scrupules sont stériles. Les guerriers nous volent nos soeurs et nos amies. Nous devons les combattre.»



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Problématique

Axes de résolution

ConclusionRemarque

En quoi ce texte est-il représentatif d'un incipit ?

 

Ouverture sur une question d'entretien

Penser au genre du roman...

 

 

 

Et si le féminin l'emportait sur...

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